Bénin: Standard & Poor’s confirme les notes « B/B » avec une perspective modifiée à « négative »

La perspective attachée à la note à long terme de la République du Bénin a été modifié le 10 décembre 2012 de « stable » à « négative » par Standard & Poor's Ratings Services (S&P). Dans le même temps, les notes à long et à court terme « B/B » ont été confirmées.

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Le risque de transfert et de convertibilité (T&C) est évalué à « BBB- ». Ceci indique l’appréciation du risque que la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) restreigne l'accès aux devises étrangères nécessaires au service de la dette.

Justification de la notation de S&P

La note du Bénin est contrainte par la faiblesse de son revenu par habitant (800 dollars en 2011), l'étroitesse de sa base économique et une position externe affaiblie. Par ailleurs, S&P considère que le leadership politique et un consensus social ont fait jusqu’à présent défaut pour permettre la mise en œuvre de réformes clés dans les domaines de la fiscalité, de l’environnement des affaires et de la gouvernance dans les secteurs phares de l'économie, tels que le coton et l'activité portuaire.

La note est soutenue par une dette publique modérée, suite à l'allègement de dette accordé par des créanciers bilatéraux et multilatéraux dans le cadre du Programme Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et de l'Initiative Multilatérale d'Allègement de la Dette (IADM). La note est également soutenue par des dons et un recours au financement concessionnel, conformément aux engagements post-PPTE et IADM, lesquels maintiennent le service de la dette publique extérieure à un niveau relativement faible.

Croissance du PIB réel

Selon les prévisions de S&P, la croissance du PIB réel par habitant du Bénin restera faible en 2012, à moins de 1 %, même si l'activité devrait bénéficier de la performance satisfaisante de la production vivrière, d'une hausse de la production de coton, liée à un soutien exceptionnel des autorités publiques, ainsi que de la reprise des activités du Port de Cotonou, soutenues par la vigueur de la croissance nigériane. L'inflation devrait progresser à 7 % en 2012 suite à la réduction des subventions aux prix de l’essence au Nigeria. Cependant, sous réserve d’une production alimentaire normale, l'inflation devrait renouer avec un niveau d'environ 3 % dans les prochaines années.

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À moyen terme, la croissance du PIB par habitant devrait rester contenue, autour de 1 %. Le secteur du coton et le Port de Cotonou, piliers de l'économie béninoise, sont sujets à un certain nombre d'incertitudes. Le gouvernement n'a pas encore proposé de plan clair pour ces deux secteurs, après avoir annoncé au printemps 2012 la renationalisation temporaire d'une partie du secteur du coton et la suspension au Port de Cotonou du Programme de vérification des importations (PVI), un élément de sa réforme fiscale. Les infrastructures de transport restent également insuffisantes.

Malgré la réélection du président Boni Yayi au printemps 2011 et l'importante majorité dont il bénéficie au Parlement, le gouvernement n'a pas réalisé de progrès significatifs dans la mise en œuvre de réformes clés en matière fiscale, de climat des affaires et de compétitivité économique.

L'environnement des affaires et le processus d'élaboration des politiques publiques sont même devenus plus imprévisibles. Le gouvernement a temporairement renationalisé certaines activités dans le secteur du coton et suspendu une réforme prévue de longue date, dont l'objectif était de renforcer l'efficacité opérationnelle du Port de Cotonou et d'accroître les recettes douanières.

L’endettement public reste contenu, avec une dette publique nette inférieure à 20 % du PIB.

Cependant, la structure des dépenses du Bénin ne semble pas soutenir la croissance.

Le gouvernement consacre 45 % des recettes budgétaires à la masse salariale, soit plus que ses pairs et que le critère de convergence de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), fixé à 35 %. Parallèlement, le gouvernement a jusqu’à présent montré une capacité limitée à étendre la base fiscale. Dans ce contexte, les arriérés de paiements rapportés par les fournisseurs du secteur privé constituent un indice supplémentaire de faiblesse de la gouvernance fiscale.

Le déficit courant du Bénin devrait rester élevé, à un niveau à peine inférieur à 10 % du PIB cette année, avant de diminuer légèrement. Ce niveau peut être surestimé en raison de réexportations non comptabilisées vers le Nigeria. Toutefois, la hausse des engagements externes nets témoigne d’un accroissement des déséquilibres externes. En l'absence d'une amélioration significative des infrastructures de transport, nous ne tablons pas sur une croissance forte des échanges commerciaux avec les pays voisins. Par ailleurs, le prix des importations de carburant (soit plus de 30 % des importations totales) a augmenté après la baisse des subventions au Nigeria. Enfin, en l'absence de cadre institutionnel clair pour le secteur du coton, les perspectives d'une hausse durable des exportations de coton restent incertaines.

Perspective : « négative »

La perspective négative indique que S&P estime à au moins une chance sur trois la possibilité d’abaisser la note souveraine du Bénin durant les 12 prochains mois. S&P pourra abaisser cette note si la position extérieure du Bénin continuait de s'affaiblir ou en cas d'interruption du processus de réforme dans les secteurs-clés de l'économie et de la fiscalité. La perspective négative reflète également les risques de détérioration de la gouvernance budgétaire, notamment en l’absence de budgétisation de la nationalisation partielle du secteur du coton.

À l'inverse, les notes pourraient rester inchangées si S&P estime que des progrès significatifs ont été faits pour dynamiser les secteurs-clés de l'économie (notamment le coton et les activités portuaires), pour répondre aux problèmes de compétitivité et dynamiser les exportations et, ce faisant, soutenir les comptes externes et budgétaires.

Agence ECOFIN (partenaire)

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