La tendance à la « marchandisation des actes de la police nationale »

Au niveau de presque tous nos carrefours, nous retrouvons des hommes en uniforme qui assurent dit-on des missions de sécurité. A la vue du citoyen, c’est une ruée sur lui sans quelquefois le moindre signe de respect. On veut coûte que coûte relever une contravention pour se livrer à des négociations.

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On invente même des contraventions alors même qu’en la matière, la tentative n’est pas punissable. On évoque par exemple comme contravention : la tentative de passer au feu rouge, la tentative du non respect du sens giratoire, la mauvaise conduite, l’utilisation du portable au volant  alors même que le conducteur a son casque à l’oreille, la défectuosité des phares alors même que ces dernières sont allumées, le frein à main non fonctionnel alors que le véhicule s’immobilise lorsque le frein à main est actionné…

Il arrive même que l’agent en uniforme refuse de dire la vérité lorsque le citoyen fait recours à son supérieur hiérarchique. Dans le vil dessein de vous soutirer obligatoirement  les fonds, on ne joue plus son rôle de police préventive. On ne fait même  plus de différence entre les contrôles. On contrôle tout jusqu’au langage du citoyen. Quelquefois, c’est sous un arbre qu’on invite le conducteur à se présenter alors même que la règle exige que ce soit l’agent de police qui s’approche de vous…

Cette situation qui s’aggrave dans nos villes semble faire de nos policiers des « bourreaux » et non des citoyens ayant prêté serment pour nous protéger. La conséquence est que les échanges entre les citoyens et les agents de police se caractérisent souvent par une violence verbale. Dans cette situation, le citoyen ne cherche plus à écouter l’agent de police qui est pourtant un agent assermenté de la République.  Pour le citoyen, aujourd’hui tout se termine par « l’argent » avec certains agents de la police nationale. Toutes choses qui s’apparentent à une marchandisation des actes de police. Il arrive même que n’ayant rien trouvé comme contravention, certains agents de notre police nationale ne se cachent même pas pour demander sans honte et sans respect pour l’uniforme de la République de « leur trouver quelque chose ». On demande clairement et sans ambages de l’argent au citoyen et cela, au vu et au su de tout le monde.

Non ! Notre police ne saurait continuer avec cet état des choses.

N’est-ce pas ce qu’ont refusé les conducteurs et les transporteurs  en déclenchant la dernière fois une grève de 72 heures. Mais ce qui est bien triste dans cette affaire de grève des conducteurs est la raison évoquée par les syndicats. Les responsables syndicaux des conducteurs dénoncent le refus des forces de l’ordre de se conformer à la décision du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité  Publique et qui concernait le rançonnement des conducteurs sur les voies. Selon ces derniers,  les conducteurs continuent d’être soumis à des tracasseries de toutes sortes sur les axes routiers. On parle dans un secteur paramilitaire de rançonnement et de non respect de la décision de l’autorité. On le dit haut et fort sans savoir que c’est toute une institution qui est visée.  Cela devient à notre avis très grave si notre police nationale est arrivée à ce point.

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Il faut forcément discipliner nos jeunes agents de police de nos villes pour que la confiance renaisse avec les citoyens qu’ils ont prêtés serment de protéger. Les mécanismes existent. Il suffit de renforcer les structures d’inspection et de contrôle, de les doter des moyens nécessaires et d’indiquer au citoyens les mécanismes de saisine de ce corps de « contrôle et d’inspection » pour redonner confiance au peuple qui commence à ne plus se retrouver dans la mission régalienne de notre police nationale.

Vivement que notre Police Nationale prenne ses responsabilités pour être une Police Républicaine, c’est-à-dire une police qui est à la disposition du peuple et non des « hommes » qu’ils soient au pouvoir ou non.

Serge PRINCE AGBODJAN
Juriste

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