Le rôle de l’Assemblée nationale dans un pays en voie de développement

Par décision n° 12-035/HAAC du 20 novembre 2012, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a procédé à la suspension du forum de discussion sur « actu matin »  et de l’émission «  A palabre » de la Chaine de télévision Canal 3 Bénin.

Publicité

La gestion démocratique des affaires d’un pays, de nos jours et au niveau de  la planète, requiert la mise en place d’un certain nombre d’institutions dont  l’Assemblée Nationale.

Dans nos pays devenus indépendants il y a cinquante ans déjà, les institutions mises en place sont, en majorité, des copies conformes de colles existant dans les pays du Nord; alors que le niveau d’éveil des consciences de leurs populations aux plans civique, patriotique et politique n’a pas de commune  mesure avec celui de nos pays auxquels l’indépendance a été octroyée, assortie des conditionnalités subtiles et contraignantes. En effet, sous le couvert des textes d’accord de coopération – en marge de ceux de 1885 ayant consacré le partage da  l’Afrique – aucune marge de manœuvre n’est laissée aux pays nouvellement indépendants pour réfléchir par eux-mêmes en vue de prendre des décisions, correspondant à leurs réalités. Et c’est ce qui fait que de  mon point de vue,  l’Assemblée Nationale fonctionne selon des visions non adoptées à un véritable  processus de développement. En effet, les députés sont issus des partis politiques au même titre que le Président de la République dont la mission essentielle est de gérer les affaires du pays au mieux des intérêts de la grande majorité des populations.

Mais s’il n’existait pas des structures de contre-pouvoir devant veiller sur la  manière dont les affaires sont gérées, le risque est grand que le pouvoir exécutif se permette de favoriser les localités où il avait eu le plus de suffrages lors de son  élection. Or, une fois élu, le Responsable de l’Exécutif devient le père de toute la Nation dont chacun des compartiments devrait être traité de façon équitable. Malheureusement et dans le contexte actuel, ce n’est pas souvent le cas, d’où  l’utilité et l’importance de la Représentation Nationale qui doit veiller sur les écarts  de comportements dans le cadre de la répartition des richesses nationales au profit de toute la population.

Publicité

Si donc  l’Assemblée Nationale constitue un contre-pouvoir, contre l’arbitraire  dont l’Exécutif pourrait se rendre coupable, il n’existe aucune place pour les députés d’appartenir, soit au clan de la mouvance présidentielle soutenant aveuglément toutes les actions du Chef de l’Etat, ou de l’Opposition clouant aveuglément au pilori tous les actes de l’Exécutif.

Il s’agit là des comportements lacunaires qu’on observe dans la plupart des Etats nouvellement indépendants d’Afrique. Et cela constitue un tort préjudiciable au progrès dont ces pays ont besoin pour pouvoir s’affirmer de façon indépendante  dans leurs prises de décisions aux plans national et international. La résultante de ces légèretés et de ces déviances observées ça et là est que l’Afrique traîne le pas dans la mendicité et dans le misérabilisme car l’exploitation coloniale y trouve un terrain suffisamment préparé et plus que jamais favorable à son action d’assujettissement.

Dès lors, quel rôle peut jouer une Assemblée nationale dans le contexte de nos pays?

Elle doit chercher à savoir la manière dont le pouvoir exécutif gère les affaires? -dans l’intérêt, non pas de ses seuls partisans, mais de tous les citoyens sans distinction. Mais ce comportement est difficile à observer dans les pays où les élus agissent pour s’assurer le renouvellement de leurs élections à la fin de leurs mandats. C’est pourquoi, à l’étape actuelle où nous nous trouvons, il faut bannir le renouvellement des mandats durant quelques décennies. Ainsi donc, dans leur rôle exclusif de défenseur de la justice et de la légalité quant aux actes que pose le pouvoir exécutif, les députés doivent cesser d’être des supporters ou des non-supporters.

Pour y parvenir, il faut que les députés capables de jouer un tel rôle proviennent des partis politiques patriotes, de la société civile ou des personnalités indépendantes jouissant d’une certaine popularité dans leurs circonscriptions électorales. Cela appelle la révision de notre Constitution pour y introduire de telles dispositions.

De grâce! Je ne voudrais pas me voir rabattre les oreilles par des propos tels que:

En France- aux Etats-Unis d’Amérique – en Allemagne, etc, les Députés sont ceci, les députés font cela. La société civile et les confessions religieuses sont apolitiques …

Cette fausse idée d’apolitisme est souvent source de toutes les confusions foulant aux pieds l’essence-même de la République où le pays est à nous tous. Que dire du parti politique des Chrétiens en Allemagne? Et pourquoi pas au Bénin. Traditionnellement, un parti politique lutte pour la conquête du pouvoir; mais la conquête du pouvoir ne préoccupe pas toujours toutes les organisations sociales. Il y en a qui veulent simplement apporter leurs éclairages à la gestion des affaires publiques. Et cela ne doit pas leur être interdit.

C’est dire que nous n’avons pas les mêmes réalités que les pays dont nous voulons copier aveuglément les institutions. Ils ont des dizaines d’années d’avance sur nous  et ont eu le temps de préparer leurs citoyens à se prendre en charge par l’ardeur au travail bien fait, les bons comportements civiques, patriotiques et moraux. Or toutes ces qualités nous manquent aujourd’hui. Réfléchissons-y.

Alors, évitons le snobisme béat et osons innover pour pouvoir nous réaliser pour devenir des peuples dignes et  respect ables. Débarrassons-nous de textes non conçus par nous-mêmes dont la mise en application nous arrière et nous asservit.

Ainsi donc, de mon point de vue, la Représentation nationale approuve ou rejette, avec une certaine majorité, tous les actes posés par l’Exécutif et reconnus justes ou injustes vis-à-vis de la majorité des populations. Dans ce sens, notre Constitution doit interdire à l’Exécutif de contourner le Parlement pour mettre à exécution des décisions frustrantes. Je fais ainsi allusion à l’article 68 de notre Constitution. N’en déplaise aux constitutionnalistes. Je tiens mes propos de patriote, libre penseur que je suis.

C’est pourquoi je voudrais inviter tous les spécialistes de la question à apporter leurs éclairages à la prise des décisions salutaires pour Je Bénin et l’Afrique.

Par Séhoué Christophe,
Instituteur  à la retraite
à Agblomè Abomey
Contacts : 90.97.26.22 / 22.50.06.87

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité