Médias aux ordres, le monolithisme politique à nos portes

A quelque chose, malheur est bon. Dans cette affaire d’empoisonnement manqué, c’est curieusement la victime hypothétique qui semble en tirer plus de dividendes politiques que ses présumés bourreaux. Côte de popularité en hausse, opposition vouée aux gémonies, presse aux ordres, clergé compatissant.

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 C’est Yayi qui se frotte curieusement les mains dans cette affaire. De son tréfonds, Boni Yayi devrait remercier l’auteur de ce «supposé plan» de sa liquidation par empoisonnement. «Qu’il m’a fait du bien», devrait-il murmurer. Le Chef de l’Etat qui a proclamé lors d’une rencontre le samedi 10 Novembre dernier avec des cadres de plusieurs départements du Bénin son invincibilité face à la mort provoquée, doit avoir une satisfaction intérieure. Depuis que cette affaire de tentative d’empoisonnement a été révélée, c’est le cataclysme politique dans le pays.   S’il était vérifié demain que Talon a voulu attenter à la vie du Chef de l’Etat de cette manière, il aurait réussi un exploit inattendu de faire «ressusciter» Boni Yayi dont la côte de popularité ne cessait de dégringoler ces derniers mois-ci du fait de sa gouvernance, a retrouvé une nouvelle jeunesse politique. Il est devenu curieusement la coqueluche de tous. Il reçoit la compassion de religieux, de partis politiques même de l’opposition, mais aussi et surtout des populations des communes qui ont marché une à une pour présenter au Chef de l’Etat leur compassion. On a vu le pays marcher ces derniers jours, et des milliers de Béninois répétant, tel un chorus, que le Chef de l’Etat a frôlé la mort et que Dieu soit remercié. Personne n’a résisté à cette vague de présentation.

Médias caporalisés

Depuis, les chaines de télévision ne montrent que les mêmes activités du Chef l’Etat. La chaîne de télévision privée Canal3, la seule qui dans un passé récent apporte la contradiction et donnait un sens à votre éveil démocratique est tombée dans l’escarcelle présidentielle pour ne pas subir l’ire du Chef de l’Etat qui reproche à cette télévision de l’insulter. Il a fallu la révélation de l’affaire des installations frauduleuses d’émetteur sur les sites de l’Ortb. «Qui veut accuser son chien, l’accuse de rage», dit-on. C’est ainsi que le dernier rempart  est tombé. Aujourd’hui, les quatre chaines de télévision ne montrent que les mêmes choses. Les rares opposants capables encore d’apporter la contradiction n’ont plus accès aux médias. C’est le cas du Parti communiste du Bénin (Pcb) dont la déclaration n’a pas reçu un écho favorable au sujet de cette affaire. Idem pour le communiqué de l’Un qui, mal diffusé, a été vite confondu dans le lot de la kyrielle de sorties médiatiques des membres de la majorité présidentielle.  Plus rien ne peut déranger «Papa Boni», comme lui-même l’a dit.  Le pays vit dans une morosité et un silence inquiétant. La démocratie béninoise, naguère bien estimée à l’extérieur, perd de son piédestal et plonge notre pays dans le lot très grand des pays où règne la démocratie bananière. Yayi, est lui aux anges, fier d’avoir réussi à tirer son épingle du jeu dans une affaire où il était parti pour perdre sa peau.

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