Cette presse qui agonise…

(Quand un confrère force notre admiration et notre respect !) Nous publions ce jour cette excellente chronique de notre excellent confrère Arimi Choubadé Dp du quotidien Le Nokoué, sans commentaire. Parce qu’il dit tout haut ce que nombre d’entre nous pensent tout bas, pour ne pas donner l’impression de laver le linge sale  …en public.

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Mais le moment est venu de crever l’abcès …dans l’intérêt de la démocratie et pour que notre presse cesse d’être aux ordres.

Cette presse qui agonise…

L’ami Basile Tchibozo ne décolère pas depuis la désignation des membres de la nouvelle mandature de l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias (Odem). Une sainte colère du Directeur de publication du quotidien Challenge qui en dit long sur une presse béninoise en roue libre et pourrie. Une corporation aux allures d’une confrérie fermée et contrôlée par un petit noyau (4 à 5 individus) éclairé. Les « révoltés » ayant espéré et attendu pendant des années se désolent de ne pouvoir intégrer le cercle des banquets, et d’être confiné au rang de roue de secours. Les gourous ne veulent toujours pas admettre en leur sein de nouveaux membres. Les alliés collatéraux demeurent soumis à des compromissions toujours plus abjectes et obscures. Voilà la légitimité de cette nouvelle mandature de l’Odem immaculée par cette grogne, qui, loin d’être un cri d’aigri isolé, est le ressentiment d’un groupe de professionnels des médias excédés par le piètre sort réservé à la presse nationale.

Les Béninois savent-ils seulement que la presse béninoise est la corporation la plus rétrograde du pays où aucune association n’est reconnue par les pouvoirs publics en dehors de la seule organisation de journaliste (Upmb) et de son homologue du patronat (Cnpa) des médias régentés par les gourous ? Toute autre initiative associative est réprimée, humiliée, embastillée avec la complicité des institutions de la République. Le prétexte tout trouvé s’appelle : recommandations des états généraux de la presse. Toutes les corporations du pays ont connu leurs états généraux sans que cela n’aboutisse à l’instauration du monolithisme syndical et associatif. Sauf à la presse béninoise. Depuis lors, tout regroupement non approuvé par l’ordre établi est voué à disparaitre, de gré ou de force. Un despotisme contre lequel, le brillantissime confrère Léandre Houngbédji a lancé une charge épique il y a quelques années avant de finir par rejoindre les rangs et se faire coopter à la mandature contestée de l’Odem 2012.

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La pratique sur le terrain se passe de commentaires. C’est le seul corps de métier au Bénin où on peut se faire radier de la profession ni par son employeur ni par ses pairs, encore moins par une décision de justice, mais plutôt par des censeurs aux 2/3 politiciens ou ayant reçu mandat de politiciens (Haac). C’est encore dans ce milieu là qu’il est formellement interdit de porter assistance à un confrère en danger. Les journalistes se font sanctionner, sont interdits de parution temporairement voire définitivement sans que personne ne puisse lever le petit doigt dans la corporation sans risquer des représailles. Curieusement, ces sanctions reçoivent très souvent l’approbation des seules associations admises. Omerta, délations, intrigues, coups fourrés sont les choses les mieux partagées dans le milieu. Il est rare de voir la presse béninoise mener des combats contre les multiples menaces extérieures à la corporation. Les batailles se livrent presque toujours à l’intérieur, clan contre clan, par gourous interposés.

J’ai la faiblesse de me convaincre que le contrôle de la presse échappe aux acteurs visibles et officiels. Et qu’il y a des milieux qui tirent les ficelles depuis plus d’une décennie. On y développe plus des méthodes de politiciens, de barbouzes voire de sociétés secrètes que des élans de confraternité, d’entraide, de solidarité et d’épanouissement. De sorte qu’aucun combat de la presse pour la presse n’aboutit presque jamais à savoir les allègements fiscaux pour les entreprises de presse, la suppression des peines privatives de liberté en matière de délit de presse, le code de la presse, la législation sur l’accès à l’information etc…Tenez, c’est la seule corporation à ma connaissance où le creuset des employeurs et celui de leurs employés émettent les mêmes avis sur presque tous les grands sujets à travers des communiqués de presse conjoints devenus systématiques. Imaginez Gaston Azoua s’entendre sur tout et à propos de tout avec Yayi et appeler à cosigner systématique les comptes rendus du conseil des ministres.

Voilà le Bénin et sa  presse pourrie !!!
Mercredi 5 décembre 2012
par Arimi choubadé

 

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