Lutte contre la pauvreté : pour une nouvelle dimension de l’assistance du Programme des Nations Unies pour le Développement

Des économistes se succèdent à la tête de l’Etat ; ils foisonnent dans les directions techniques et donnent le meilleur d’eux-mêmes ; pourtant  la pauvreté ne recule pas.

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Le Programmes des Nations Unies  pour le Développement vient en appui  substantiel aux différentes stratégies du gouvernement : la pauvreté ne s’arrête toujours pas. Bien au contraire  elle se fait exponentielle et génère de nouveaux pauvres : elle nous fait un pied de nez. C’est l’aveu d’impuissance d’une lutte qui a besoin d’un second souffle.

Ces derniers temps, face à une situation économique difficile, des idées de rassemblement ont jailli de toutes parts ; certaines plus politiques qu’économiques et d’autres plus économiques que politiques. Ce fut au départ l’idée d’une nouvelle Conférence nationale ; puis celle d’une rencontre de vérité, puis celle d’un forum, puis celle d’une conférence économique et en définitive celle d’une table ronde économique: c’est signe que l’on ne savait pas exactement l’objectif qu’imprimer à ce rassemblement ; c’est aussi signe d’un malaise profond qui hésite à s’identifier et à prendre sa place dans toutes ces idées de rassemblement. Il a pourtant un nom : la pauvreté.

L’omniprésence de la pauvreté : l’œil de Caïn

Conférence nationale et rencontre de vérité avaient un fort parfum de remise en cause du régime et le régime ne l’a pas soutenu. Le forum aurait ouvert la porte à toutes sortes d’idées sur la situation politique et économique du pays ; un débordement était toujours possible. La conférence économique aurait réuni des professionnels de l’économie et donner lieu à des discours, à des échanges sans forcément aboutir à des prises de décisions concrètes ; l’intérêt n’était pas évident. En dernier ressort les hommes d’affaires se sont appropriés l’idée du rassemblement pour, semble t-il, définir les règles d’un  partenariat public-privé fiable et un climat favorable à leurs activités   non sans poser le préalable de l’assainissement des relations alors tendues entre l’Etat et les hommes d’affaires.  Toutes ces intentions  avaient pourtant un  fond commun : notre pauvreté économique qui fait que la grande majorité de la population ne mange pas à sa faim. C’est bien en son nom que devrait être faite toute démarche visant à une meilleure organisation de notre économie et à la production de plus de  richesses ; c’est l’œil qui poursuit Caïn jusque dans sa tombe.

A quel niveau se situe notre pauvreté ?

Notre réalité sociale constante, c’est que notre pays est l’un des  plus pauvres du monde et que les professionnels n’arrivent pas à maîtriser la  paupérisation croissante du citoyen ; notre pays fait de nouveaux pauvres tous les jours ; c’est un fait. Mais de quelle pauvreté souffrons-nous : est-ce la  monétaire, l’absolue ou celle en terme de  conditions de vie ? 

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La pauvreté monétaire est évaluée d’un point de vue relatif en mesurant les inégalités par rapport au mode de vie minimal acceptable dans une société donnée. Elle est définie par un  niveau de vie inférieur au  niveau de vie médian  d’un ménage type. Les différentes  enquêtes indiquent que 37,4% de la population béninoise sont monétairement pauvres, c'est-à-dire qu’ils dépensent moins que le minimum nécessaire pour remplir un panier de biens alimentaires et non alimentaires essentiels à la survie.  Ce taux était de 33% en 2007 et de 28,5% en 2003 ; ce qui montre le caractère persistant de la pauvreté dans notre pays. Les statistiques précisent par ailleurs que  lorsque l’on considère la tranche de la population ayant un niveau de dépenses inférieur à un dollar soit environ 600 francs par jour, la proportion de la population en état de pauvreté passe à  51,6% .  Environ deux personnes sur cinq vivent en dessous du minimum vital.

