Le séjour des journalistes invités du département d’Etat se poursuit. Après l’étape de Manchester, tout le groupe s’ébranle pour Boston ce jour où, le président Obama tient un grand meeting de campagne en compagnie de l’ancien président Bill Clinton.
Au fur et à mesure que le jour des élections(mardi 06 novemebre) approche , l’effervescence monte dans le petit groupe des journalistes venus du monde entier. L’idée même de participer , pour la première fois de leur carrière , en direct et non à la télévision contribue à faire monter le mercure. La journée d’hier samedi , a été un peu plus « relaxe ». Plus d’exposés ni de débats. Place a été laissée à la découverte du « pays profond », comme on le dit chez nous. Les hôtes du département d’Etat ont eu l’occasion de prendre un « bol d’air » de tourisme dans la petite ville voisine de Manchester , Lexington, pour découvrir un pan de l’histoire des Etats Unis. Ainsi les origines de la guerre d’indépendance ont été passées au peigne fin dans le petit musée de la ville par un guide habillé en tenue d’époque(voir photos) .Devant la maquette reconstituée du paysage de l’époque de la ville de Lexington, il explique avec force détails comment la bataille s’est déroulée entre , d’une part « les miliciens »( on parlerait de rebelles aujourd’hui) et les « loyalistes » qui défendaient la couronne d’Angleterre. Les visiteurs ont eu droit à une démonstration de tir avec un modèle du fusil de l’époque dont la détonation bruyante a brutalement réveillé ceux nous que le froid hivernal précoce a quelque peu engourdis tout en rappelant à certains l’atmosphère surchauffée des combats entre les autochtones indiens et les immigrants européens des films westerns de leur enfance.
Une journée de campagne électorale dans les deux camps
Auparavant, le groupe a mis le cap sur une grande maison de retraite dans la périphérie de la ville de Manchester pour découvrir une association atypique :grand-mothers for Obama qui regroupe de manière informelle les personnes du troisième âge. Dans cette vaste pension de retraite , ces vénérables vielles personnes s’engagent comme des « volontaires » sortes de bénévoles qu’on retrouve dans les deux camps pour convaincre le plus grand nombre de gens du troisième âge à voter pour leur champion. Lancé en 2008 à l’occasion de la campagne pour l’élection du président Obama,l’association travaille à la base avec l’équipe de campagne à l’échelle locale à promouvoir leur candidat. Des affichettes à l’effigie du président sont confectionnées de même que des cartons sur lesquels on peut lire un condensé du programme du candidat et les raisons de voter pour lui. Les vénérables personnes ont à leur disposition le téléphone fixe et s’emploient à appeler personnellement des personnes identifiées de la localité sur une liste dressée à l’avance. Des observations sont faites dans la marge de la fiche ainsi conçue sur l’accueil réservé par l’interlocuteur et la probabilité qu’il ou elle devienne un votant potentiel. Plus loin, dans une localité toute proche où les journalistes ont pris leur quartier pour la pause -déjeuner , les visiteurs ont touché du doigt les réalités de la campagne électorale. Que ce soit avec l’équipe de campagne du parti démocrate ou avec celle des républicains visitée plus loin dans la petite ville de Nashua, les méthodes sont les mêmes. Une salle louée au bord d’une route passante abrite la réunion .Des volontaires s’affairent autour du téléphone discutent avec des interlocuteurs anonymes qu’ils tentent de convaincre .Quand on s’approche pour écouter ce qui se dit, c’est toujours avec passion qu’on les entend vanter les mérites de leur candidat. Dans les deux camps , ce jour-là, les volontaires locaux accuellent toujours des hôtes de marque :tel gouverneur ou tel sénateur candidat à sa réélection. Ainsi dans la petite ville de Nashua dont il a été question plus haut, c’est un gouverneur de l’Etat de la Louisiane, un américain d’origine Indienne( de la République de l’inde), nous précise-t-on ,qui est venu en personne de si loin, pour encourager les partisans du gouverneur Romney, challenger du président sortant.Ce gouverneur très populaire avait même failli devenir le co-listier du candidat Rmoney. Dehors , dans les deux équipes de campagne visitées ,il ya toujours des militants qui agitent pour les automobilistes de passage, des affichettes à l’effigie de leur candidat (voir photos).
Les observateurs prévoient une élection serrée
Au fur et à mesure que la date du scrutin approche, les observateurs les plus avertis qui s’expriment sur les chaînes de télévision et même les partisans des deux camps n’osent pas prédire une victoire massive de l’un ou l’autre des candidats en lice. Si au début de la campagne le candidat démocrate était donné largement en avance par les instituts de sondage, ce n’est plus le cas aujourd’hui Le candidat républicain a acquis une certaine respectabilité et l’expérience du candidat sortant n’est plus opposée à la candeur ou au maque d’expérience du challenger. L’impression d’apathie totale du président sortant au cours du premier débat est peut-être passée par là.Mais il se développe de plus en plus dans l’opinion l’idée qu’il faut changer le conducteur qui n’a pas pu ou su mener le navire à bon port. Et il n’est pas jusqu’aux ardents défenseurs du président Obama pour reconnaître en privé, comme Gary Hirsh chargé de la collecte de fonds (funds raising) dans l’Etat du Newhamshire que le président n’a pas toujours tenu toutes les promesse faites en 2008, même si il dit au passage que les adversaires d’en face ne leur ont pas facilité la tâche au congrès. Cependant l’impression générale est que les questions du chômage et de la persistance de la crise économique risquent de jouer contre le président sortant et la victoire-si elle intervenait.se ferait sur le fil de rasoir. On est loin de l’enthousiasme énorme qu’a suscité en 2008, le fameux slogan « yes we can ! »
Autre Pays, autres mœurs !
La campagne électorale ici aux Usa ne se déroule pas de la même manière que sous nos cieux africains ou béninois. L’expression communément utilisée dans nos pays « de campagne à l’américaine », pour qualifier la débauche de moyens(l’usage de grosses cylindrées par les équipes de campagne , des jets privés , d’hélicoptères par les plus fortunés ) cette expression doit être fortement nuancée. La plupart des meetings des candidats se tiennent dans de petites salles .Pas de grandes affiches sur les murs. C’est interdit par la loi. Pas de grandes banderoles ni de mégaphones hurlant des messages incompréhensibles dans les oreilles des paisibles citoyens qui n’aspirent qu’à la quiétude. L’Amérique est un pays de citoyens libres où le droit de voter , de ne pas voter de protester et de se plaindre(the right to complain), est reconnu à tout citoyen. Tout se passe dans une atmosphère policée, feutrée à travers des campagnes de proximité conduites par des bénévoles. Certes, les différents candidats disposent de fonds inimaginables sous nos cieux pour leur campagne. Mais la plupart des fonds de campagne (plus de 60 pour cent, nous a dit un professeur de l’université de Newhampshire) vont vers la publicité sur les chaînes de télévision dont certaines très célèbres prennent ouvertement position pour l’un ou l’autre candidat. Sur une de ces chaînes de télévision , par exemple , les thèmes de débats (emploi, crise économique , catastrophes naturelles, la mort d’un citoyen américain à l’étranger comme celle de l’ambassadeur à Benghazi,) sont choisis à dessein pour monter en épingle les faiblesses du candidat sortant. Et ces messages sont diffusées en boucle plusieurs fois dans la journée, comme pour faire entrer de force les messages dans les oreilles y compris celles des plus sourds.
Vincent Foly
(depuis Manchester dans l’Etat de Newhampshire)
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