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Les Africains, fossoyeurs de leur propre développement

Par Charly Hessoun
10-12-2012
(Tout le monde en parle)
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En vérité, en vérité! Il y a quelque temps, un ami européen m’a raconté l’histoire de son boy burkinabè : «Il est un maniaque de la propreté. Il nettoie si bien le sol de la cuisine qu’on pourrait manger par terre. Et on peut, à tout moment, se mirer dans les carreaux du salon, parce qu’il passe ses journées à traquer la saleté.

 Mais, par contre, sa chambre est d’une saleté repoussante. Pour lui, la propreté, c’est juste bon pour nous, ses patrons, puisque nous le lui avons demandé, mais il n’en voit pas l’utilité pour lui-même.»

Pendant la colonisation, il y avait le quartier des blancs et celui des Africains. Le quartier des blancs était très propre, avec des rues bien droites, où aucune femme ne se serait hasardée à verser de l’eau usée; des trottoirs où personne n’aurait osé uriner; des jardins bien entretenus, où personne ne se serait risqué à jeter un bout de papier.

Et les petits Africains allaient chaque jour s’extasier devant la beauté et la propreté de ces quartiers. Ceux qui travaillaient à leur entretien étaient leurs parents. Mais les quartiers que ces derniers habitaient étaient l’envers de ceux où ils travaillaient. Saleté, désordre, puanteur, bruit, etc. Il ne venait à l’esprit d’aucun des Africains de reproduire pour eux-mêmes ce à quoi ils travaillaient de l’autre côté et qu’ils appréciaient.

La propreté, l’ordre, les fleurs, c’était bon pour les blancs, pas pour eux. Ceux d’entre eux qui s’y hasardaient étaient moqués comme des gens voulant singer les blancs.

Les colons durent utiliser la force pour obliger les Africains à observer quelques règles d’hygiène. Des agents d’hygiène furent chargés de verbaliser les personnes qui salissaient les rues, en y versant de l’eau usée par exemple.

Et si Axelle Kabou avait raison?

Pendant longtemps, et même jusqu’à présent, dans bien des cas, dans nos villages, l’endroit le plus propre, le plus ombragé et le plus fleuri est la mission catholique. Nous apprécions ces endroits, mais l’idée ne nous vient pas un seul instant de les imiter. En vérité, en vérité!

Après l’indépendance, nous avons investi les quartiers des blancs et, à part quelques rares enclaves qui ont su résister, nous les avons tous africanisés, c’est-à-dire que nous en avons fait des quartiers bruyants, sales, où personne n’entretient les parties communes; des quartiers où tous les espaces verts sont occupés par des constructions anarchiques.

Regardez le vieux Cocody ou la cité des Arts à Abidjan. On m’a raconté l’histoire des habitants d’un immeuble d’une dizaine d’étages de la Riviera Golf invités à se cotiser pour réparer l’ascenseur et tailler le gazon.

Les habitants des quatre premiers étages estimaient qu’ils n’avaient pas besoin de prendre l’ascenseur pour aller chez eux, donc ils ne voyaient pas pourquoi ils devraient payer pour sa réparation. Ceux des étages au-dessus estimaient, pour leur part, qu’ils n’avaient pas la possibilité de sécher leur linge sur le gazon, donc ils ne voyaient pas pourquoi ils devraient payer pour son entretien.

Les agents d’hygiène restèrent en fonction quelques années après l’indépendance, puis nous ne vîmes plus leur utilité. Ils disparurent et nous recommençâmes à verser nos eaux usées dans les rues, à uriner sur nos trottoirs, et nous laissâmes nos caniveaux se boucher et les herbes envahir nos arrière-cours. Et nous ne comprîmes pas pourquoi il y avait tant de mouches et de moustiques dans nos quartiers, et pourquoi nous étions si souvent malades du paludisme ou de la fièvre typhoïde.

Jusqu’à présent, nous n’avons toujours pas compris. En vérité, en vérité!

Faut-il que les blancs reviennent?

Savons-nous vraiment ce que nous voulons, lorsque nous clamons partout que nous voulons nous développer, que nous voulons le progrès?

Tous nos dirigeants, à quelque niveau où ils se trouvent, ont séjourné plus ou moins longuement en Europe ou en Amérique. Les plus fortunés de ces dirigeants ont souvent une maison dans ces pays où ils aiment bien aller passer les vacances. Pourquoi donc n’arrivent-ils pas à appliquer chez eux ce qu’ils apprécient tant en Europe ou en Amérique?

Ils me répondront, sans doute, qu’ils le veulent bien, mais que ce sont les populations qui résistent. Ce ne serait pas faux. Sœur Marie-Thérèse, une religieuse française qui vient de rentrer définitivement dans son pays, après près de cinquante ans passés en Côte d'Ivoire, m’a confié que sa plus grande frustration est que, après avoir passé tant d'années à expliquer les règles d’hygiène aux femmes de la région où elle exerçait, elle en était toujours au même point. Dès qu’elle tourne le dos, on en revient aux pratiques d’avant. Alors, en vérité, en vérité, les Africains veulent-ils vraiment le développement?

Venance Konan (Fraternité Matin - Côte d'Ivoire)

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