Tentative d’empoisonnement de Boni Yayi : 2ème communiqué de l’Union fait la nation

Dès le 23 Octobre 2012, au tout début du feuilleton abusivement présenté comme «tentative d’empoisonnement ou d’assassinat du Chef de l’Etat», l’Union fait la Nation, a demandé à notre Peuple de faire confiance en sa Justice.

Publicité

Or, les faits et gestes du pouvoir en place et de ses alliés, s’inscrivent parfaitement dans le registre de la gestion des « complots » découverts par les dictateurs, pour autant qu’il s’avère utile de divertir le peuple et de justifier quelques «épurations» ou « liquidations » parmi les proches ou au niveau des opposants.

Ainsi, peut-on observer, le déni systématique du droit à la présomption d’innocence des mis en cause et la pression psychologique sur les juges.

  1. 1. Quels objectifs poursuivaient le Procureur de la République et le Commissaire Central de Cotonou, en médiatisant fortement une certaine version des prétendus « faits », avec force détails ? Ils voulaient influer sur l’opinion publique et la forger dans le sens de donner du crédit à la parole du Chef. Tout le tintamarre orchestré s’appuie sur les déductions du Procureur et du Commissaire, à partir de prétendus aveux des mis en cause. L’exhibition de produits pharmaceutiques à la Télévision relève des effets de scène, pour accréditer la thèse, alors que ces produits devraient se trouver sous scellé auprès du greffier en chef. Il reste à se demander si la déontologie et les règles particulières que suivent ce Procureur et ce Commissaire, sont conformes aux exigences de leur métier et si les organes respectifs de surveillance au sein de leur profession pourraient en attester.
  1. 2. La médiatisation outrancière de chaque acte relatif au dossier et surtout les marches et déclarations de soutien au Chef de l’Etat, les séances de prières, les propos haineux tenus, le tout, abondamment relayés par la Télévision Nationale sont-ils de nature à assurer l’indépendance des juges ?
  1. 3. Les audiences fort colorées, accordée par le chef de l’Etat à ses habituels consolateurs, têtes couronnées, dignitaires religieux, courtisans politiques  et obligés de tout poil, etc. démontrant que « son bon Peuple est avec lui, dans l’épreuve », prétendue « épreuve » qui ne relève que d’une simple présomption, qu’il reste à vérifier. Ce type de kermesse auquel participe le Chef de l’Etat lui-même, tel un monarque, accueillant son bon peuple venu lui souhaiter longue vie et l’inonder de ses prières, fustigiant les « quelques individus  égarés » qui ont « attenté à sa vie », crée-t-il la sérénité nécessaire à la manifestation de la vérité ? Quel juge osera contredire la version officielle des faits, alors que tout le Peuple se manifeste tous les jours pour la conforter ?
  1. 4. Le ballet fortement médiatisé des personnalités et partis politiques qui prétendent avec une hypocrisie évidente, défendre le droit à la présomption d’innocence, tout en donnant du crédit à la version du pouvoir, en allant présenter leur compassion à la « victime » en ajoute à la confusion et à la pression sur les juges.

Pour une affaire aussi grave, dans un pays démocratique, aucune justice ne s’organise dans une telle atmosphère. Les magistrats dignes de ce nom le savent. Les hommes et femmes politiques, les acteurs intègres de la société civile et les citoyens épris de justice, qui connaissent le prix de la conquête des libertés le savent.

L’Union fait la Nation dans ces circonstances, dénonce le déni de justice en cours d’orchestration. L’Union exige du Chef de l’Etat, sur la base de son serment et des lois de la République, de mettre fin à toutes ces activités susceptibles d’influencer les juges ou de constituer un déni du droit à la présomption d’innocence des mis en cause.

Publicité

L’Union fait la Nation invite notre Peuple à la vigilance. Si le pouvoir en place, par diverses manœuvres tente d’instiller la peur et réduire les citoyens au silence, il appartient aux forces vives de la Nation de rappeler au Chef de l’Etat et à ses affidés que les libertés publiques ne sont pas négociables, que les droits humains sont sacrés et que l’instrumentalisation de la justice n’assure ni la paix, ni la stabilité.

L’Union fait la Nation estime que le propre d’une dictature, – c’est une constance de l’histoire- c’est de « bouffer » ses propres enfants comme bancs d’essai, avant de monter en puissance dans la répression de tous ceux qui peuvent oser penser autrement. C’est dans une dictature que tout le monde est soupçonné de tout, et tout soupçon du Chef vaut preuve de culpabilité. Traiter ce genre de phénomène avec complaisance constitue une faute qui se paye cher, tôt ou tard. Personne ne peut savoir quand on lui collera quelle affaire pour le mettre aux arrêts.

L’Union fait la Nation rappelle que les fuites en avant, l’instillation de la peur au sein des populations, les arrestations, les humiliations, les fabrications de complots, etc. ne sortiront pas le pays de l’impasse actuelle. Seul un dialogue politique national, bien préparé et conduit avec sincérité peut nous éviter le naufrage. Il s’agit de sortir de la démocratie de façade, de restaurer les fondamentaux d’une bonne gestion de notre économie et de s’attaquer avec esprit de suite aux problèmes lancinants qui plongent notre peuple dans la misère.

Fait à Cotonou, le  04 Novembre 2012,
Le Coordonnateur Général
Lazare SEHOUETO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité