Musique béninoise : quand la promotion tue l’identité culturelle

 

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« Le Bénin n’a pas une identité culturelle à l’extérieur.» Les acteurs culturels béninois, notamment ceux du secteur de la musique sont unanimes à ce propos. Et pour cause, il est souvent évoqué la grande diversité du répertoire rythmique béninois qui n’est pas travaillé en collectif par les musiciens de la place pour arriver à une musique béninoise d’inspiration traditionnelle commune, digeste et exportable. A ceci, s’ajoute la qualité des productions qui inondent le marché discographique. Une “inondation musicale’’ qui se limite bien sûr au marché béninois. Aussi, la promotion de la musique béninoise souffre-t-elle du fait que «au Bénin, tout le monde veut être roi de quelque chose». Des concepts ou mouvements sont créés à foison. On crée même des styles qui n’ont rien de béninois, qui ne prennent pas source dans le répertoire de rythmes béninois déjà saturé. Voici quelques raisons parmi les plus citées pour justifier pourquoi la musique béninoise n’est pas bien consommée à l’extérieur. Mais d’autres causes, parfois plus importantes, sont ignorées. Entre autres, certaines façons de promotion, constituent aujourd’hui un handicap majeur à cette musique.

Que promouvoir ?

Conscients de la situation, nombreux sont les promoteurs culturels béninois qui s’investissent dans la promotion des œuvres phonographiques de leur pays. Ils ne ratent aucune occasion de faire connaître les albums d’artistes béninois à l’international. Malheureusement, ce faisant, la plupart d’entre eux tombent dans ce piège de mélange de «tout le monde est roi de quelque chose». Car, on n’arrive pas à discerner l’œuvre qu’il faut promouvoir de celle qu’il faut jeter au cimetière. Tout est mis dans une même valise et exposé aux mélomanes à l’étranger. Du coup, c’est la même “salade’’ qui est servie aux Béninois au pays, qui est encore déversée aux étrangers. C’est une musique inspirée à la fois de sonorités béninoises et de sonorités d’autres pays d’Afrique voir d’Europe. Si le Béninois parvient, à son niveau, à faire très tôt une distinction dans ce mélange que lui sert l’artiste, l’étranger lui, peine à y identifier la musique du Bénin. D’où l’éternel et triste remarque, «Le Bénin n’a pas une identité culturelle à l’extérieur».

Passer au tamis

A cette allure, ces promoteurs culturels auront beau promouvoir les œuvres de la discographie béninoise, mais ils ne parviendront jamais à lui donner cette identité culturelle tant souhaitée. Il sera donc plus intéressant que dans leurs stratégies de valorisation et de promotion, ils puissent mettre un filtre pour ne laisser passer que des produits reflétant le Bénin. Ce serait déjà un grand pas en attendant qu’ensemble avec les musiciens, ils ne réussissent, comme annoncé, à imposer, peut être par saison, une musique moderne d’inspiration traditionnelle commune. Laquelle serait travaillée préalablement par les musiciens selon les normes internationales pour son exportation. Un projet du genre a été lancé en avril dernier et conduit par un artiste qui lui, trouve ses inspirations dans le riche patrimoine musical traditionnel béninois. Il s’est fait entourer de jeunes musiciens dont on retrouve les griffes sur la plupart des œuvres de la génération montante d’artistes béninois praticiens d’une musique moderne à connotation traditionnelle. Souhaitons que le projet soit conduit à terme. Sa réalisation effective sera sans doute une contribution capitale pour l’affirmation de l’identité de la musique béninoise.

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