Menace grave sur la liberté de presse au Bénin : embargo sur la conférence de presse des avocats du Dr Cissé et de Zoubé

Le Bénin ne devrait plus vendre trop chère sa «liberté de presse». Depuis plusieurs mois, le gouvernement gravit lentement les échelles du bâillonnement des médias.  La dernière conférence des avocats du docteur Ibrahim Mama Cissé et de Zoubératou Kora en est un exemple.

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Au Bénin, plus rien n’arrête l’escalade de la violation de liberté de presse. On a commencé par fermer les journaux, interdire des émissions ou des forums de journalistes qui prennent trop de liberté à critiquer le gouvernement, pour finir enfin dans les travers les plus horribles : empêcher le béninois lambda d’opiner ou de se prononcer sur tel ou tel sujet. Les avocats Charles Badou et Ibrahim Baré l’ont bien appris à leurs dépends en  voulant faire leur métier de défendre leurs clients. Mais malheureusement pour eux, ceux-ci n’étaient pas des justiciables ordinaires. Accusés d’intelligence avec l’opérateur économique Patrice Talon pour empoisonner Yayi, ils ont été embastillés depuis Octobre. La précipitation avec laquelle ce dossier a été conduit ainsi que les circonstances et les étapes du scénario restés floues ont laissé beaucoup de béninois sur leurs fins. On avait tout le temps entendu le procureur de la république, le commissaire central, raconter mille et une choses sur le dossier. On les a entendus dire que tous les trois complices arrêtés étaient tous passés aux aveux et qu’ils avaient reconnu avoir accepté de participer à ce complot pour éliminer le Chef de l’Etat. Au fil des jours, leur silence devenait trop pesant.  C’est ce qu’ont voulu briser leurs avocats en montant au créneau le vendredi dernier. Mais ils n’eurent pas la chance de voir leur conférence de presse passer sur les chaines de télévision. En effet, leur difficulté a commencé dès que cette idée de conférence a été annoncée. Ils ont officiellement envoyés des demandes de couverture aux quatre chaînes de télévision de la place. Deux chaînes ont refusé de venir couvrir. Une autre a surévalué le coût de la couverture. Elle a d’abord demandé aux avocats de payer 300.000F avant de revenir sur sa décision et de dire 600.000F. Mais en dépit de la réponse positive donnée, cette chaine a refusé de venir couvrir cette conférence de presse. Au finish, une seule chaine était sur les lieux pour couvrir la conférence de presse mais au dernier moment, elle n’on plus, n’a diffusé jusqu’à ce jour cette conférence. Selon des indiscrétions, cette chaine aurait reçu des injonctions de certaines personnalités politiques pour mettre l’embargo sur cette conférence de presse. Ainsi conçu, le plan devrait étouffer complètement le message de ces deux personnes accusées d’«association de malfaiteurs» et de «tentative d’assassinat sur la personne du Chef de l’Etat». Le lendemain, la déclaration de presse du général Sèmègan sur le même sujet a été diffusée par les mêmes chaînes. On put comprendre que les avocats Badou et Baré ont été victimes d’embargo médiatique que l’on impose fréquemment maintenant à certaines personnes dont les propos sont jugés trop gênants pour le gouvernement béninois.

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