L’indicateur de la pauvreté absolue est fondé sur des normes de consommation en deçà desquelles une personne ne peut vivre décemment. La fixation de ces normes repose sur l’examen, postes par postes de consommation, des quantités minimales qui doivent être normalement consommées

Enfin, la pauvreté en termes de  conditions de vie est évaluée à raison des difficultés matérielles rencontrées par les ménages dans leurs dépenses programmées, c’est-à-dire le niveau  de privations auxquelles ils déclarent s’être confrontés parmi un ensemble de dépenses prises en référence. En termes non monétaires, il est estimé que 40,2% de la population béninoise est pauvre. Ces chiffres sont ahurissants et devraient peser d’une manière ou d’une autre sur  tout rassemblement d’affaires sensé promouvoir la richesse et réduire la pauvreté discursivement. Mais comment réagit le Gouvernement face à la situation de pauvreté que nous connaissons et quels sont les facteurs qui inhibent et  limitent  ses actions?

Les actions du gouvernement et les entraves d’une philosophie rigide et étriquée

Pour faire face à cette situation de pauvreté structurelle, l’Etat mise sur l’augmentation de la croissance de l’économie qui devrait être portée à 7% si l’on veut juguler le mal. Elle est estimée à 3,5% en 2011 contre 2,6% en 2010 et 2,7% en 2009 tandis qu’elle est projetée à 4,5% pour 2013.  L’objectif national est de réduire de 50% d'ici 2015 la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et souffrant de malnutrition en l’an  2000 lors de l’adoption  des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés par l’ensemble des Etats de la planète. En dehors de ce cadre, c’est le sens premier qu’il convient de donner à toutes les réformes  entreprises par le gouvernement et notamment celle de la filière coton génératrice de devises et susceptible, à elle seule, de relever le produit intérieur brut ainsi que le taux de croissance de l’économie nationale. Cependant notre politique de développement mérite d’être repensée notamment parce qu’elle n’est pas créatrice d’entreprises.

 En remontant le cours de notre histoire politique force nous est de reconnaître que nous avons acquis notre indépendance politique  sans coup férir ;  il n’y a pas eu guerre de libération, il n’y a donc pas eu rupture avec la mère patrie. Or sans rupture politique, la situation ne pouvait être  favorable   à la remise en cause des principes et des références acquis ; elle ne pouvait être favorable à la recherche de l’innovation et singulièrement en matière économique. Nous avons donc continué à fonctionner avec les repères français de 1960 et ce qui avait été inculqué dans nos esprits par le biais des enseignements qui nous avaient été dispensés. Traditionnellement le régime démocratique dont nous avons hérité comprend deux composantes  nécessairement  liées dans les esprits parce que c’est ainsi que l’ont conçu les pays qui en dépendent et qu’ils nous l’ont transmis. L’équation est alors la suivante : régime démocratique ou libéral = libertés publiques + libéralisme économique. C’est la formule qui gère notre développement économique ; tous agissons syncrétiquement  en fonction de cette équation et avons fini par nous convaincre de sa justesse en toutes circonstances et aussi de l’impossibilité de la modifier en la remettant en cause. Pourtant et face à l’échec patent de nos politiques économiques et discursivement de la persistance de la pauvreté, nous nous devons de réfléchir sur la  corrélation traditionnelle entre les deux composantes  du régime libéral. La realpolitik nous enseigne qu’il convient de les  dissocier. De notre point de vue un régime démocratique ne devrait se référer qu’aux libertés publiques sans que l’économie libérale lui soit enjointe ipso facto. Au demeurant, le libéralisme économique,  n’a   intrinsèquement rien de bien démocratique. Le système  est géré par un petit nombre de personnes qui détient le capital et qui le fait fructifier pour le  rémunérer et pouvoir payer des salaires à ceux qu’ils emploient pour ce faire. Qu’a cela de fondamentalement démocratique ; qu’à cela à voir avec les libertés publiques ? Ce qui est visé dans tout développement,  c’est en définitive le bien-être du plus grand nombre ; peu importe la manière dont on y parvient ; l’essentiel étant toutefois de  ne pas brimer les libertés publiques et individuelles ; de ne pas étouffer l’initiative privée. Ne cherchons pas  coûte que coûte à fondre dans nos esprits en un seul bloc les libertés publiques en régime démocratique et le développement économique dans le même système. Dès lors l’on devrait pouvoir, en régime politiquement  démocratique, introduire  en matière de développement économique  des  éléments  qui ne répondent pas toujours au principe du laisser-faire en strict capitalisme libéral.

