Mathieu Kérékou à la loupe

En bien ou en mal, l'homme a marqué à jamais l'histoire de notre pays. Mathieu Kérékou, le chef qui incarne mieux que tous les autres la révolution de 1972 dans notre pays, est au coeur de toutes les évocations à la faveur du 40ème anniversaire de ce qui restera comme l'un des tournants majeurs de notre histoire nationale.

Publicité

Mais Mathieu Kérékou qui est-ce? Nous avons tenté de répondre à cette question dans notre chronique du jour du 18 juillet 2005. Qu'avons-nous eu à dire il y a sept ans, sous le titre "Mathieu Kérékou ou les traits dominants d'une personnalité complexe" et qui reste encore d'actualité en ce 30 octobre de l'an de grâce 2012?

Mathieu Kérékou après près de 30 ans à la tête de l'Etat, est resté, pour la plupart de ses compatriotes, un personnage indéchiffrable, une personne figée dans une attitude mystérieuse. Il est cependant, selon nous, trois traits majeurs qui aident à camper le personnage Mathieu Kérékou, à en cerner la personnalité et à dire à quel type de personne nous avons affaire.

Premier trait dominant. La liberté de pensée et d'initiative. En 30 ans de présence à la tête de l'Etat, Mathieu Kérékou ne s'en est jamais laissé conté.  Il fait ce qu'il veut. Il agit quand il le veut. Il conduit les choses comme il le veut.  L'homme est maître de son agenda. Tous ceux qui ont cru avoir passé la porte du jardin secret de Mathieu Kérékou en ont été pour leurs frais. Personne, à notre connaissance, notamment dans l'espace public, n'a encore réussi à contrôler Mathieu Kérékou.

Publicité

Deuxième trait dominant. Le primat du chef, du chef militaire par-dessus et par-delà les idéologies et les appareils politiques. Comparaison pour comparaison, Mathieu Kérékou conduit son peuple et son pays comme un général d'armée conduit ses troupes. Parce que l'homme, de manière constante est resté un militaire, un chef militaire. Quand bien même il aurait troqué le treillis contre le complet veston à la Kim II Sung ou qu'il aurait adopté le complet veston sans cravate, la chemise boutonnée au sommet du cou.

Ainsi situé et ainsi saisi, Mathieu Kérékou ne montre pas un grand intérêt pour les doctes élaborations idéologiques. Pour lui, c'est le terrain qui commande. De ce point de vue, l'homme est tout le contraire d'un cérébral qui surfe sur les surface bien balisées de l'intellect. Mathieu Kérékou est plutôt un instinctif qui sait suivre son intuition. C'est sa boussole en tout temps et par tous les temps.

Troisième trait dominant. Le sens des opportunités non dénué d'une certaine dose d'opportunisme. C'est, du reste, ce qui fait apparaître Mathieu Kérékou comme un animal politique redoutable. Peut-il en être autrement pour quelqu'un qui ne croit pas aux idéologies et qui cherche constamment à se situer au-dessus des partis? C'est que Mathieu Kérékou compte sur son sixième sens pour  interpréter la météo du ciel politique, pour prendre l'exacte mesure de la force du vent, pour suivre la marche des nuages responsables aussi bien des orages que des embellies.

Alors que les idéologies bavardent, alors que les hommes et les femmes d'appareil calculent, le militaire a faim et soif d'actions. Il brûle d'envie de bouger. Il sait ordonner sa marche à la configuration du terrain. Il connaît les ruses du relief. D'où le souci constant chez le stratège militaire tombé en politique, de combiner en un savant dosage opportunité et opportunisme.

L'opportunité, c'est le caractère de ce qui convient dans un cas déterminé et qui vient à propos. L'opportunisme, c'est le comportement d'une personne qui règle sa conduite selon les circonstances, qui subordonne les principes aux intérêts du moment.

Celui qui sait mélanger les deux dans des proportions qui en combinent et en démultiplient les vertus et les effets, se retrouve dans la peau du vieux caïman. Celui-ci, comme on le sait, ne dort que les yeux ouverts. Sa devise est connue: "Gardez-moi de mes ennemis. Quant à mes amis, je m'en charge".

Avez-vous reconnu le Président Mathieu Kérékou en ces trois traits dominants? Le connaissez-vous mieux désormais? Il faut se faire une raison: on ne peut connaître à fond un homme. Parce que un homme est comparable à une forêt. On peut y entrer, mais jamais, on ne peut la tailler.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité