Gouvernance économique et politique au Bénin : beaucoup de limogeages mais rien n’a changé

(Radioscopie des limogeages sous Yayi) Depuis 2006, le Chef de l’Etat limoge à tout va mais rien ne change fondamentalement. Le nouveau promu, a à peine le temps de se pavaner, d’exécuter quelques basses besognes pour son patron qu’il tombe aussi dans les nasses de la mauvaise gouvernance.

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Il reçoit quelques sanctions administratives. Un limogeage tout au plus mais, jamais personne n’a rendu gorge. Les milliards du pays, s’en vont en fumée. Panorama.

Le Chef de l’Etat ne devrait pas être trop loin de figurer dans le Guinness des records. S’il n’y est pas encore c’est simplement parce que les auteurs de ce document de référence n’ont pas encore pensé aux limogeages fantaisistes et saugrenus. Et Dieu sait que depuis 2006, le Chef de l’Etat en a fait. C’est à peine exagéré de dire qu’il a commencé son premier quinquennat avec les limogeages aux allures insolites pleins de mystère et qui laisse souvent un coup d’inachevé. Mystère parce que dans la plupart des cas, les raisons, les vraies, ne sont pas connues. Et si elles sont connues, elles laissent toujours perplexes bon nombre de béninois. Inachevé, parce qu’on ne dépasse guère cette étape. Jamais de poursuite judiciaire, encore moins d’opération « rendre gorge » ou encore d’audit fiable pour connaître le montant des ressources publiques gaspillées. C’est Colette Houéto qui avait ouvert la valse des limogeages. Fraîchement nommé Président de la république, Boni Yayi avait fait d’elle son ministre de l’enseignement primaire. Quelques mois à peine après sa nomination, elle sera limogée. Sa faute ? On l’apprendra après, elle a osé nommer son « DC » sans obtenir l’aval du Chef.  Le deuxième, c’est Alexandre  Dossou Kpèdetin. Cet affable ministre des travaux publics sera limogé lui aussi quelques mois après.  C’est le limogeage le plus mystérieux. Aucune faute officielle. Selon des indiscrétions, il  a été absent  à un conseil des ministres convoqué un dimanche pour aller, en chrétien bon teint, à l’église. Le troisième est Gaston Dossouhoui limogé  pour la campagne cotonnière 2007-2008. On se rappelle dans le temps, les hélicoverpa, ces insectes parasites avaient détruit les champs de coton et sapé la campagne après que le gouvernement y ait investi plus de 14 milliards.  Le successeur de Alexandre Dossou Kpèdetin s’appelle Richard Sènou. Lui aussi ne connaîtra pas une longévité au poste très convoité par les coteries religieuses qui ont commencé à entourer Yayi. Un certain Armand Zinzindohoué-dont on pouvait savoir qu’il n’avait pas un casier judiciaire vierge- qui devient  le ministre des travaux publics, coopté par sa famille religieuse. Le reste des limogeages ne fait pas exception à la règle. Tout est fait au gré de l’humeur du Chef. Dans la précipitation parfois. Ainsi limogera-t-on des responsables du Cic juste parce qu’il y a eu une coupure d’électricité alors que le Chef de l’Etat y était. On se rappelle bien que c’est le piétinement des travaux du péage d’Ahouicodji qui emportera Richard Sènou. Une simple visite sur le terrain a suffi pour que son sort soit scellé. Beaucoup de zèle et au finish, le peuple n’en tire pas grand-chose sinon que c’est des milliards du pays qui s’envolent.

Epée de Damoclès sur bons et loyaux serviteurs

Hormis les tous premiers limogeages de Yayi qu’on peut mettre sur le compte de ses zèles de néophyte, les derniers limogeages du Chef de l’Etat, ceux de la fin de son premier quinquennat et du début de celui-ci répondent au même principe. Les limogés le sont après une période de zèle, d’exhibitionnisme et après avoir accompli de basses besognes. Le cas le plus spectaculaire est celui de  Armand Zinzindohoué. Nommé pour conduire les grands chantiers du pays, il s’est mué en un griot. Si bon qu’on dirait qu’il est sorti des écoles mandingues. Il a réussi à se faire une place au soleil en passant son temps à louanger son chef. Il en était devenu si servile que beaucoup n’hésitent pas à raconter qu’il déifiait son chef qu’il rassasie de génuflexions, même en public. Puis un matin, le même patron le fait coffrer après lui avoir dit sa déception et son implication dans l’affaire Icc. Sort identique pour Georges Constant Amoussou, ancien procureur général, aujourd’hui embastillé à Akpro-Misreté. Il a été aussi accusé de faire obstruction à un processus judiciaire contre les responsables de Icc-services dont il serait le conseil juridique. Vérité ou intox ? Pourtant, quelques mois auparavant, le même monsieur était l’homme-lige du pouvoir dans l’appareil judiciaire et a conduit, de façon presque inhumaine, le processus de l’emprisonnement de Simon Pierre Adovèlandé et de bien d’autres pour les beaux yeux du patron. Autre limogeage retentissant, celui de l’ex- ministre des finances Adidjatou Mathys, limogée quelques jours après avoir défendu publiquement dans une apologie épique que Yayi ne percevait ni salaire, ni autres indemnités de l’Etat. On raconte qu’elle aurait des pots de vin d’un opérateur économique pour entériner le décaissement de plusieurs milliards des caisses de l’Etat. Edouard Ouin Ouro et Joseph Ahanhanzo connaîtront aussi leur « passion » comme le Christ. Ils seront aussi limogés pour avoir reçu des pots de vin chez un autre opérateur économique. Il faut les revoir des jours à l’avant, proclamer partout les qualités de Boni Yayi dont ils étaient des apôtres dévoués. Tous, ils ont connu la gloire et la lumière puis les ténèbres. Un à un, les bons et loyaux serviteurs de Yayi tombent. D’autres prennent leurs places et continuent les mêmes œuvres sordides. Les milliards de nos ressources partent en fumée. Mais personne ne saura jamais le montant des fonds qu’ils ont grugés. Aucun prévaricateur n’a connu la prison. Aucun n’a rendu un seul kopeck à l’Etat. Dans le dernier limogeage, que sont devenus les 20 milliards du projet de couverture intégral du territoire par la télévision et la radio ? Mais le limogeage de Akpaki a éclipsé tout.  Et pourtant, le Bénin s’est doté d’une loi contre la corruption. Tout se gère avec des amis (politiques) et des parents qui viennent s’enrichir et repartent tranquillement après un limogeage. Le pays se gère ainsi. Comme une épicerie hélas !

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