Malgré l’implication du gouvernement, l’organisation du Hadj au Bénin est toujours sujette à des cafouillages et des dysfonctionnements. Déjà, des groupes de convoyage, pourtant autorisés au départ, sont entrain d’être bloqués.
D’autres sont carrément écartés. C’est le cas du groupe Imam Mokhtar dont la responsable El Hadja Mouïnath Salami invite le Chef de l’Etat à prendre ses responsabilités.
L’organisation du Hadj 2012 suscite déjà des contestations. Alors que le gouvernement croyait avoir si bien fait en s’immisçant dans son organisation, des cafouillages surviennent déjà. Et plus grave des exclusions. Le groupe Imam Mokthar en a été victime de façon méchante. Il a été exclu du Hadj 2012. C’est le ministre des affaires étrangères Nassirou Arifari Bako, coordonnateur du comité d’organisation du Hadj 2012, qui l’a dit. Au cours d’une conférence de presse donnée le samedi dans son ministère suite au mouvement d’humeur de quelques pèlerins la veille, le ministre Bako a affirmé qu’aucun groupe de pèlerins ne partira, tant que le gouvernement n’aura pas fini son quota avec Ethiopian Airlines. Il a aussi affirmé que le groupe Imam Mokhtar est exclu. Le groupe Moktar, c’est celui de El hadja Mouïnatou Salami, la doyenne des convoyeurs au Bénin. Depuis 48 ans, cette brave dame a blanchi sous le harnais et tout semble lui marcher jusqu’à ce samedi quand Bako a parlé. Selon le ministre des affaires étrangères, ce groupe aurait été exclu par les autorités saoudiennes. Le ministre invitait par la même occasion les responsables de ce groupe à faire prendre par d’autres groupes ses 275 pèlerins. Au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée hier dans son domicile à Porto-Novo, El hadja Mouïnath Salami a dit toute sa stupéfaction d’entendre cela. Au prime abord, elle clarifie pour membres de son association venus nombreux, qu’elle n’a rien de grave et que la faute dont parle les gens n’est rien d’autre que les lenteurs des l’établissement des formalités administratives. Elle ajoute que « le ministre Bako ne l’a jamais appelé pour lui notifier cela » et que c’est déplorable que cela soit ainsi. Elle fustige la contradiction du gouvernement qui a pourtant donné des autorisations de convoyage à son groupe et aux trois autres. Autre contradiction relevée, elle s’étonne que l’Arabie Saoudite qui a délivré des visas à tous ces pèlerins puisse le faire. Que signifie le visa si ce n’est pas une autorisation pour venir sur le territoire saoudien. Chose curieuse, elle dit avoir lancé des appels à la Mecque où des responsables lui ont affirmé ne pas avoir connaissance d’une telle exclusion car tous les 4.000 pèlerins annoncés par le Bénin ont reçu leurs visas. Mais le ministre Bako a bloqué tous les passeports des pèlerins et les empêche de voyager. Elle se demande si le problème ne se situe pas au niveau du ministre des affaires étrangères qui empêche ainsi pour des intérêts inavoués des centaines de pèlerins de faire un exercice de dévotion et de volonté. Elle se demande si elle est si médiocre pour avoir fait voyager le père du ministre Bako pour aller à la Mecque. C’est un complot ourdi par le comité d’organisation pour l’écarter alors qu’elle a pris trop de risques pour Yayi.
Des soulèvements en vue
Le samedi déjà, un autre groupe avait réagi. Selon Saliou Latoundji, le blocage des vols affrétés et l’empêchement de voyager des pèlerins est un acte injuste. Selon lui et ses camarades, les clauses de la réunion du 25 Août certifie que 13 groupes de convoyeurs ont choisi de voyager avec l’avion du gouvernement alors que les 9 restant ont simplement choisi d’utiliser les vols réguliers des compagnies. Aujourd’hui, le gouvernement semble faire fi de tout ça après que toutes les dispositions soient prises et des avions affrétés à coups de millions. Qui va payer ces manques à gagner? se demande El hadja Mouïnath. Selon eux, le gouvernement n’a pas le droit de le faire, puisqu’ils n’ont pas signé le cahier de charges et ont informé qu’ils ont d’autres possibilités de voyage que le gouvernement a bien accepté. Depuis la semaine dernière, plusieurs pèlerins sont empêchés de monter à bord des vols réguliers pour aller à la Mecque par une confiscation de leurs passeports. Certains n’hésitent pas à affirmer que le gouvernement fait tout cela pour gagner assez d’argent, car le coût de 1,9 million proposé par pèlerin est plus cher que celui des autres groupes. Le ministre Bako passe lentement à côté de la mission que le Chef de l’Etat lui a confiée de faire voyager tous les béninois et sème ainsi la confusion dans l’organisation du Hadj en associant le comité d’organisation animé d’une grande cupidité et de gens en mal de vengeance.