HAAC : faire rimer mission et ambition

Vous ne le savez peut être pas : la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a l'un des budgets les plus étriqués de la République. C'est ce qui ressort du passage du vice-président de l'Institution, Edouard Loko, devant la Commission du Budget de l'Assemblée nationale.

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La HAAC, organe de régulation au service de la liberté, a en charge le vaste domaine de la presse. Pourtant, elle ne pèse que 1,3 milliard de F CFA dans le budget de l'Etat estimé à 1 300 milliards de FCFA. C'est dérisoire. Cela n'atteint même pas les frais de mission d'un grand ministère.

Nous sommes, pourtant dans un pays qui a 100 quotidiens, six chaînes de télévision, une soixantaine de radios de proximité, commerciales et non commerciales, confessionnelles et communautaires. Ils se comptent par centaines les journalistes et assimilés à qui la profession a ouvert ses portes. Comme on le voit, la HAAC, bien que réduite à la portion congrue dans le budget national, n'exerce pas moins sa tutelle sur un immense empire. Ce n'est là que la moindre des contradictions sur laquelle est assise l'organe de régulation. Par rapport aux autres institutions de la République, voici ce que l'on peut tenir pour "l'exception HAAC".

– Un mandat de cinq ans non renouvelable pour les 9 conseillers de l'institution.

– Le président de la HAAC n'est pas élu par ses pairs. Il est désigné et nommé par le Chef de l'Etat.

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– La nomination des responsables des médias de service public est une prérogative du Chef de l'Etat. La HAAC ne lui soumet qu'une liste d'aptitude, toute à sa discrétion.     

Plusieurs raisons pour justifier ce "budget de poche", là même où on est en droit d'attendre un budget plus conséquent en adéquation avec une grande ambition portée par une grande Institution d'Etat. La denrée première à gérer ici, c'est la liberté. Il s'y ajoute que, à l'ère de la mondialisation et de la globalisation, le couple information et communication est un enjeu majeur. Rapide revue d'une option minimaliste.

– Petit budget pour la HAAC, par souci de faire faire des économies à l'Etat qui n'en demanderait pas mieux par ces temps de vaches maigres.

– Petit budget pour la HACC, par volonté de concentrer l'essentiel de sa mission d'information et de communication dans les mains du ministère de la Communication et des nouvelles technologies de l'Information.

– Petit budget pour la HAAC, par manque de visibilité, si ce n'est de clairvoyance quant aux missions et tâches dévolues à un organe élevé, par la volonté de la Conférence des forces vives de la nation, au rang d'une institution d'Etat. Quelles sont ces missions ? Quelles sont ces tâches ?

Tout plaide en faveur d'une augmentation substantielle du budget de la HAAC.

D'abord, au regard de sa mission de promotion de la ressource humaine dans les médias. Pour parodier l'autre, il n'y a de bon journalisme que d'hommes. Il nous faut rétablir la relation entre l'éthique, la morale et la formation des professionnels des médias. A quoi servirait-il de sévir contre l'ivraie qui fait la honte de notre profession si l'on ne se préoccupait pas de promouvoir la graine des professionnels dont nous avons besoin ? Il y a de la place dans nos médias pour des hommes et des femmes bien formés, techniquement outillés, et qui développent un sens élevé   des responsabilités. Cela a un coût et la HAAC le sait.

Ensuite, au regard des mutations technologiques rapides qui affectent le secteur de l'information et de la communication. De manière précise, il y a lieu d'insister sur le passage du Bénin au numérique en 2015. Demain, c'est déjà aujourd'hui. Un tel passage a besoin de l'accompagnement de l'organe de régulation. Cela a un coût et la HAAC le sait.

Enfin, au regard de son efficacité opérationnelle, pour   suivre nos médias sur toute l'étendue du territoire national. La HAAC doit se décentraliser plus qu'elle ne l'a fait. Nous en appelons à une offre de service plus efficiente, avec des pylônes centralisant les signaux des différentes radios et télévisions. Cela a un coût et la HAAC le sait.

Le budget de HAAC à hauteur de 1,3 milliard, c'est à oublier bien vite. Il est temps, de faire rimer mission et ambition. Cela a un coût et la HAAC le sait.

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