Affaire supposée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat

Les présumés coupables ont reconnu les faits, selon le Procureur de la République Dans la journée d’hier, les choses ont évolué dans le dossier de la supposée tentative d’empoisonnement manquée du Président Boni Yayi. Un dossier pour lequel Moudjaidou Soumanou, ancien ministre a été interpelé ce dimanche.

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Un juge d’instruction du Tribunal de Première instance de Cotonou a été saisi, et a écouté les présumés coupables. Pendant  ce temps, le Procureur de la République près le Tribunal de Cotonou, Justin Gbènaméto et le Commissaire central de Cotonou, Louis Philippe Houndégnon, ont animé un point de presse dans l’une des salles d’audience du Tribunal. Objectif : donner officiellement plus de détails sur l’affaire. De leurs interventions on retient quelques éléments. Les présumés coupables dans cette affaire sont : Moudjaidou Soumanou, Dame Zoubérath Kora qui serait la nièce du Chef de l’Etat et le docteur Cissé Ibrahim son médecin spécial. Le présumé commanditaire serait Patrice Talon, un homme d’affaire béninois. Considéré à tort ou à raison dans l’opinion comme un proche de Yayi (il aurait financé son élection en 2006 et 2011), les relations entre les deux hommes se sont dégradées avec l’affaire Pvi-ng (Programme de vérification des importations de nouvelle génération). Talon est, pour précision, le promoteur de la Société Bénin Control chargée de la mise en œuvre de cette réforme portuaire. Selon les propos du Procureur, la mission de  Dame Zoubérath Kora est de faire consommer au Président de la République des produits contenant des poisons qu’ils devraient substituer à ceux qu’il a l’habitude de prendre. La récompense : un milliard de Fcfa pour chacun. Le ministre Moudjaidou et le docteur Cissé Ibrahim auraient reconnu les faits. Un peu plus tard dans la soirée d’hier, des heures après cette conférence de presse, des sources concordantes ont rapporté que les présumés coupables ont été mis sous mandat de dépôt (détention préventive) après avoir été écoutés par le juge d’instruction. Lisez, ci-dessous, l’intégralité des explications fournies par le Procureur et le Commissaire central de Cotonou.
Léonce Gamaï

Justin Gbènaméto, Procureur de la République

« Les intéressés ont été interpellés en raison des faits suivants : Le mercredi 17 Octobre dernier d’après les déclarations faites par les uns et les autres, lors du séjour du Chef de l’Etat à Bruxelles, sa nièce qui l’accompagnait, la nommée Kora Zoubérath aurait été contactée et invitée dans un hôtel où logeait Monsieur Patrice Talon. Ce dernier a réussi à convaincre la Dame Zoubérath Kora pour qu’elle administre au Chef de l’Etat des produits qui lui seront remis par le médecin spécial du chef de l’Etat, à savoir le docteur Cissé Ibrahim, produits qui seront substitués aux produits qu’il a l’habitude de  prendre. Elle devrait accomplir cette mission contre la somme de un (1) milliard de franc Cfa . M. Talon n’a pas hésité à inviter  aussi le docteur Cissé, qui a suivi en même temps les pas de Zoubérath pour rejoindre Monsieur Talon dans son hôtel et la même proposition lui a été faite. Revenus à l’hôtel, aucun des deux n’a informé le Chef de l’Etat jusqu’à leur retour à Cotonou. A leur retour à Cotonou, le 19 octobre dernier, Monsieur Soumanou Moudjaidou, ancien ministre a apporté les produits au docteur Cissé.Les produits sont venus par le vol Air France de ce jour là  et c’est le ministre Moudjaidou qui est allé récupérer les produits à l’aéroport. Une fois récupérés, il les a remis au docteur. Heureusement, le résultat n’a pas été atteint parce qu’entre temps, la dame Kora Zoubérath a commencé par en parler à certaines personnes, à sa sœur  notamment, et ce sont ces personnes informées qui ont averti le Chef de l’Etat. Et à l’heure où nous sommes (environ 16 heures, Ndlr), ils sont devant le juge d’instruction, c’est le juge d’instruction qui décidera de la suite. Dans tous les cas, le parquet a requis leur inculpation pour association de malfaiteurs et tentative d’assassinat.  Le docteur Cissé entendu a reconnu tous ces faits et l’ancien ministre Moudjaidou Soumanou il a également reconnu les faits.»

Des interrogations et des inquiétudes sur le scénario

« Le scénario du plan d’empoisonnement du Chef de l’Etat tel que décrit par le Procureur de la république et le Commissaire central de Cotonou hier au tribunal n’a pas manque de susciter des inquiétudes et amène à s’interroger. Si on s’accorde à reconnaître avec le Procureur que ce dossier, encore en instruction, demande un minimum de discrétion, il n’empêche guère de s’interroger sur le la forme du scénario.

De la thèse des produits importés

Selon le Procureur de la république et le Commissaire central, ces médicaments  toxiques proviennent de l’Europe et ont été réceptionnés à l’aéroport de Cotonou par le sieur Moudjaïdou Soumanou. Thèse plausible. Mais on se demande comment ces produits ont pu traverser aussi facilement les aéroports de l’Europe et surtout de Paris où ils auraient  été envoyés. Dans les aéroports de Paris, les contrôles sont assez rigoureux et aboutissent souvent à l’interdiction de vol de tout produit du genre. Seuls ceux qui n’ont pas été en France peuvent imaginer à ce niveau que les choses sont aussi faciles. On peut aussi se demander comment des produits aussi toxiques aient pu traverser notre aéroport où on dit y avoir installé des scanners et où l’Ocertid a un poste de contrôle des stupéfiants et des substances prohibées. 

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De la nature des produits

Les médicaments présentés sont-ils des poisons ou des produits toxiques ? Les affirmations des présumés coupables suffisent-elles pour affirmer de façon péremptoire comme le commissaire Houndégnon qu’ils sont des poisons ou des produits toxiques? Le Commissaire est-il un pharmacologue ou un biochimiste pour venir démontrer la toxicité des médicaments ? Pourquoi ne pas confier ce travail à un technicien qui se base sur des résultats d’analyses de laboratoire pour parler ? Pourquoi ne pas attendre le résultat de ces analyses avant de parler ?

Autant de questions qu’on se pose ici. Comme d’ailleurs on se demande comment certains canards de la place ont-ils pu décrire le scénario exact, tel que la font  le Procureur et le Commissaire central, bien avant ce point de presse ? Comment peut-on expliquer une telle coïncidence ? Comment peut-on croire à la sincérité des dépositions de personnes très proches du Chef de l’Etat comme sa nièce et son médecin personnel ? Comment ? Et le béninois lambda s’interroge sur ces sujets.
Marcel Zoumènou

Louis Philippe Houndégnon, Commissaire central de Cotonou

« Voyez cette plaquette (il la brandit, Ndlr), au niveau de la face basse; là, il y a une pellicule blanchâtre sur ces plaquettes. Ce produit  auraient été donc  substitué à un poison  pour donner immédiatement  la mort  à celui qui va en faire usage .Contrairement à ces produits dont les couleurs sont diversement orientées, la couleur rougeâtre domine et cette couleur rougeâtre est coagulée ça veut dire que le produit est suspect, il contient des poisons et il faut des analyses biomédicales pour  bien connaître. Ces poisons auraient probablement été préparés pour donner la mort au Chef de l’Etat dans la nuit du samedi passé…»

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