La « Gouvernance par le bruit », une innovation béninoise !

Lorsqu’un citoyen s’affale dans son divan après une journée harassante de travail, il s’attend à ce que ses chaînes préférées lui disent comment va le pays. En allumant donc sa télé, il voudrait qu’on le mette au parfum de l’actualité nationale.

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Mais, force est de constater que ce vœu n’est plus satisfait dans ce pays où l’on préfère gouverner par le bruit, plutôt que de régler les problèmes de la cité.

Un constat amer :

Les médias, qu’ils soient gouvernementaux ou privés, laissent le citoyen sur sa faim (au propre comme au figuré), quant à la bonne information. C’est cet état de choses qui nous interpella en nous demandant instamment de nous prononcer sur cette innovation béninoise qu’est la « Gouvernance par le bruit », tel un docteur. Alors voici le diagnostic, après les symptômes du mal.

Dans toute démocratie qui se respecte, le citoyen a le droit d’être informé de l’état de la nation, de la vie de la cité. C’est pour cette raison que des médias sont créés pour remplir ce rôle d’information du citoyen tout en animant la cité.

Symptômes :

Que constate-t-on de plus en plus en allumant nos télés locales ? Voici le menu quotidien de nos chaînes : marches de soutien ; prières pour le salut du président ; marches de remerciements ; gesticulations de tous genres pour manifester au Chef de l’Etat une approbation de sa manière de gérer le pays…

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Alors, face à cet amer constat, les symptômes du mal, il est de notre devoir d’en faire un diagnostic rigoureux afin de pouvoir proposer des solutions idoines, un remède pertinent et satisfaisant.

Diagnostic :

La Gouvernance par le  bruit se manifeste de la manière suivante tout en se caractérisant par les quelques éléments cités plus hauts, marches de soutien et gesticulations de tous genres, qui n’ont d’autre motivation que de distraire le peuple, détourner son attention des problèmes réels du pays, problèmes très importants qui devraient requérir prioritairement l’attention de tous. Toutes ces gesticulations improductives n’ont d’autre but que d’endormir le citoyen pour qu’il ne pense point à demander des comptes (comme il est en droit de le faire), pour qu’il ne se penche point sur les problèmes de la cité. Et ils sont nombreux, les problèmes auxquels doit faire face actuellement notre Etat.

En voici un bref aperçu :

• La probable perte du second compact du Millenium Challenge Account (MCA II), si rien n’est fait pour requalifier le Port Autonome de Cotonou et le mettre aux normes et aux standards internationaux.

• Les orientations du budget de l’Etat exercice 2013, investissements et dépenses de fonctionnement, que tout gouvernement qui se réclame de la gouvernance concertée, se doit de vulgariser et de présenter à son peuple pour obtenir son adhésion, ou tout au moins à titre d’information.

• Les actions du gouvernement en vue de sortir le pays de cette crise rémanente qui le plonge dans une morosité économique sans nom, dans un contexte général de mise en berne des affaires et de l’économie.

• Le problème majeur de la LEPI à recorriger en vue de permettre une organisation apaisée et consensuelle des prochaines élections municipales (2013), législatives (2015) et présidentielles (2016).

Alors, que fait notre gouvernement, au lieu de nous distraire, au lieu d’instaurer cette « Gouvernance par le bruit » ?

Oui, du bruit, rien que du bruit… Du bruit pour détourner l’attention de tous, à coups de « perdiems misérables pour des désœuvrés végétant complaisamment dans leur misère », à coups de quelques sacs de riz ou autres babioles distribuées aux populations villageoises à grands renforts de couvertures médiatiques, avec forts tapages, fanfares et tamtams… Toujours du bruit donc.

Tel est le diagnostic, un peu sévère nous l’admettons ; mais le mal est ce qu’il est et il nous revient de le «contenir» et de le circonscrire avec la plus grande rigueur pour permettre à une bonne presse, écrite celle-là, celle à laquelle nous participons ici, qui se veut indépendante et objective, d’accomplir sa mission informative et édificatrice de la cité, en jouant le rôle de contre-pouvoir qui lui est constitutionnellement reconnu.

Après un tel diagnostic si préoccupant, il convient et il revient à celui qui a fait le diagnostic d’apporter un traitement approprié, en proposant des solutions concrètes. Sinon, ce serait comme s’il participait au bruit, lui aussi.

Retrouvons-nous prochainement pour un traitement indiqué pour lutter contre la « Gouvernance par le bruit », avec des exemples d’application, pour que le tumulte et tout le tapage qui est fait autour de « riens » ne nous endorment pas et ne détournent point notre attention des problèmes cruciaux de la nation.

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