Poursuite et arrestation fréquentes de certaines personnes au Bénin : la chasse aux sorcières a-t-elle commencé

Au Bénin, mieux vaut rester « bouche cousue » que de chercher à critiquer le pouvoir. Tous ceux qui  ont osé critiquer ces derniers jours le gouvernement l’ont appris à leurs dépends. C’est le cas de Pascal Todjinou jeté en prison.

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Etrange destin que celui de Pascal Todjinou ?! Mardi, on l’a tous vu aux négociations Gouvernement/ Syndicats avec sa verve et son humour. On l’a entendu dire que cette négociation est du pipeau et que la montagne a accouché d’une souris. Quelques heures après, le voilà prisonnier. Les choses sont allées si vite dans la République qu’on se demande si c’est le Bénin des lenteurs et des tergiversations. Le soir même de ce mardi, il sera arrêté à cause de son véhicule qui a fait un petit choc. Hier, il a été présenté au Procureur de la République qui a décidé de le mettre en détention préventive. Ce sort, Lionel Agbo pourrait aussi le connaître. L’avocat a aussi des ennuis judiciaires ces derniers jours-ci après s’être adonné à l’exercice, facile pour lui, de critiquer la gouvernance du pays. Les assignations sont tombées sur lui comme des gouttes de pluie. L’un et l’autre, ces deux personnages font partie de la nouvelle race de Béninois à faire disparaître. Dans cette race, on trouve des hommes politiques, des syndicalistes et des acteurs de la société civile qui n’ont pas encore vendu leur conviction et leur dignité sur l’autel des intérêts, des arrangements et du mercantilisme.  Dans une telle République, celle qui se met progressivement en place dans le pays, les voleurs de milliards, les prévaricateurs endurcis et autres sont mieux que ceux qui osent critiquer pour donner leur point de vue. C’est eux qu’on appelle les donneurs de leçon. On se rappelle qu’il y a de cela quelques jours,  le ministre de l’intérieur Benoît Dègla a mis en garde « ses donneurs de leçon ».

Excès

Pour bon nombre de béninois, c’est pour la première fois qu’ils entendent parler d’arrestation d’un individu pour un petit choc. « C’est excessif, il doit avoir quelque chose en dessous », entend-t-on un peu partout. Et même s’il existe une loi qui parle de cela, on se demande vraiment si ce n’est pas la première fois qu’elle est appliquée avec cette rigueur. Alors, on peut comprendre  qu’on est face à une application sélective de la loi. Le mis en cause est un syndicaliste qui a la dent dure contre le gouvernement. A partir de ce moment, on peut lui appliquer la loi dans toute sa rigueur. Pour les autres, rien.  Tout se passe comme si le gouvernement a déclenché une chasse aux sorcières contre tous ceux qui osent s’opposer à son régime et qui le critiquent. Agbo, Todjinou et bien d’autres sont apparemment victimes. Selon les coulisses de ces arrestations, les policiers reçoivent des instructions pour procéder ainsi. D’ailleurs, ils ne s’en cachent plus trop. Mardi soir par exemple, les policiers auraient affirmé qu’ils agissaient sur instruction de gens haut placés. L’objectif est d’installer une sorte de psychose dans le pays et dissuader tous ceux qui ont l’intension de  s’adonner à cet exercice devenu hélas très dangereux par ici.

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