Ultimatum du Chef de l’Etat contre le «Kpayo» : les contrebandiers contre-attaquent

Camouflage du produit, décision de grève. Les contrebandiers de l’essence frelatée communément appelée «kpayo» ont entamé depuis hier, lundi 26 novembre 2012, une contre-offensive à l’ultimatum lancé par le Chef de l’État contre le trafic du «kpayo».

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Les étalages de vente de l’essence frelatée vides, tables, bouteilles et autres objets constituant des «stations informelles de kpayo», tous rangés. Les contrebandiers de l’essence frelatée sont en grève. Une grève d’une semaine pour contrecarrer les actions répressives menées par les éléments de l’armée nationale qui est mise à contribution dans la lutte contre la contrebande de l’essence frelatée venue du Nigeria. Et pour «montrer leur importance dans le secteur pétrolier au Bénin», les revendeurs de l’«or noir» devenu rare à Cotonou et environs depuis le depuis de la répression, affirment qu’ils ne vont pas croiser les bras alors que leur gagne-pain est en train de leur être arraché sans qu’aucune perspective de remplacement ne soit en vue. «On nous a parlés de reconversion en pompiste dans les stations-service, mais jusque-là aucun signe alors que nous devons envoyer nos enfants à l’école, les nourrir et les soigner», s’est offusqué un revendeur de «kpayo». «La grève qui a débuté timidement hier lundi, sera effective aujourd’hui», prévient Beaugard, un grossiste joint au téléphone.

Contournement

Face à l’ultimatum du Chef de l’État, Boni Yayi qui veut assainir le secteur pétrolier, les revendeurs de l’essence frauduleusement importée dans le pays développent plusieurs stratégies. Outre la contre-offensive, ils usent de toutes les ruses pour passer à travers les nasses mises en place pour la répression. Les bidons de «kpayo» sont désormais camouflés dans des véhicules de transport de produits vivriers. Selon des sources, des bidons pleins de l’essence frelatée camouflés dans un véhicule transportant des vivres auraient été saisis hier par les éléments de l’Armée béninoise.
La bataille entre revendeurs et le gouvernement semble ainsi lancée, pourvue que les consommateurs dont le calvaire a débuté, n’en pâtissent pas.

Les consommateurs souffrent déjà le martyre

Marathon imprévu. Durant plus de la moitié de la journée d’hier, les usagers des stations d’essence frelatée de la ville de Cotonou et environs ont souffert le martyre. Et pour cause, les vendeurs du Kpayo qui pullulent habituellement les coins et les recoins des quartiers et les artères de la ville ont déserté les lieux. Sept heures du matin de ce premier jour de la semaine. Les embouteillages traditionnels occasionnés par le nombre impressionnant de Béninois qui se bousculent tôt les matins pour vaquer à leurs occupations quotidiennes suivent leur cours. Nous sommes au carrefour Houédonou dans la commune d’Abomey-Calavi. Alors que Jules, un conducteur de taxi moto attendait impatiemment le retour du feu vert pour continuer son chemin comme d’autres d’ailleurs, sa moto s’éteint. C’est le début d’un calvaire de trois heures. Il descend et se met à trimballer sa moto pour se faire dépanner par un vendeur de kpayo. Hélas pour lui, il doit pousser plus que prévu. Trente minutes plus tard, nous sommes à Godomey à la descente de l’échangeur, la scène est plus désolante qu’on ne l’imaginait. Près d’une dizaine de motocyclistes, conducteurs de zem, jeunes fonctionnaires, étudiants…font comme Jules. « C’est pour éviter de me faire rattraper par l’embouteillage que je me suis réveillé depuis 5 h 30 mn, voilà, je suis encore là », se désole un motocycliste résidant à Calavi-kpota. Et à un étudiant d’ajouter, « j’ai une composition tout à l’heure et avec tout ceci, je risque de ne plus pouvoir me rendre au cours ».

Bout du tunnel. Après plus d’une heure de footing, les motocyclistes, certains essoufflés, d’autres plutôt énervés, aperçoivent enfin un coin de ravitaillement. Il s’agit de la station Sonacop de Menontin. On pouvait penser à la fin d’une longue épreuve des nerfs et des muscles, mais c’est encore le début d’une autre. Il faut respecter l’ordre d’une file indienne déjà composée d’une vingtaine d’autres motocyclistes pour s’offrir le précieux liquide. Cependant, Jules et ses compagnons, n’ayant d’autres choix, ont dû passer encore près d’une heure en attendant leur tour avant d’être servis. Mais ils ne sont pas les seuls à subir ce calvaire. Un tour dans la ville de Cotonou a permis de constater qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé. Il est à signaler que vers dix-sept heures, dans l’après-midi de cette même journée, il a été observé, une reprise timide de service des stations informelles d’essence.
Camille A. Segnigbindé

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