Non encore officielle, la nomination de Jules-Armand Aniambossou comme ambassadeur du Bénin en France fait grincer déjà des dents. Dans la coterie politique qui entoure Yayi comme dans le monde des diplomates, le choix n’est pas très apprécié. Et pour cause.
C’est sur les bords de la Seine, loin des tractations politiciennes et des fiches de propositions à la Marina, que le Chef de l’Etat est allé repêcher le nouvel ambassadeur du Bénin à Paris. Sauf bouleversement de dernière heure, Jules-Armand Aniambossou devrait occuper le bureau de l’Ambassade du Bénin, avenue Victor Hugo à Paris. Consécration pour ce quinquagénaire ? Non, Jules-Armand Aniambossou devrait juste changer de lieu de travail dans un pays qu’il connaît bien, dont il est un digne citoyen et pour lequel il travaille depuis des décennies. En effet, le successeur de Albert Agossou – rappelé à Cotonou dans des conditions obscures pour l’affaire de l’empoisonnement – est, dit-on un haut fonctionnaire de l’Etat français. Selon La Lettre du continent, « il est diplômé de l’école des mines de Douai (nord de la France) et ancien élève de l’Ecole nationale d’administration (promotion Léopold Séddar Senghor 2002-2004) et sous-préfet. Il est actuellement secrétaire général de « Power direct énergie, une entreprise de fourniture d’énergie cotée en bourse ». Il s’agit ici d’un homme de nationalité française, qui connaît bien l’administration et la vie politique françaises puisqu’il a été sous-préfet, et qui a tutoyé des hommes d’Etat français. D’ailleurs, précise la même source, il serait très proche de Claude Guéan qui l’a présenté à Boni Yayi lors d’une visite de celui-ci à Paris. Ce sont sûrement ces atouts qui ont milité en sa faveur. Le Chef de l’Etat, un peu perturbé dans ses relations avec Paris à cause de l’affaire Talon et du départ du pouvoir de Nicolas Sarkozy, avait besoin de quelqu’un qui a ses entrées dans les milieux politiques, afin d’être plus côté à l’Elysée. Seulement voilà, Jules-Armand Aniambossou, malgré son passé politique, n’a pas la carrure d’un diplomate. L’ingénieur des mines a beau être politicien, mais … Et c’est justement l’un des griefs qui circulent contre lui à Cotonou, dans les cercles fermés des diplomates, où il passe pour un intrus. On se rappelle qu’il n’y a pas si longtemps que ça, des diplomates en poste au ministère des affaires étrangères avaient boudé, par le truchement de leur syndicat, la nomination d’un non-diplomate comme ambassadeur. Ils ont fustigé le fait que notre pays possède assez de diplomates pour qu’on puisse les abandonner et nommer des amis politiques et des parents. Ils ne sont pas les seuls à bouder dans le silence cette nomination plausible. Il y a aussi des hommes politiques, des gens très proches du Chef de l’Etat qui lorgnaient le poste. Certains ont mouillé le maillot pour l’élection et la réélection de Boni Yayi et attendent un retour de la manivelle. Des ministres du gouvernement actuel étaient cités pour prendre ce maroquin. Tous ont déchanté. Aussi, peut-on s’inquiéter que le Chef de l’Etat confie un poste aussi stratégique de la diplomatie béninoise à un fonctionnaire français. Il réalise, en plus d’avoir réussi à trahir habillement et les diplomates et les hommes politiques, l’exploit de mettre Jules-Armand Aniambossou dans une situation délicate. Celui d’un homme contraint à ménager constamment la chèvre et le chou pendant des années, en défendant et en servant les intérêts de son pays d’origine face au pays dont il détient la nationalité et à qui il doit tout.
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