Gouvernance : La Dignité humaine, un concept évolutif

Nous avons eu le plaisir de lire notre consœur et aînée, Madame Adélaïde Fassinou Allagbada, dans sa dernière opinion. Elle expliquait les manifestations du concept de dignité, et son contraire, dans la vie citoyenne.

Publicité

Cela nous a interpellé et nous avons souhaité apporter de l’eau à son moulin par cet éclairage. Comme l’a si bien défini notre consœur, avec le Larousse, « la dignité est l’attitude d’une personne qui inspire respect par son comportement, son attitude, qui mérite d’être honorée, par ses qualités, sa contribution au développement de sa nation, du monde ».

Il ne s’agit pas nous de réexpliquer le concept, ni de faire les mêmes commentaires sur certains « comportements locaux » qui relèvent plutôt de l’indignité, et qui font honte à tout une nation.

Il s’agit plutôt de préciser les contours d’un concept évolutif (1ère partie), tout en le mettant en débats (2ème partie), pour l’émergence de nouvelles attitudes positives dans la vie citoyenne, surtout locale.

L’actualité récente de ce pays (convocations, citations, comparutions, harcèlements de journalistes, comportements des politiques) tend à montrer que le concept de dignité humaine ne prend pas toujours le même sens en fonction des sociétés qui se l’approprient, des circonstances historiques et sociales.

Publicité

La racine latine du mot dignité,  «dignus», signifie «ce qui mérite l’estime et l’honneur à qui ou à quoi on doit un certain respect ». Il s’agit alors essentiellement de reconnaître une place à part entière dans la hiérarchie sociale à une personne, par exemple en raison de sa fonction ou de son titre qui le distingue du reste des hommes.

Cependant, même s’il est vrai que la lecture de cette notion a évolué au cours du temps, on n’en retrouve pas moins certains éléments communs de définition.

Ainsi, Cicéron pensait que la dignité était ce qui oppose l’homme à l’animal ce qui, en substance, signifie que la dignité concerne tout être vivant appartenant à l’espèce humaine, faisant de celle-ci une valeur absolue, que l’homme ne peut pas perdre.

Kant, quant à lui, est celui qui a le plus clairement exposé le principe de dignité humaine. Il pensait que la «nature rationnelle» de l’homme fonde sa dignité, ce qui implique que chacun doit respecter les êtres humains. Dans sa définition, la notion d’autonomie est fondamentale : la liberté est intimement liée au principe de dignité humaine, car sans elle, la vie de l’homme serait indigne et «bestiale». Pour résumer sa pensée, nous le citons : «Agit de sorte à traiter l’humanité que ce soit dans ta propre personne ou dans celle d’un autre, toujours comme une fin et jamais seulement comme un moyen.»

Ce concept éthique sert de base au concept juridique de dignité humaine, qui transparaît dans de nombreux textes nationaux et internationaux, tels que la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, la Charte des Nations-Unies, ou encore le Préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.

Par ailleurs, la présence de l’idée de dignité humaine dans des proverbes africains, Ouolof par exemple, nous montre bien qu’il s’agit d’une préoccupation universelle. Toutes ces réflexions vont effectivement dans le sens d’une égalité entre les hommes, établissant la dignité humaine (la valeur de l’Homme) comme « la chose la plus précieuse au monde » (Credo de la Jeune Chambre Internationale).

Cependant, des interprétations factuelles, issues de nos observations participantes et de l’analyse de la vie locale, nous poussent à penser qu’il s’agit d’une valeur évolutive, variable selon les sociétés (Occident et Afrique) et les époques (hier et aujourd’hui).

Sans vouloir citer une kyrielle d’exemples que vous connaissez mieux que nous, et là nous interpellons tous les citoyens d’ici et là, nous allons ajouter que la question de la dignité est une question cardinale qui se doit d’être constamment présente dans nos esprits afin de toujours transparaitre dans nos comportements.

Par exemple, au Moyen-âge, on brûlait des personnes pour hérésie quand ils allaient à l’encontre des dogmes de l’Eglise Romaine. Aujourd’hui, le Vatican peut «souffrir en silence» que Dan Brown écrive et publie à des millions d’unités, son best seller «Da Vinci Code».

Ce sont d’autres schémas de pensée qui permettent des interprétations diverses et variées de la dignité humaine. La notion de dignité humaine n’a pas fini de  nous rassembler, ni de nous faire réfléchir.

Par Rock YEYE
(Diplomate et Analyste de formation, Consultant  et Ecrivain)

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité