La crise qui a mis à mal le football béninois depuis deux ans a connu le vendredi 21 décembre 2012, une fin avec la décision de la Cour Suprême. Mais, ce sur quoi les amoureux du cuir rond s’interrogent, c’est : quel avenir pour le sport roi?
La crise qui secoue le football béninois depuis le 20 décembre 2010 a connu, dans la matinée du vendredi 21 décembre 2012, un nouveau rebondissement. La Cour Suprême a, dans sa décision, annulé celle rendue publique par la Cour d’Appel de Cotonou qui astreignait Anjorin Moucharafou, l’actuel président de la Fédération béninoise de football (Fbf), à céder les clés de la Fédération à Victorien Attolou. Mais cette décision qui met un terme à une crise qui dure depuis deux ans, est appréciée différemment, selon le camp dans lequel se trouvent les protagonistes. Pour le camp Attolou qui est intervenu samedi dernier sur une station de radio privée de la place, ils ont pris acte de la décision et ils laissent les vainqueurs gérer la suite. Pour eux, ils sont des légalistes et respectueux des lois de la République. Par contre dans le camp des vainqueurs, en l’occurrence celui de Anjorin Moucharafou, ils ne veulent pas exprimer ouvertement leur joie, mais on peut constater un certain soulagement. Ils veulent quand même tendre la main à leurs adversaires pour qu’il y ait une union autour du football béninois. Cette union que chacun est en train de prôner est-elle vraiment sincère? Pour le camp des vaincus, le camp Attolou, ce n’est que des paroles d’évangile puisque les gestes et comportements antérieurs sont là pour en témoigner de leur absence de sincérité. Ils ne croient pas en la capacité des personnes à qui la Cour Suprême a confié la destinée du football béninois. La meilleure option défendue par eux, c’est de ne participer à aucune activité fédérale. Cela se voit à travers la non participation de Soleil Fc, des Requins de l’Atlantique, de Dynamo d’Abomey et de Cifas, au Championnat national de première division. De plus, on remarque que le championnat manque cruellement de ressources, surtout des ressources financières. Certains clubs sont obligés de se ronger les ongles pour faire le déplacement d’un département à un autre, faute d’argent. Jusqu’à ce jour, les formations de la D1, n’ont pas encore reçu de subventions auprès de la Fédération. De plus, il y a une crise de confiance entre les membres du comité exécutif de la Fbf et les sponsors, quant au financement des activités. Certains faits néfastes sont là pour appuyer leur réticence à mettre la main à la poche. Alors, l’avenir du football béninois n’est-il pas sombre, si les sponsors éprouvent du dégoût envers le sport roi béninois ? Or, dans le monde d’aujourd’hui, le football est devenu une industrie. Les Béninois de leur côté ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, c’est le «Moi» qui prime sur tout. Personne ne veut laisser de côté son ego pour penser réellement au devenir de la discipline. Avec cette manière de faire et de se comporter, rien ne semble conduire à une éventuelle réconciliation. Quelle est donc la porte de sortie de la crise qui secoue le football?
Rappel de quelques péripéties de la crise
Le 20 décembre 2010, douze (12) des quinze (15) membres du comité exécutif de la Fbf ont démissionné. Ces douze démissionnaires ont avancé comme raisons la gestion solitaire des affaires du football par Anjorin Moucharafou, son égo et ses intérêts personnels qu’il fait primer sur l’intérêt du pays, la modification unilatérale des décisions prises par la majorité des membres du comité exécutif lors des réunions, et la gestion opaque des fonds des sponsorings de l’équipe nationale. En janvier 2011, deux émissaires de la Fifa/ Caf, à savoir Primo Corvaro et Prosper Abéga, étaient à Cotonou pour écouter les deux parties en conflit, mais le passage de ces deux émissaires est resté infructueux. Le 02 février 2011, les championnats ont été suspendus par le collectif des clubs de ligue 1 et de ligue 2, suite aux déclarations des émissaires de la Fifa/Caf. Le 04 février 2011, le camp de Victorien Attolou a organisé une assemblée générale élective qui a été, dans la foulée, rejetée par la Fifa et la Caf. La Fifa, dans l’une de ses correspondances, a demandé aux deux camps d’aller à une assemblée générale de réconciliation. Le 15 avril 2011, le camp Anjorin a fait semblant de respecter les injonctions de la Fifa. Ce jour du 15 avril, certains acteurs de la famille du football ont vu l’accès de la salle à eux refusé. Après cette Ag, L’ex-ministre des sports, Modeste Kérékou, a demandé à la Fédération d’Anjorin de lui apporter les documents relatifs à l’assemblée générale du 15 avril, mais ce dernier n’a pas obtempéré aux injonctions de l’autorité de tutelle. Face au refus d’Anjorin de lui transférer les procès-verbaux des assises du 15 avril, le ministre Kérékou a décidé de ne pas reconnaître la légitimité des membres cooptés par le camp Anjorin, et renvoie tout le monde à une nouvelle Ag. Mais l’arrivée du ministre Didier Aplogan a tout changé. Aussi, le président Anjorin Moucharafou a-t-il été écroué à la prison civile de Cotonou dans l’affaire du sponsoring de l’opérateur de téléphone mobile «Mtn» au bénéfice des Ecureuils, en prélude à la participation du Bénin à la Can Ghana 2008, il fut libéré un peu plus tard. Entre temps, le Centre International de Football Ajavon Sébastien (Cifas) qui est l’un des plus grands centres de formation de la sous-région et du Bénin, a fermé ses portes. La décision rendue par le Tribunal Arbitral du Sport (Tas) a permis au gouvernement de prendre position dans cette crise en soutenant le camp Anjorin. S’ensuivront plusieurs décisions de la justice béninoise jusqu’à celle de la Cour Suprême du 21 décembre 2012.
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