En effet, pour créer la richesse et réduire la pauvreté il faut créer des entreprises et l’Etat n’a pas une politique de création d’entreprises sous le prétexte de libéralisme économique. En régime démocratique classique, l’Etat en est strictement  tenu à l’écart autant dans leur création  que dans leur gestion ; il ne devrait intervenir nulle part  dans le processus. Mais l’on peut voir la chose de façon alternative et la présenter de la manière qui suit. L’on peut supposer  suggérer qu’au  départ  soit mise sur pied une  société mixte qui comprendra d’une part l’Etat  et d’autre part des investisseurs privés dont un établissement financier ; nous pensons principalement  au Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE). La participation  de l’Etat au capital social sera majoritaire au départ pour se réduire au fil du temps.  Dès la troisième année, l’Etat commencera à réduire son capital graduellement  au profit exclusif des autres associés. Sa participation devra  disparaître complètement au cours de la cinquième année d’exercice; il aura alors cédé la totalité de ses parts  nécessairement. Le Fonds prendra une participation à hauteur de 10% ainsi que les textes qui le gèrent l’autorisent. Il présentera également l’avantage de pouvoir garantir les emprunts que les associés pourront être amenés à faire auprès des banques d’affaires et il pourra aussi intervenir dans le cadre de la bonification des intérêts qu’ils auront à payer  auxdites banques. La société mixte sera exonérée d’impôts pendant les cinq années de participation  de l’Etat et l’Etat devra prendre toutes les dispositions utiles pour ne pas laisser l’entreprise avec un passif au moment de son retrait définitif.

   Il s’agit donc d’une stratégie de relais qui, faisant d’une pierre deux coups, donnera aux actionnaires l’occasion de se familiariser avec tous les problèmes de l’entreprise avant d’en prendre l’entière gestion et la pleine propriété tandis que  l’Etat récupèrera entièrement tous les actifs qu’il aura engagés dans le projet y compris les valeurs des  immobilisations quand il s’en retirera. Il aura épaulé des opérateurs économiques et favorisé l’emploi notamment des jeunes.  C’est un coup de pouce que l’Etat donnera ainsi  à l’initiative privée ; il ne prend pas sa place ; il ne la gêne pas non plus ; il l’accompagne  un temps. Ne voilà t-il pas un exemple où l’Etat peut dans un régime politiquement et économiquement de  démocratie libérale, intervenir  pour en définitive booster l’économie libérale ? L’avantage du procédé, c’est qu’il élèvera directement le niveau du PIB et partant celui de la croissance. Il créera des emplois à n’en pas douter et sera la meilleure alternative au chômage des jeunes  dont le taux de chômage est, sauf erreur de notre part, estimé à 50%. Enfin l’avantage de la procédure sera  aussi de donner confiance aux investisseurs privés, nationaux comme étrangers, qui se sentiront ainsi épaulés dans un premier temps par l’Etat lui-même tout en étant assurés de prendre la relève dans un second temps en rachetant les parts de l’Etat. Nous avions déjà, dans une réflexion antérieure, exposé cette façon de voir dans la cadre du forum économique annoncé ;  nous la réitérons parce qu’elle est le point d’ancrage de la nouvelle dimension que nous souhaitons que le PNUD prenne en matière d’assistance à la lutte contre la pauvreté.

