Accaparement des terres africaines : Oxfam invite la Banque mondiale à empêcher le phénomène

L’Ong Oxfam international a lancé, hier à la maison des médias Thomas Mègnassan à Cotonou, son rapport sur l’accaparement des terres africaines par des investisseurs étrangers.

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Pour Oxfam international, au cours de ces dix dernières années, des terres ayant la superficie du Cameroun ou du Kenya ont été vendues à des investisseurs étrangers. Ce sont là près de 700 contrats d’achats de terre représentant 50 millions d’hectares de terre africaine. Ce qui ne présage rien de bon pour les pauvres paysans qui, si rien n’est fait, n’auront plus de terres pour leurs activités agricoles. Dans son rapport intitulé ‘’Notre terre, notre vie», lancé hier à Cotonou, Oxfam international signale que plus de 60% des investissements étrangers dans des terres agricoles, réalisés entre 2000 et 2010, ont eu lieu dans des pays en développement gravement touché par le problème de la faim. Selon ce rapport, ces contrats mettent potentiellement en péril, les moyens de subsistance de 80% de petits exploitants, des agriculteurs et des pasteurs du continent qui contribuent  pour 30% du Produit intérieur brut (Pib) de l’Afrique.

Accaparements

Avec l’explosion des prix alimentaires en 2008, on note une ruée sans précédent sur les terres. Cela s’est fait par l’acquisition à grande échelle de surfaces supérieures ou égales à 200 hectares. Dans des pays pauvres, les investisseurs achètent une superficie de terres fertiles irriguées, équivalente à celle de Londres tous les six jours. Selon les calculs d’Oxfam, les terres acquises entre 2000 et 2010 pourraient permettre de subvenir aux besoins alimentaires d’un milliard de personnes, ce qui équivaut au nombre de personnes qui se couchent chaque soir le ventre vide. Mais, le rapport note malheureusement que ces investissements fonciers ne profitent que rarement, voire jamais, aux populations locales et ne contribuent guère à la lutte contre la faim. Mieux, deux tiers des transactions foncières agricoles menées par des investisseurs fonciers ont lieu dans des pays où la faim est un grave problème. Environ deux tiers des investisseurs fonciers étrangers dans les pays en développement tendent à exporter tout ce qu’ils produisent sur leurs terres. Trop souvent, souligne le rapport, les expulsions forcées des agriculteurs pauvres sont la conséquence de ces transactions foncières. Alors, même que les prix alimentaires flambent pour la troisième fois en quatre ans, les terres risquent de susciter un intérêt encore plus vif si les pays riches tentent de protéger leurs sources d’approvisionnement en produits alimentaires et si les investisseurs voient la terre comme un bon pari à long terme.

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Cette ruée sans précédent sur les terres n’a pas été soumise à une réglementation ou contrôle suffisants pour prévenir l’accaparement des terres. Des personnes vivant dans la pauvreté continuent donc d’être expulsées, souvent avec violence, sans consultation préalable ni dédommagement. Alors, Lamine Ndiaye, responsable du département panafricain Justice économique d’Oxfam et présentateur du rapport, trouve à la suite du rapport, que la Banque mondiale a un rôle prépondérant à jouer. Elle doit opter pour le gel pendant six mois de tous les prêts accordés par l’ensemble du groupe à des projets qui interviennent dans des acquisitions de terres agricoles à grande échelle. Elle doit examiner les investissements existants, assurer la transparence en rendant publique les informations sur les transactions foncières. Aussi, doit-elle respecter et faire valoir le principe de consentement libre informé et préalable (Clip) et promouvoir les droits fonciers et la bonne gouvernance foncière. La Banque mondiale devra élaborer des normes pour ces investissements. A l’endroit des dirigeants des pays en développement, elle devra leur apporter des conseils en matière de politique foncière. 

Oxfam mène cette campagne contre l’accaparement des terres dans le cadre de sa campagne ‘’Cultivons’’ qui vise à assurer un avenir où tout le monde peut manger à sa faim.

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