La boxe K.-O

Déçu et découragé. On le serait à moins. Espérant Noutaï, président de la Fédération béninoise de boxe, n'est pas content et pas du tout. Face à la boxe qui se meurt, l'homme refuse de présider aux destinées d'une discipline sportive moribonde.

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Aussi crie-t-il son ras-le-bol, jetant l'anathème sur tous ceux qui participent, d'une manière ou d'une autre, consciemment ou inconsciemment, à cet assassinat programmé. "Ceux qui tuent les autres sports, clame-t-il, rendront compte à la postérité".

Pourquoi Espérant Noutaï, monte-t-il ainsi bruyamment sur le ring? Pourquoi s'évertue-t-il à distribuer généreusement des directs, des crochets et des uppercuts aux adversaires supposés du noble art? Parce que l'homme a l'amer sentiment qu'il n'y en a que pour le football qui rit pendant que les autres disciplines sportives pleurent. Parce que faute d'argent, la boxe béninoise est condamnée à subir un sévère régime amaigrissant. Les rings sont fermés. Les boxeurs rongent leurs freins. Les dirigeants de clubs, les encadreurs et tout le staff arbitral mâchent la cola amère du dégoût et de la déception.

On ne peut pas ne pas comprendre Espérant Noutaï. Il ne veut pas être réduit au statut d'un président potiche, simple enjoliveur  pour voiture de surcroît en panne. On frise là l'injure et le mépris. Aussi a-t-il eu raison de sortir de ses gonds et de montrer ses gants. Cela ne saurait laisser de marbre, croit-il, le Ministre des Sports dont il attend les subventions dues à sa fédération.

Nous aurions toutes les raisons de parler d'ingratitude notoire si la boxe devait être ainsi traitée, ainsi malmenée, ainsi méprisée. Ou l'on a la mémoire courte ou l'on a l'ignorance longue et épaisse. Les satisfactions les plus intenses jamais procurées aux Béninois par une discipline sportive sont à  l'actif de la boxe. Rappelons quelques noms de boxeurs émérites. De grands champions qui ont porté haut levé le drapeau de notre pays sur les rings d'ici et d'ailleurs. Ils ont écrit les plus belles pages de l'histoire du noble art béninois. La génération de nos boxeurs des années 60 a compté avec Expédit Montcho, Faustin Assohoueto, Jean-Marie Foly, Ezzarus Sossouvi. La génération d'aujourd'hui décline les noms de Fulbert Sodjinou, Georges Boco, Nazaire Kpadonou, Victor Kpadénou, Théodore Lokossou, Fatiou Fassinou, Soulé Kèkè, Sévérin Oloubi, Justin Savi, feu Aristide Sagbo… Si les Béninois ne les respectent pas, sachons qu'ils ont su gagner la considération de tous leurs adversaires non béninois.

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Comme on le voit, la boxe béninoise, par son palmarès, mérite mieux que cette situation désastreuse dans laquelle elle végète. Ceci au vu et su tous. Ceci dans l'indifférence complice, sinon coupable de tous. C'est une injure faite à la vaillance de tous nos grands champions. C'est un pied de nez au principe que nous devons graver au fronton de toutes nos institutions : "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante".

Mais retournons voir notre Président de fédération,  Espérant Noutaï qui ne décolère pas.  Le Français Jacques Chancel, homme de médias émérite et talentueux, a eu un jour ce mot extraordinaire que nous n'avons pas oublié depuis. Il nous sert  de boussole en tout temps et par tous les temps :  (Citation) "Il vaut mieux attraper un torticolis en visant trop haut que de devenir voûté en visant trop bas". (Fin de citation).  Le Président de la Fédération béninoise de boxe doit, dans le malheur, prendre de la hauteur et viser les sommets. Il ne peut en vouloir qu'à lui-même de s'être laissé entraîner dans les bas-fonds où l'on cherche à le boucler. La pensée positive nous enseigne que nous sommes ce que nous pensons et que nous devenons ce que nous croyons.

Les difficultés ne doivent pas nous laisser dans une posture de victime expiatoire. Il faut refuser d'être le mouton du sacrifice. Plutôt que de réagir face à l'adversité en pleurant, en se plaignant, il faut agir pour prendre le contrôle et la direction des choses. Et la seule manière de le faire, en mettant tous les atouts de son côté, c'est de convoquer l'imagination. Ce qui veut dire, en clair, qu'on n'a pas à se tourner les pouces, mais qu'on a plutôt le devoir de faire tourner sa tête, de faire tourner son esprit. Aussi sommes-nous appelé à interpeller le Président Noutaï. Monsieur le Président, avez-vous un plan B? Avez-vous imaginé une parade? Avez-vous  inventé une solution? Etes-vous porteur d'un projet alternatif ? Votre réponse nous obligera.

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