La mauvaise gestion des infrastructures portuaires réalisées dans le cadre du premier compact Mca pourrait faire perdre au Bénin son éligibilité au second compact.
Le Mca (Millenium Challenge Account) est un programme d’aide étrangère de l’Etat américain à l’intention des Etats en voie de développement dans le monde. Le Bénin a bénéficié du premier compact dénommé Mca-Bénin avec un montant d’un peu plus de 300 milliards de Fcfa. Ce premier compact a été mis en œuvre sous quatre volets que sont l’accès aux services financiers, l’accès au marché, l’accès à la justice et l’accès au foncier. 90 milliards des 300 milliards ont été investis au port autonome de Cotonou dans la construction d’infrastructures portuaires. En séjour au Bénin , en octobre 2011, quelques semaines avant la fin du premier compact pour constater de visu les réalisations, le Président directeur général du Millénium challenge corporation (Mcc), Daniel W. Johannes, avait « déclaré qu’au Bénin, le Mca a trouvé un bon partenariat », pour marquer sa satisfaction. Quelques semaines plus tard, le Bénin a été déclaré éligible au second compact avec 11 points sur 2O. Mais si rien n’est fait pour pérenniser les infrastructures Mca au port de Cotonou, le Bénin risque de perdre cette éligibilité. Et l’indiscipline des acteurs portuaires laisse à désirer quant à la pérennisation de ces infrastructures. C’est ce qu’on retient de la séance que le chef de l’Etat a tenu avec les autorités américaines et les responsables Mca-Bénin lors de sa descente au port. C’était en fin de la semaine écoulée.
Attention danger !
Les 90 milliards investis au port de Cotonou constituent « l’investissement le plus important que le Mca a réalisé au Bénin et le deuxième plus important dans le monde », a reconnu Samuel Batcho, le coordonnateur du Mca-Bénin à nos confères de la télévision nationale (Ortb). Cette déclaration, il l’a faite après une séance que le chef de l’Etat a tenue avec les acteurs du port sur la situation de ce poumon de l’économie béninoise, samedi dernier. « La durabilité des infrastructures réalisées dans le cadre du Mca tient à coeur aux autorités du Mca et celles américaines », a martelé, à la même télévision, Michel Raynor, Ambassadeur des Etats-Unis au Bénin au cours de la séance du port. Il s’agit de la conformité du port avec les normes internationales, notamment la sécurité et la compétitivité, a ajouté le diplomate américain. Pour ce qui est de l’état actuel du port, « c’est une question de discipline des acteurs portuaires (transitaires, transporteurs etc) qu’il faudra régler », a suggéré Samuel Batcho. Deux dangers guettent le Bénin si la discipline n’est pas instaurée pour une meilleure gestion des infrastructures. Primo, le pays risque de perdre son éligibilité au second compact Mca. Secundo, il y a le risque de la baisse de l’affluence des navires en direction du port de Cotonou. « Le port doit désormais fonctionner conformément aux exigences de fonctionnement et de compétitivité. L’inquiétude des autorités du Mca est que lorsque les gardes côte seront au Bénin le 06 novembre 2012, ils doivent pouvoir décider de la conformité du port aux normes Ipsp (une norme internationale de sécurité) », a renseigné Samuel Batcho a l’issue de la séance de ce samedi au Palais de la Présidence de la République. Selon ses explications, si les gardes côte constatent la non conformité du port avec la norme Ipsp, les navires en partance de Cotonou pour des ports européens et américains feront l’objet « d’une inspection très rigoureuse ». Ce qui va créer un problème de lenteur. Le Bénin ne pesant pas dans le commerce international, les navires vont se diriger vers d’autres ports.
Proactivité
« Nous allons prendre des dispositions pour l’avenir et mieux nous organiser. Les investissements seront pérennisés», a rassuré le président Boni Yayi lors de la séance tenue en fin de semaine au port de Cotonou. Avant de s’engager à prendre « personnellement en main le dossier ». Ce samedi, il a tenu au Palais de la présidence de la République une autre séance avec des responsables portuaires et ceux de Mca-Bénin. Objectif : se pencher sur l’application de la nouvelle procédure de gestion des entrées et sorties au port de Cotonou. Cette procédure a été élaborée, apprend-on, avec le concours du coordonnateur du Mca-Bénin, Samuel Batcho.
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