Nouvelle orientation de l’appui du PNUD et assistance à la création d’entreprises

En l’état actuel des choses, l’assistance du PNUD qui pourtant nous demande de relever le niveau de croissance de notre PIB comme seul moyen de sortir de la pauvreté, n’est pas prioritairement d’ordre économique. En effet elle vise, d’une part, à appuyer la formulation des politiques publiques destinées à faciliter la réalisation des objectifs du millénaire du développement  et d’autre part, à développer des actions de terrain compatibles avec les principes de développement humain durable ; améliorer l'efficacité administrative des structures de  lutte contre la pauvreté. Encore faudrait-il pouvoir de temps à autre évaluer leur impact réel sur ladite croissance afin de répondre de leur efficacité. Au demeurant il convient de reconnaître qu’outre son appui administratif, le PNUD intervient dans maints projets pouvant impacter directement la croissance économique. Mais force est de constater que de tout cela, conjuguant les efforts du gouvernement et l’appui du PNUD, aucun programme n’arrive à avoir raison de la pauvreté. Lorsqu’une stratégie n’enclenche  pas l’effet escompté, il convient de faire un temps d’arrêt  et se poser des questions. De deux chose l’une.  Ou la stratégie suivie jusqu’alors est  mauvaise et on la remplace purement et simplement ; ou elle est  bonne dans son essence et elle  requiert des ajustements.

Le programme des Nations Unies devrait aider l’Etat à mettre en place la politique innovante de création d’entreprises telle que nous l’avons exposée supra; qui ne gênerait en rien l’initiative et le  libéralisme économique et qui bien au contraire la promouvrait. Pour faire vraiment œuvre utile le PNUD devrait nous aider dans cette voie d’autant que les banques d’affaires ne sont pas prêtes à intervenir dans de telles conditions. Nous convenons que ce sera un tournant capital dans la politique  du PNUD qui depuis 1966 qu’il opère en faveur des pays les moins avancés n’a apparemment pas donné telle orientation à son action. Mais nous devons nous employer à convaincre les responsables de l’institution  qu’ils devront   ajouter à leur assistance la nouvelle dimension que nous proposons. Il s’agira d’une nouvelle orientation de l’action du PNUD qui devrait être étudiée au niveau du plan cadre des Nations Unies pour l’assistance au développement (UNDAF) où s’élaborent les politiques d’intervention après discussions des besoins présentés par l’Etat mais aussi au niveau des partenaires stratégiques du PNUD, institutions et Etats, qui l’accompagnent dans le cadre de la lutte contre la pauvreté .  Nous devons mener des actions hardies   pour obtenir cette  réorientation parce qu’elle est juste ; elle est opportune ; elle ne met pas en cause le libéralisme économique ; elle ne tue pas l’initiative privée ; tant s’en faut. Le PNUD est un organe de  développement ; il nous reviendra d’expliquer que ce que nous lui demandons est effectivement une détente pour atteindre ce développement sans ambigüité possible. Notre pays n’avance pas ; nous n’avançons vraiment pas ; nous reculons et il est bien temps que nous remettions en cause la qualité de l’assistance qui nous est apportée. Si nous qui en sommes  les bénéficiaires, ne réagissons pas elle ne changera pas de direction de par l’initiative des  donateurs. Les partenaires apprécient toujours les idées nouvelles  venant des bénéficiaires eux-mêmes; et, quand bien même ils n’y souscriraient  pas entièrement, ils en retiennent la substance, des éléments novateurs qui permettent d’avancer. Sur la foi des documents auxquels nous avons pu avoir accès nous exposons ci-dessous, à toutes fins utiles, la liste des projets par lesquels le PNUD a apporté, en 2011, sa contribution à la lutte contre la pauvreté.

Ambassadeur Candide Ahouansou

 

 

 

 

Appui à la mise en place des Business Promotion Center 

 

Appui à l’opérationnalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté et du Développement humain durable (OMD-SCRP/DHD)  

 

Projet d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes (PAPEJ)

 

Projet Hydraulique Villageoise (PHV)

 

Centre des Arts et Métiers de la Femme de Parakou (CAMPF)

 

Projet d’Appui à la Promotion de l’Entreprenariat Agricole pour la Transformation Socio-économique  des Zones Rurales(SONGHAI)

 

Projet Villages du Millénaire (PVM)

 

Projet d’Appui au Développement des capacités pour la réalisation des OMD (PADC OMD)

 Ainsi que nous pouvons le constater il s’agit d’assistance visant plutôt à l’amélioration des capacités administratives des structures jugées susceptibles de concourir au  relèvement du niveau de croissance

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