Haro sur le gaspillage au Bénin!

Le hasard du calendrier m’a amené ce matin dans un ministère de la place.  J’avais accompagné un ami qui devrait rendre visite à un cadre de ce ministère pour affaire le concernant. Je n’avais d’autre possibilité que de l’attendre dans la cour du ministère le temps qu’il finisse son entretien. Je m’assoie sur une moto, non loin du poste de contrôle où des vigiles, en manque d’occupation devisaient allègrement.

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Après quelques minutes passées à me morfondre, je vis descendre des escaliers qui donnent sur l’entrée principale du bâtiment un agent du ministère, un« cadre », m’a-t- on confié après. C’était un homme élancé, vêtu d’un costume blanc sur une chemise blanchâtre sans cravate. Aussitôt descendu, il fit signe à son chauffeur de venir. Ce dernier qui avait garé non loin de là, demarra un véhicule de luxe, de couleur bleue de marque …, Mais quelques trente secondes après, un homme sort d’un autre bâtiment du ministère, en jeans. Notre cadre attend, comme s’ils se sont fixé rendez-vous.  « Son » véhicule était immobilisé à côté de lui avec une immatriculation provisoire. Les deux se mettent à discuter.  Cinq, dix, vingt, trente minutes, la discussion continue toujours. Pendant, ce temps, le véhicule est toujours en marche. Le moteur vrombissait dans un bruit à peine audible. Notre « cadre », la main gauche posée sur le véhicule bavardait avec son ami. Quarante minutes passèrent. Le véhicule est toujours en marche. Et c’est maintenant qu’il demande à son chauffeur d’ouvrir la portière. Il montre à son ami le confort de son véhicule. Sur son ordre, le chauffeur appuie sur des touches de commande et les portières et la malle arrière du véhicule s’ouvrent. Le visiteur félicite chaleureusement son ami pour avoir trouvé une telle position dans l’administration publique. Les deux entrèrent dans le véhicule  qui démarra enfin cinquante deux minutes après son démarrage. Je fus abasourdi. Debout, des idées traversèrent mon esprit. Je me demandai quelle est la place du patriotisme dans notre pays. Nous arrive-t-il de nous soucier des maigres ressources de l’Etat béninois ? Nous arrive-t-il d’avoir un peu pitié pour l’Etat et pour nous-mêmes ? L’administration publique se fait la championne du gaspillage des ressources de l’Etat. Il me revient aussi souvent des histoires d’agents qui viennent dans leur bureau le matin, allument climatiseur et lumière et en ressortent quelques minutes plus tard en laissant tout cela allumé. J’ai pu aussi tomber sur des agents qui utilisent le téléphone de leur bureau pour gérer des cas personnels, discuter des affaires de famille, ou pour causer avec un cousin ou même une maîtresse. On raconte aussi des histoires insolites sur des agents qui ramènent à la maison bics, fournitures de bureau, papiers hygiéniques, insecticides… à la maison. Les plus cupides et courageux amassent le butin et s’en servent pour ouvrir un petit commerce pour leurs épouses ou enfants.  Tous les jours, les lampadaires restent allumés en plein jour à Porto-Novo. Dans certains quartiers, il y a même des lampadaires « terminator » qui ne s’éteignent jamais. Personne ne semble se soucier du gaspillage d’énergie électrique que cela constitue. Par contre, on est prompt à dénoncer les factures d’électricité dont on trouve les montants toujours exorbitants.

Au finish, je me rends compte que la mauvaise gouvernance politique du pays depuis 1960 a tiré ses racines de nos habitudes, de nos mentalités, de notre esprit « béninois » basé sur l’égoïsme, la recherche de l’intérêt personnel et l’appât du gain. Je me demande s’il ne faut pas « corriger » la tête du béninois et cesser de voir partout l’échec politique là où il n’y a que l’échec du béninois tout court.

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