Retour sur les élections aux Usa : «L’Amérique ne s’est pas construite en un jour…. » Dixit Jean F.Houessou

Dans notre édition d’hier, nous avons publié le point de vue de Pascal Zinzindohoué, sociologue et consultant au siège de l’Us-aid à Washington. Voici pour finir,  l’interview de l’autre Béninois de la diaspora qui réside aux Etats Unis depuis plus de 15 ans,  jean F. Houessou, informaticien et  Consultant chez IBM à  Atlanta.

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Nous rappelons à nos fidèles lecteurs et internautes que les deux compatriotes ont reçu  et répondu au  même questionnaire par e.mail.Nous les remercions chacun pour leur disponibilité et la promptitude avec laquelle ils ont livré le contenu de leurs analyses.

-Avez -vous été surpris par la victoire d’Obama à la dernière élection présidentielle ?

Permettez-moi de préfacer mes réponses en disant que je ne suis pas un spécialiste de sciences politiques ou d’élections , mais un citoyen ordinaire, relativement engagé dans la vie du pays ou je vis.

Cela dit, je n’ai pas vraiment été surpris par la victoire du président Obama, même si comme beaucoup, j’avais une certaine anxiété le jour des élections.

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Les sondages ne lui étaient pourtant pas favorables, qu’est-ce qui, à votre avis,  explique cette victoire ? 

En fait en Septembre les sondages étaient largement favorables au président, et dans la dernière semaine d’Octobre, tous les sondages le donnaient gagnant, même si c’était avec une faible marge.En particulier, il était donné gagnant dans la plupart des « swing States ».

Utilisant des données statistiques intégrant l’ensemble des sondages, un collaborateur du New York Times –Nate Silver- avait estimé quelques jours avant l’élection que la probabilité de réélection du président était d’environ 90% (une quasi-certitude). La veille des élections,  le 5/11, Nate titrait sur son Blog  du New York Times « Late Poll Gains for Obama Leave Romney With Longer Odds » Mais certains au Parti Républicain ne croient pas en la science et voulaient se convaincre qu’ils allaient gagner et qui plus est,  largement… La surprise n’en fut que plus rude…

Pourquoi ?

Trois raisons :

  1. Contrairement aux idées reçues, il y a de réelles différences en matière de politiques entre démocrates et républicains. Certes , tous sont des ardents défenseurs du système capitaliste et de l’hégémonie américaine.
    1. Mais au-delà de ce fonds commun, les démocrates ont une vision « inclusive » de la société ou les faibles ne sont pas laissés sur le bord de la route ou abandonnés aux seules institutions caritatives (dont le rôle est central dans la société américaine). Depuis Roosevelt et le New Deal, les démocrates ont mis en place un « safety net » -qui sans être aussi large qu’en Europe- permet d’amortir les retombées des crises cycliques et de rendre les conséquences du système capitaliste moins dures pour les plus faibles : retraite minimum payée par la Sécurité Sociale, Assurance Maladie pour les vieux au-delà de 65 ans (Medicare), Assistance Médicale pour les indigents et leur enfants (Medicaid, CHIP etc…), assurance chômage minimum subventionnée par l’Etat fédéral, les employeurs et les Etat, prêts bonifiés ou dons pour les étudiants (Pell Grants) etc… Un des enjeux de ces élections était de savoir si pour réduire le déficit astronomique des US, il fallait supprimer ou réduire drastiquement les budgets sociaux, de façon à continuer les réductions d’impôts pour les couches les plus aisées. La majorité de la population américaine –qui n’est pas composée que de millionnaires- tient à ce budget social.
    2. D’autres enjeux politiques recouvrent les aspects « culturels et sociaux » comme le droit à l’avortement, la politique d’immigration, les droits des homosexuels etc… Sur ces questions, l’aile la plus réactionnaire du parti républicain, représentée par les Tea Party, aile dont certains éléments n’ont jamais accepté l’idée d’un président noir, a tiré le parti vers l’extrême droite en en faisant un réservoir et une plateforme du « white Angy man ». Sur ces questions, la majorité de la population américaine (jeunes, femmes, minorités et immigres récents notamment) épouse les positions des démocrates et les républicains ont mal interprété leur victoire aux élections parlementaires de 2010.
      • Le président OBAMA avait une meilleure organisation sur le terrain, ce qui est appelé le « ground game ». Depuis avant 2008, le président a une organisation « Obama for America » qui avec le parti démocrate, fait un travail d’organisation, avec des moyens technologiques avancés, dont l’importance et le rôle n’a été perçu qu’après les élections.
  2. L’Amérique change et les données démographiques ne sont pas favorables au parti républicain qui est resté accroché à sa base électorale traditionnelle sans chercher à s’attirer les jeunes, les femmes, les minorités d’Amérique latine, noires et asiatiques, les nouveaux immigrés…

 

     -un mot sur l’organisation mise en place par les stratèges du camp démocrate.

L’organisation du parti démocrate repose sur la stratégie initiée par Howard Dean, candidat malheureux aux primaires de 2004 et chef du DNC (Democratic National Council) par la suite- consistant à bâtir les structures du parti dans tous les 50 états, cela depuis 2004. Ajoutez à cela l’organisation du président –OFA- et l’utilisation des technologies les plus modernes (entrepôts  de données et data mining) pour capturer et analyser les caractéristiques de l’électorat au niveau le plus détaillé, en utilisant une armée de volontaires.

       -Un mot sur le candidat Romney et  sa stratégie de campagne et les raisons de son échec

Trois raisons :

  1. L’approche économique et le rôle de l’état : Le sauvetage de l’industrie automobile par le président OBAMA et le rôle de l’Etat (Fédéral Emergency Management Agency -FEMA) dans la réponse aux désastres naturels.
    1. Mitt Romney avait publié en 2008 un article dans le New York Times sous un titre retentissant « Let’s Detroit go bankrupt »  indiquant que l’Etat ne devait pas intervenir pour renflouer l’industrie automobile US (GM et CHRYSLER). Le succès du sauvetage de GM et CHRYSLER redevenues profitables et embauchant de nombreux travailleurs a fourni un démenti cinglant à son approche.  
    2. Pendant les primaires républicaines, Mitt Romney pérorant sur la diminution du rôle de l’Etat –fédéral notamment- avait soutenu que l’agence FEMA (qui répond aux catastrophes naturelles) devait disparaitre et son rôle dévolu au secteur privé et aux états locaux.  Quand l’ouragan SANDY a balayé des centaines de maisons sur la côte du New Jersey, beaucoup ont vu que la tâche de répondre rapidement et efficacement aux catastrophes naturelles ne pouvait être confiée au secteur privé ou aux états locaux (même les plus riches comme celui du New Jersey). Second démenti cinglant par les faits

Mitt Romney a construit sa stratégie de conquête du pouvoir sur sa prétendue compétence en matière économique. « I know how the economy works, I know how to create jobs » (je paraphrase, mais ce sont les leitmotivs de sa campagne) en comptant sur la persistance des effets de la crise (fort taux de chômage, revenus des classes moyennes en baisse). Cela n’a pas été suffisant – et les données sans être brillantes s’amélioraient- car des progrès modestes sont en cours, mais par-dessus tout, le président a montré que l’Etat a un rôle à jouer dans la reprise économique, pour assurer un « level playing field », réguler le marché et créer les conditions de l’investissement (infrastructure et éducation notamment). Le président a indiqué que l’absence de régulation, la démission de l’Etat explique en partie la crise dont il a hérité, et les américains ont apparemment compris et/ou accepté cela. Romney qui lui-même n’est pas un extrémiste de droite, a été entraîné à l’extrême droite par la faction la plus réactionnaire du parti républicain (Tea Party et autres) afin de gagner les primaires (cette faction étant plus organisée et plus mobilisée dans les élections primaires républicaines)

  1. Le mépris des immigrés, des minorités, des pauvres.  Deux déclarations illustrent cette attitude qui est caractéristique d’une partie des élites républicaines :
    1. Les propos sur le « Self Deportation » par lesquels Romney suggérait que la vie serait rendue si dure aux immigres qu’ils choisiraient d’eux-mêmes de quitter le pays
    2. Le commentaire sur le « 47% » capturé alors que Romney se croyait entre « gens de bonne compagnie » lors d’une collecte de fonds chez un riche trader de Wall Street. Dans ce commentaire –qui n’est pas une gaffe, mais traduit ce que les riches républicains pensent vraiment et disent entre eux-, Romney disait que 47%  des américains, ceux qui vont nécessairement voter pour le président- sont des assistés, qui pensent que tout leur est dû, ne paient d’impôt, se présentent comme des victimes
  2. L’argent ne remplace pas les hommes et l’organisation  Quoique Romney ait eu beaucoup d’argent, il n’a pas pu ou su mettre en place une organisation intégrée aux communautés pour,  le moment venu mobiliser des gens pour s’inscrire sur les listes électorales et aller voter. De façon anecdotique, quand les partisans du président organisaient des meetings et autres actions sur les campus universitaires, certains républicains se moquaient en disant « ces jeunes- là ne vont pas voter le jour des élections… »…La réalité fut différente, même si la participation des jeunes fut moindre qu’en 2008. Dans l’Ohio, état critique pour la victoire de Romney, le président Obama  avait 131 bureaux affectés àla mobilisation et l’organisation, Romney 39…En Ohio, Romney, le mormon- n’a apparemment pas bénéficié de l’organisation des églises évangélistes, qui en 2004, avaient aidé Bush à gagner cet état et les élections, en déversant par bus entiers des  centaines , voire des milliers de fidèles dans les bureaux de votes au cours des dernières heures de vote…

 

3 En définitive, on peut estimer que la gestion que le président candidat a faite de la crise née des désastres de l’ouragan Sandy  sur la côte- est,  a certainement  influé, comme certains médias ont pu l’écrire, sur le choix des électeurs ?

Oui, en ce sens que les gens ont vu deux choses :

  1. Comme je l’ai dit plus haut qu’il y a des tâches que le privé n’est ni intéressé, ni outillé pour accomplir efficacement, même en Amérique, même dans un des états les plus riches des US.
  2. Que le président a des qualités de leadership évidentes et qu’il peut travailler avec des républicains (comme le gouverneur républicain du New Jersey) si ceux-ci le veulent bien. Cela apporte un autre démenti dans les faits au portrait de sectaire et d’incompétent que les républicains faisaient du président (surtout par contraste à la réponse calamiteuse apportée par George W Bush à l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans)

Dites-nous un mot sur la composition de l’électorat qui a porté son choix sur le candidat Obama. Peut –on dire qu’il a  été  essentiellement élu grâce au vote des minorités, d’autant que certaines statistiques établies  après le vote ont montré qu’une forte majorité de l’électorat blanc a plutôt voté pour Romney?

Selon les dernières statistiques, le président a été réélu avec 39% des voix des   Américains blancs, 55% des voix des femmes américaines (y compris blanches), 71% des voix des américains d’origine asiatique, 73% des voix des américains d’origine  hispanique, 91% des voix des noirs américains…

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais je voudrais ajouter que le président Obama n’est pas très diffèrent des autres candidats démocrates. En 2004 ,le candidat démocrate John Kerry n’avait obtenu que 41% des voix de l’électorat « blanc ».

 

Le président n’a pas été élu parce qu’il est noir ou issu de minorités. Le président a été élu parce qu’il a su rassembler et élargir une coalition politique qui a toujours été la coalition politique des démocrates. Le poids démographique de cette coalition s’est agrandi et le président a maximisé l’avantage traditionnel des démocrates, en mettant l’accent sur des politiques que soutient cette coalition.

 Quels rôles  jouent les swing states ? Et combien y en a-t-il et comment la victoire de l’Ohio a été décisive pour la victoire du candidat démocrate et pourquoi ?

Les swing states sont les états qui votent alternativement démocrate ou républicain aux présidentielles. Au cours de ces dernières  élections ,neuf états étaient classés comme tels par les analystes politiques :  la Floride,  la Caroline du Nord,  la Virginie, le  New Hampshire,l’ Iowa,  le Wisconsin, l’Ohio,  le Nevada, et  le Colorado. Le président a gagné dans tous les swing states sauf en Caroline du Nord. Il faut remarquer qu’à l’exception de 2008, la Caroline du Nord, comme la plupart des Etats du Sud depuis la déségrégation raciale, a toujours voté républicain aux présidentielles. Le président a donc réalisé une performance exceptionnelle, gardant dans le camp démocrate des Etats du Sud (en changement) comme la Virginie, des états de l’Ouest nouvellement conquis comme le Colorado et le Nevada, des Etats traditionnellement démocrates comme le Wisconsin, ainsi que des états  du Midwest comme  l’Iowa et  l’Ohio  (à forte majorité blanche). La Floride, en dépit des manœuvres du gouverneur républicain (les files d’attente étaient telles que des gens votaient encore à 1h du matin !) est restée dans le camp démocrate. L’Ohio était certes important, mais a posteriori, on voit que le président aurait pu gagner sans l’Ohio (18 grands électeurs), sans la Floride (29 grands électeurs) car il aurait eu 285 grands électeurs, soit 15 de plus que le minimum… Par ailleurs Romney –le mormon- n’a apparemment pas bénéficié de l’organisation des églises évangéliques qui avaient déversé par bus entiers des centaines –voire milliers – d’électeurs en OHIO en 2004, permettant à George Bush de gagner  l’Ohio et de battre John Kerry…

 Revenons sur la campagne  proprement dite : de l’avis de nombreux observateurs, les débats télévisés entre les deux candidats  n’ont  aucun effet  sur le choix définitif des électeurs .Pourtant le  président -candidat a commencé véritablement  à sombrer dans les sondages à  la suite de ses piètres performances au cours du premier débat. Comment expliquez-vous cela ?

Je n’ai pas pu voir le premier débat, mais il semble que ce débat a permis à Mitt Romney de se présenter en alternative crédible, en présidentiable, ce qui n’était pas le cas en Septembre. Cela semblerait suggérer que les débats jouent un rôle, même si à la fin, les choix politiques et l’organisation me paraissent déterminants. Les débats permettent de communiquer les choix politiques à un large auditoire  qui ne va pas aux meetings et ne suit pas l’actualité au quotidien.

 

D’où vient toute cette masse d’argent collecté par chacun des principaux candidats et à quoi sert-il, cet argent ?

Le financement des campagnes est règlementé et je ne suis pas un juriste spécialiste de la question.

Mais l’an passé, la cour constitutionnelle a autorisé les entreprises à financer de façon anonyme et illimitée les campagnes, ce qui a donné naissance aux super PAC (Political  Action Committee) qui ont déversé  des milliards dans cette campagne apparemment à fonds perdus…

Traditionnellement ,les campagnes sont financées par des individus (avec des limites) et des entreprises à travers les PAC (non super). Les candidats font appel à la générosité de leurs supporters (le président OBAMA aurait un fichier de plus de 3.5 millions de petits donneurs), chacun pouvant donner jusqu'à 250  dollars par cycle durant les primaires, la même chose pendant l’élection proprement  dite. Le président OBAMA, plus qu’aucun autre candidat –démocrate ou républicain – a maximisé ces dons des petits contributeurs, sur Internet notamment. Au-delà de ces contributions, les candidats organisent des « events » ou les participants paient des sommes plus élevées pour avoir la chance de côtoyer –de plus ou moins près selon sa contribution- le président ou le candidat. Ce sont des déjeuners, dîners où il faut payer des dizaines de milliers de dollars pour participer (un « event » organise par Jay Z dans son club 40 de New York avait un droit d’entrée de 40 mille dollars par tête…).

L’argent sert à payer les spots publicitaires à la radio, télé (principal poste de dépense), dans les journaux, à financer le déplacement des candidats, le matériel de campagnes etc…, mais aussi à créer les organisations, payer des permanents chargés d’entraîner et d’ encadrer les volontaires etc…

L’utilisation des fonds de campagne est règlementée et les abus punis (même si beaucoup échappent probablement à la loi). En aucun cas l’argent ne sert à payer les électeurs pour leur vote.

 

Quelles leçons pensez-vous qu’on puisse  en tirer pour un pays comme le Bénin en matière de financement de la campagne et de la destination des fonds ainsi collectés ?
Personnellement, je suis pour le financement public et limité des campagnes. A défaut, les lois sur le financement des élections doivent être spécifiques et appliquées avec rigueur. On se souvient que John Edwards, le candidat démocrate à la vice-présidence en 2004 a dû passer par un procès (ou il fut acquitté) pour des accusations de violations des lois sur le financement des campagnes. On aimerait voir cela chez nous.

 

-Parlons du système électoral américain. Les observateurs extérieurs de la vie politique américaine sont toujours frustrés de voir que la plus grande démocratie du monde repose sur un système électoral conçu i l y a plus de deux cents et qui fait élire le président par un collège de grands électeurs  qui fait apparemment fi du principe « un homme une voix »
Le système n’est peut-être pas parfait, mais avant de le critiquer, et de demander son remplacement, il convient de comprendre les motivations qui sont à la base. D’abord il faut se souvenir que les Usa sont un état fédéral et que l’étendue respective des pouvoirs fédéraux et locaux est une question constamment en débat aujourd’hui comme il y a 200 ans.  Rappelons aussi que le Senat français est élu au suffrage universel indirect (grands électeurs) sans que personne n’y voie une atteinte à la démocratie.

Sans être un spécialiste des institutions américaines, je m’aventurerais à dire qu’à la base (ou comme résultat imprévu) du mécanisme des grands électeurs, il y a une certaine idée de la protection des droits de la minorité, de la protection des droits / intérêts des petits Etats.

D’abord, l faut dire que le nombre de grands électeurs dont dispose un Etat est fonction de sa population, donc quelque part l’idée de représentation en fonction du poids démographique est prise en compte.

Le recours aux grands électeurs permet que les petits états jouent un rôle dans l’élection du président et qu’une certaine attention leur soit accordée. Imaginez l’importance qu’aurait le New Hampshire avec sa population de 1.3 millions si on avait une élection basée sur le suffrage universel direct ?

Avec le suffrage universel direct, la stratégie électorale des candidats (et quelque part leur attention postélectorale…) serait concentrée sur les grands centres urbains –notamment des côtes Est et Ouest- (New York, LA, Chicago, Houston, Miami…)  dont le contrôle assurerait une majorité quasi mécanique. Or la vitalité de l’Amérique, c’est aussi ce mélange de mégapoles et de petites bourgades de campagne, de vastes plaines à faible densité de population et de grands centres urbains hyper concentrés.

Il me semble que le suffrage universel indirect permet une représentation raisonnable de l’électorat et à de rares exceptions près (la victoire de Bush en 2000) le vainqueur en termes de grands électeurs a aussi la majorité ou la pluralité des votes. Le président Obama a été réélu avec 332 grands électeurs sur 539 ou 540 et avec plus de 3 millions de vote d’avance soit50.5%  des votes contre 48% a Romney.

 

 Pensez-vous que le système électoral américain puisse être amélioré dans un avenir proche  vers  une meilleure prise en compte du vote populaire (une petite dose de proportionnel) de manière à éviter le précédent de l’année  2000 où on assisté à l’élection du président Bush au détriment d’Al Gore ?
Je pense –mais je peux me tromper- que les résistances sont trop fortes pour envisager un changement à court terme. Un tel changement demanderait un amendement constitutionnel qui ne peut être voté par le Senat (ou les petits Etats sont majoritaires), ni par la population qui a une suspicion naturelle envers les élites des grands centres urbains. Ce n’est pas pour rien que le populisme du Team Party opposant « Small town America «  -pompeusement baptisé  Real America- a eu un certain écho dans la population. A mon sens ce n’est pas un problème urgent pour l’Amérique. Il y a des questions électorales plus pressantes, comme celles de garantir le droit effectif de vote, empêcher les manœuvres des secrétaires d’état (responsables des élections dans chaque état) partisans comme la fameuse Catherine Harris de Floride en 2000, ou des gouverneurs comme celui de Floride qui en réduisant le nombre de jours de « Early vote »(ndlr :vote anticipé) à cause ces longues files d’attente en Floride qui ont pu décourager certains électeurs…

 Quelles leçons pour les pays africains et le Bénin en particulier ? Dans le contexte béninois, la mise en place d’un système de grands électeurs, comme en Afrique du sud par exemple où le président est désigné  par un parlement élu au suffrage universel,  peut-elle résoudre le problème de l’analphabétisme et leurs  corollaires que sont  la fraude électorale et la corruption?
C’est peut être une piste à envisager… Personnellement, je suis partisan de mettre en œuvre les lois et systèmes existants avant de penser à en changer…

Une question plus intéressante est le choix entre régime parlementaire et régime présidentiel ou semi présidentiel ?

Une dose de parlementarisme pourrait réduire la déification des chefs d’état qui se prennent pour des monarques des temps modernes, dans des conditions où l’équilibre des pouvoirs et les contrepouvoirs qu’on observe dans la démocratie américaine  n’existent pas.

L’effort devrait porter à faire fonctionner les institutions –y compris de contrepouvoir- de façon réelle et efficace-, de mettre en application les lois existantes, y compris les lois électorales, avec un fichier électoral crédible, des procédures de vote et d’homologation des résultats crédibles, réprimer durement la fraude électorale, l’achat de voix et de consciences.

L’Amérique ne s’est pas construite en un jour, et nous devons faire notre apprentissage. Mais cinquante après les indépendances, avec l’accélération du progrès et de la communication, on a le droit d’être exigeant et impatient….

NOTA BENE : Nous  avons adressé le même questionnaire au professeur  béninois de la diaspora, Léonard Wantchékon qui enseigne à la célèbre université de Princetown .Bien qu’il ait donné son accord  de principe, il n’a pu se rendre disponible avant notre départ de Boston. Ce n’est que partie remise !

Jean F.Houessou
Consultant chez IBM, Atlanta

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