Place de la langue française en Afrique…francophone

Le plaidoyer de l’ambassadeur Jean-Paul MONCHAU porte sur la promotion du français dans le cadre de la Francophonie.  A aucun moment, le diplomate français n’a semblé, à juste titre, mettre en cause cette évidence qu’en Afrique dite francophone, la langue officielle, celle de l’administration, de l’enseignement, des affaires formelles et de la communication au sein d’une large couche de la population, soit encore le français.

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On ne comprend donc pas cette palabre africaine récente, alimentée par cette curieuse dialyse culturelle qu’a été pour le Rwanda et bientôt pour le Burundi, l’abandon de la langue française au profit de l’anglais. Plutôt Shakespeare que Molière ! Par le Dieu créateur du monde, où est le progrès dans tout cela ? Remplacer une langue auparavant étrangère mais qui ne l’est plus parce qu’imposée par l’Histoire, pour une autre langue, véritablement étrangère celle-là ? Pourquoi ? Le Rwanda est un cas pathologique qui peut se comprendre après la névrose post-traumatique du génocide : le Front Patriotique Rwandais étant hébergé depuis longtemps en Ouganda, aucun de ses chefs ne parle français, à commencer par le premier d’entre eux, le Président Paul KAGAME. La solution de facilité bien dans la logique totalitaire en vigueur dans ce pays, a conduit à imposer à tous les francophones locaux la langue des chefs revenus d’exil. Le Congo Démocratique de ce point de vue l’avait échappé belle, parce que là aussi on avait suggéré à un moment donné l’abandon du français pour l’anglais ; parce que KABILA fils venu d’un long exil en Tanzanie, ne comprenait pas un mot de français ; il a dû l’apprendre ! Les élites congolaises, francophiles s’il en fût,  s’étaient radicalement opposé à cette idée qui avait commencé à germer dès la prise du pouvoir par Laurent-Désiré KABILA. Mais si on peut trouver des explications au cas rwandais et dans une certaine mesure au cas congolais, on ne comprend pas du tout ce qui a pu motiver les dirigeants du Burundi à ce vrai viol culturel qui est d’obliger les enfants et tous les cadres burundais à se mettre désormais à l’anglais ! Est-ce pour faire une nique ou une pique à la France ? Infantile ! Les français dans leur grande majorité se foutent éperdument que des Noirs, autres que ceux de leurs Territoires et Départements d’Outre-mer, parlent le français, au lieu d’un parler bantou ou du zoulou ! Cette réaction plutôt étrange de certains de nos dirigeants dont le Chef de l’Etat gabonais, s’avère objectivent être, vingt ans après la fin de la Guerre froide, un moyen de chantage commode pour dictateurs pris en flagrant délit de violation des droits de l’homme. Car la justification avancée en l’occurrence ne convainc guère. En effet, tous les cadres francophones  habitués à des voyages et des rencontres avec des congénères locuteurs de la langue anglaise, savent très bien que c’est un plus pour eux de maîtriser l’anglais. Mais au grand jamais, il ne viendrait à l’esprit de personne dans les pays africains dits francophones, d’accepter de troquer le français pour l’anglais ! Par ailleurs, le français dans ces pays est loin d’être seulement la langue des élites en contacts permanents avec l’extérieur, mais d’une bonne catégorie de gens qui l’utilisent couramment pour communiquer avec leurs concitoyens, bien qu’ils n’aient jamais l’occasion de sortir de leur pays. Eh oui ! Je me sens tout fier devant mes collègues anglophones incapables du même exploit que moi : abandonner mon casque pour suivre directement une communication faite en anglais, au lieu de me fatiguer à suivre difficilement des traductions approximatives ; mais je n’ai nullement l’envie de me muer en anglophone, pas plus d’ailleurs que Madame Adélaïde FASSINOU qui maîtrise parfaitement les deux langues ; pas plus que Florent COUAO-ZOTTI, l’un des écrivains les plus francophiles de chez nous et qui maîtrise parfaitement et le français et… l’anglais ! Jérôme CARLOS, je sais que tu parles parfaitement l’anglais. As-tu envie de faire désormais tes chroniques en anglais ? Faux problème ; palabres inutiles qui nous éloignent des vrais problèmes du développement. La langue est d’abord un instrument. Pour le moment, des Africains de par les vicissitudes de l’Histoire, sont amenés à utiliser qui le français qui l’anglais. Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Pas plus que la Gaule romaine n’a pas subi éternellement le latin. A un moment, les patois locaux au contact de la grammaire et de la syntaxe latines et cela pendant cinq siècles, sont devenus de véritables langues. C’est naturellement qu’ont émergé progressivement d’abord la langue d’oc, la langue d’oïl, puis le français définitivement reconnu comme langue nationale par l’Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539). Aussi le seul défi qui vaille la peine d’être relevé en Afrique, c’est le développement à terme de nos langues nationales. Entretemps, anglais d’accord, mais français d’abord.

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