Sur les traces d’un témoin de son temps

" Des traces de pas sur le rocher". C'est le titre de l'ouvrage qui marque, cette semaine, l'actualité du livre dans notre pays. Il s'agit des mémoires d'un immense Béninois, le Dr Basile Adjou-Moumouni.

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Il n'est pas inutile de préciser qu'il a 90 ans. Voilà qu'il n'a pas cherché à tirer prétexte de son grand âge pour se dérober à un devoir: se dire pour dire les autres; dire sa vie pour dire la vie; faire dire à la vie ce qu'il convient de retenir de sa vie. SPL Editions, une jeune entreprise, béninoise de surcroît, accompagne de son cachet éditorial ce grand livre.  L'ouvrage sera officiellement lancé et présenté au public ce vendredi 23 novembre 2012.

Les Mémoires sont un peu comme un autoportrait. Il s'agit  d'une relation écrite qu'une personne fait des événements auxquels elle a participé ou dont elle a été témoin. Il faut y voir, au-delà de la lettre, un héritage spirituel. L'auteur fait, en quelque sorte, l'offrande de sa vie à des héritiers anonymes. L'auteur accomplit un  devoir de mémoire. Le lecteur-héritier peut ainsi garder la mémoire des couleurs, des rumeurs et des humeurs d'une époque donnée.

Nous sommes tous à la fois acteurs et témoins de notre temps. Ici, l'espace public  ne vaut pas plus que l'espace privé. Tout est dans la qualité du témoignage et du témoin. A la barre de l'histoire, nous pouvons en appendre davantage du promeneur solitaire que de l'homme public. Pourtant, le premier aura traversé son temps presque dans l'anonymat, loin du flonflon de l'actualité. Alors que le second aura vécu sous les feux de la rampe ou sous les lambris dorés des palais d'Etat. Une seule condition: que l'un et l'autre fixent leur témoignage, le consignent sur un support, autorisant ainsi de partager avec d'autres leur part de vérité sur eux-mêmes et sur leur temps.

Le Dr Basile Adjou-Moumouni a accepté de témoigner. Avec "Des traces de pas sur le rocher", il sort son témoignage du cercle privé des bouts de souvenirs évoqués, des brins de confidences distillées, des fragment de vérités assenées. Son témoignage suit le destin du livre. A savoir qu'une fois  que celui-ci a franchi le pas du domaine public, il n'appartient plus tout à fait à son auteur. Il doit subir l'assaut des regards  croisés et contradictoires. Il doit passer au crible de la critique des uns. Il doit se soumettre à la contre-expertise des autres. C'est un peu l'auteur qui se convoque lui-même au tribunal du public. Il doit répondre de chaque ligne, de chaque page de son ouvrage comme témoin à charge ou à décharge.  

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Pour en revenir à "Des traces de pas sur le rocher", le témoin s'est mis dans le rôle d'un guide. Nous tenant par la main, il nous fait faire le tour de sa vie. Il nous fait rentrer dans la forêt dense d'une vie, la sienne. Ce qui ne nous empêche pas de découvrir ses parents et ses proches, ses amis et ses condisciples, ses maîtres et ses collègues. C'est un décor qui est campé. C'est un environnement qui est reconstitué. C'est une ambiance qui est donnée à vivre.

Dans cette immense galerie de portrait chacun apparaît à la lumière des souvenirs de l'auteur selon l'intérêt qu'il lui porte, le degré d'amitié qui les lie, la place tenue ou le rôle joué dans sa vie. Mais chacun ainsi situé est une histoire particulière, bien à sa place dans la trame de l'histoire générale d'une vie, d'une époque, d'une institution, d'un pays. On peut comprendre de ce fait que les Mémoires s'ordonnent comme des monographies. C'est un peu le singulier qui aide à s'élever à hauteur du général et du pluriel.

Admirons ce grand et beau pagne sur le métier à tisser du maître tisserand. On ne peut imaginer ce chef d'oeuvre, objet de notre admiration, sans tous les fils de diverses couleurs qui en constituent la trame. Les témoignages des Béninois, comme a su le faire le Dr Basile Adjou-Moumouni, sont attendus. Ils seront comme autant de fils qui, en se croisant, en s'entrelaçant, aideront à  créer,  à reconstituer, à donner vie. Car il s'agit de nous réapproprier notre mémoire collective, notre histoire. Le Dr Basile Adjou-Moumouni en se pliant, pour sa part, au devoir de témoigner, appelle chacun de nous à un devoir de mémoire, synonyme d'un devoir patriotique. Car, tel qu'il est écrit dans l'Histoire générale de l'Afrique, Tome 1, Unesco : " Vivre sans histoire, c'est être une  épave sans racine, ou alors un arbre coupé qui cherche à se brancher sur  des racines étrangères." Merci, Dr Basile Adjou-Moumouni de nous  le rappeler. Nous nous en souviendrons.

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La Nouvelle Tribune

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