Gouvernance au Bénin: arrêtons les marches et au travail, citoyens !

Le Bénin est un pays à gouvernance atypique. Voici un pays ou les dirigeants n’ont jamais cessé de parler de croissance économique, mais où on ne travaille pas assez.

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Mon aîné Jérôme Carlos, dans une de ses récentes chroniques avait tiré la sonnette d’alarme sur le gaspillage de temps que constitue l’observance de certains jours fériés, chômés et payés qu’il est maintenant temps de revisiter.  Que signifie le temps pour nos dirigeants?  Quelle valeur accordent-ils au temps? Difficile de répondre à ces interrogations si l’on observe la manière dont le temps est malmené chez nous, sans aucun souci de la situation économique peu reluisante de notre pays.

Les marches de soutien, une pratique éculée, génératrice de contre-performance économique

Une des manifestations de cette perte de temps, ce sont les marches de soutien tous azimuts dont la pratique a pris une grande ampleur sous un régime qui pourtant se réclame du changement, puis de la refondation. Ne serait-ce que cette année, on peut compter au moins deux occasions déjà offertes aux populations de marcher pour soutenir le Président de la République et ses actions.  Apres la sortie médiatique du 1er Août faite par le Chef de l’Etat et qu’il convient de vite ranger mains aspects dans les poubelles de l’histoire de notre pays (car personne ne peut nous convaincre de ce que certains propos tenus par le premier d’entre nous peuvent contribuer à construire un pays), il y eut une vague de marches de soutien pour demander au Président de la République “d’aller au bout de ses réformes”  Ensuite, depuis quelques jours, c’est l’affaire dite de tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat qui a déclenché une vague de marches de soutien avec une fatwa contre le richissime homme d’affaire béninois, pourtant présumé innocent. Point n’est besoin d’énumérer les nombreuses marches et manifestations qui portent sur la filière coton, la loi sur la corruption, les mouvements antigrèves de certaines populations manifestant contre les enseignants ou les douaniers  livrés à la vindicte des populations par les autorités du pays elles-mêmes.

Ces milliers de béninois mobilisés autour des marches se soutien ne constituent-elles pas un manque à gagner pour notre économie déjà en mal de performance?  Quand nous parlons de croissance économique, avons-nous vraiment une idée de ce que cela implique comme exigence de travail et de discipline, deux valeurs fondamentales de tout pays qui aspire au progrès?  Allons-nous passer tout notre temps à marcher en espérant que les pays développés dont les agences sont pompeusement baptisées de bailleurs de fonds ou insidieusement appelés partenaires techniques et financiers (ptf)viennent payer nos dépenses d’investissement et même prennent en charge notre misère?  La bonne gouvernance que nous prônons tous les jours n’implique t-elle pas aussi la création d’un environnement approprié qui mette les citoyens au travail?  Quand allons-nous cesser de distraire notre propre peuple de ses préoccupations de développement?

Moi,  Président de la République !

De nombreux pays africains ont connu ces faits de tentative d’assassinat du Président de la République, fussent-ils par coup d’Etat manqué, par accident d’avion ou de la route, provoqué ou encore par d’autres moyens propres au génie des concepteurs. Mais c’est la première fois que la formule d’empoisonnement est évoquée comme un modus operandi dans une telle entreprise, même si cela reste à prouver, tant le défi à relever par la notre justice est titanesque et ceux qui disent par pure convention lui faire confiance, n’en sont pas moins préoccupés. Mais le peuple béninois a-t-il une sensibilité que les autres peuples africains n’ont pas,  au point que les marches de soutien soient en passe de devenir une institution?

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Pour emprunter la célèbre formule du Président Français François Hollande, alors candidat a l’élection du 06 Mai dernier en France, « moi Président de la République », victime d’une telle tentative, mais en même temps soucieux de la bonne gouvernance de mon pays, pays économiquement exsangue, politiquement en panne et moralement en ruine des œuvres de ceux-là mêmes qui nous dirigent, voici le communiqué que je ferai rendre public, sans qu’aucune autre action ne soit nécessaire pour la manifestation de la vérité:

La Présidence de la République communique:

“Suite à la tentative d’empoisonnement à laquelle il a échappé, le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, Chef Suprême des armées invite le peuple Béninois au calme et à la sérénité.  Le Président de la République invite surtout chaque béninoise et chaque béninois à vaquer à ses occupations.  Nous devons faire confiance en la justice de notre pays et lui créer les conditions nécessaires à l’accomplissement sans accrocs de sa mission et la manifestation de la vérité.

Signe: Le Secrétaire Général de la Présidence de la République.     

Les grèves, l’autre façon de promouvoir la contre-performance économique

Les formules magiques comme la prospérité partagée, la gouvernance concertée et la coprospérité avec le Nigeria seront totalement vides de sens et de contenu si nos gouvernants continuent d’empêcher les populations de vaquer à leurs occupations quotidiennes pour contribuer à la production de la richesse nationale. 

Si le Gouvernement ne joue pas sa partition dans la mise en œuvre des accords issus des négociations avec les centrales syndicales, s’il fait des promesses sans lendemain qui sont vite ranges au placard sans aucun suivi comme nous le voyons depuis Avril 2006, comment pouvons-nous empêcher les syndicats de manifester leur mécontentement par les moyens qui sont à leur portée? Depuis Avril 2006, avons-nous fait le point du nombre de jours de grèves qui ont été effectivement consommées, toutes catégories professionnelles confondues? Sommes-nous préoccupés par l’incidence financière pour le trésor public? Avons-nous le souci des Béninois qui sont des victimes directes ou collatérales de ces mouvements de grève?

Si nous voulons que notre pays se développe réellement, nous savons quoi faire et comment faire ce que nous devons faire. Dans ce monde devenu un village planétaire, il n’y a pas de miracle dans le mode de gouvernance d’un petit pays comme le Benin. Il faut mettre un terme à la comédie qui a assez dure. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui dans notre pays n’est que de la diversion, à la limite inacceptable et ridicule.

Est-ce vraiment le Bénin dont chacun de nous rêve? Et pourtant, circonstance aggravante, c’est le pays du Président en exercice de l’Union Africaine, s’il vous plait !!!

Coffi Adandozan
Economiste-Planificateur
Lille France

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