Bilan de l’année 2012 (partie 1) : une saison de procès Vip au Bénin

Au Bénin, l’année 2012 qui est à sa fin, ce jour 31 décembre, a été marquée, entre autres, par des poursuites judiciaires contre des personnalités importantes de la République.

S’il était demandé à n’importe quel observateur averti de la vie sociopolitique béninoise de faire un bilan de l’actualité Nationale en 2012, il passera sans doute du temps sur les procès et autres affaires en justice dans lesquels sont impliqués des personnalités importantes du pays. Les défilés de personnalités politiques, économiques ou sociales au tribunal et dans les commissariats (commissariat central de Cotonou), les béninois en ont vu à foison en 2012. Au total, 9 dossiers du genre ont marqué l’actualité béninoise les douze derniers mois. En moyenne un dossier chaque 40 jours.

Talon-Agbo : Des proches en bourreau?!

26 avril 2012. Patrice Talon, le magnat du coton est arrêté et mis en garde à vue au Commissariat centrale de Cotonou. Motif : sa présumée implication dans une affaire de détournement de fonds et de tripatouillage de statistiques pour le compte de la campagne coton 2011-2012. Le lendemain, il est présenté au Procureur de la République, puis libéré plus tard, pour complément d’enquête. Comme s’il fallait que ça commence par lui, l’arrestation de Talon, réputé dans l’opinion comme proche du Président de la République, venait ainsi ouvrir une vague de dossiers Vip. Qui vont surtout marqué le second semestre de l’année.

03 Octobre. Six mois après Patrice Talon, Lionel Agbo, un autre proche collaborateur du Président de la République se retrouve devant les tribunaux. Pour son cas, il s’agit d’un «crime d’opinion». Cet ancien Conseiller spécial du Président de la République et porte-parole de la Présidence est poursuivi pour diffamation et offense au chef de l’Etat par Boni Yayi et son entourage. Propos incriminés : les déclarations de Me Agbo le 18 septembre sur l’existence d’une certaine corruption dans l’entourage du Président Yayi. Après environs trois mois de procès à suspense et à rebondissements, rendez-vous est pris pour janvier 2013.

Todjinou-Houndété : les prisonniers de ‘’l’assurance’’

Les Béninois n’y comprenaient rien. Mais le Procureur était convaincu qu’il faisait respecter la loi. 16 octobre, Pascal Todjinou, Secrétaire général de la CGTB, figure de proue du monde syndical béninois, est arrêté pour défaut d’assurance de sa voiture accidentée. Présenté au Procureur le lendemain, il est déféré à la prison civile de Cotonou. C’était une grande première au Bénin: un citoyen jeté en prison pour défaut d’assurance. Le Procureur fonde sa décision sur la loi 65-1 du 04 mars 1965 rendant obligatoire la souscription d’assurance pour tout utilisateur d’un véhicule terrestre à moteur. Le 22 octobre, Pascal Todjinou est libéré après un procès de plusieurs heures. Il est astreint à payer une caution de 75 000 fcfa. Ses avocats, avec en tête de liste Me Joseph Djogbénou, avance la caducité de la loi de 1965 et la primauté du code Cima. C’est l’avènement de la jurisprudence Todjinou.

Erreur! Deux semaines après Todjinou, le 31 octobre plus précisement, Alice Albertine Ebounakery Houndeté, épouse d’Eric Houndété, député de l’opposition à l’Assemblée nationale, est à son tour arrêtée pour défaut d’assurance de son véhicule accidenté. Elle est libérée avec sous une caution de 100.000 fcfa le 05 novembre. 

Christelle Houndonougbo : la patronne malchanceuse

2012, est sans doute une année noire pour Christelle Houndonougbo, la Conseillère technique au sport du ministère béninois des Sports et Loisirs. Pour «coups et blessures ayant causé la mort» de sa domestique nommée Ramayatou, Christelle Houndonougbo a été mise en détention préventive à la prison civile de Cotonou le 14 décembre. 

La nouvelle du décès de la domestique de la Conseillère technique au sport était tombée quelques jours plus tôt. Les versions sur les circonstances du décès étaient diverses. Selon des sources proches du dossier, certains une parlent d’une mort intervenue suite à de sévères châtiments corporels qui lui auraient été infligés par sa patronne, Christelle Houndonougbo. D’autres dont Christelle Houndonougbo ont évoqué la thèse du suicide, affirmant que Ramayatou se serait pendue. Plus de détails dans les prochaines heures. L’examen du corps de la domestique par un médecin légiste aurait conclu une mort suite à des coups et blessures sévères. L’affaire est pendante. Le malheur ne vient jamais seul.

Enquêtes en cours

Affaire port sec de Tori Bossito, Affaire Ortb -Canal3/Bell Bénin, affaire construction du nouveau siège du parlement. Ce sont là des dossiers dans lesquels sont impliqués des personnalités politiques, proches collaborateurs du chef de l’Etat. Pour chacun de ces  affaires, les enquêtes sont en cours. Entre autres personnalités impliquées, Edouard Ouin Ouro, ancien Secrétaire général de la Présidence de la République, Bio Sawé, directeur de cabinet du ministre de l’Economie maritime, Joseph Ahanhanzo-Glèlè, ancien Directeur général (Dg) du port autonome de Cotonou, Issa Salifou, député «mouvancier» à l’Assemblée nationale, Julien Pierre Akpaki, ancien Dg/Ortb et François Noudogbéssi, ancien ministre de l’Urbanisme. De toutes ces affaires, la plus attendue est celle de la présumée tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat. Sur ce dossier qui a éclaté en septembre,  le juge d’instruction continue ses enquêtes. Des personnalités comme Patrice Talon et Olivier Boko (hommes d’affaires), Moudjaidou Soumanou, ancien ministre de l’Industrie, le Commandant Cissé, médecin traitant du chef de l’Etat et le Président Boni Yayi lui-même sont concernés.

L’année 2013, qui commence demain, ne sera pas différente sur le plan des procès Vip de 2012. En dehors des affaires relatives au défaut d’assurance, toutes les autres sont en instance, soit à la justice, soit à la police. A demain!

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