Dynamique Sociale: d’une Afrique à une autre!

Qu’il nous soit permis de généraliser un constat fait dans un seul pays, le Bénin, mais qui est confirmé par nombre d’autres observateurs à travers les pays africains en général.

Publicité

De tout temps, à toute époque, il y a toujours eu des luttes de classes, des confrontations, parfois violentes, de plusieurs catégories sociales antagonistes. Mais, lorsqu’au lieu de la confrontation violente, les classes se rencontrent, de part et d’autre d’une avenue, il y a lieu de s’interroger sur la Dynamique Sociale.

Deux sociétés, deux réalités…

Une image qui interpelle : Fin d’après-midi ordinaire devant le plus grand centre commercial de la ville. Quelques voitures rutilantes font leur ballet de va-et-vient, qui pour aller se ravitailler dans l’hypermarché, qui pour prendre leur pain quotidien (deux ou trois baguettes) à la boulangerie-pâtisserie d’à côté. Ça, c’est le bon côté de l’avenue, celui où se trouvent les distributeurs de billets… Car il y a un «mauvais côté». En effet, de l’autre côté de l’avenue, il y a un jardin où se côtoient les principaux représentants de la misère humaine. Et même Bourdieu qui s’est particulièrement illustré dans la peinture de ces genres de réalités, aurait été sans voix, s’il avait eu l’occasion d’approcher et de fréquenter ces «loques humaines» qui ne sont pourtant pas à plaindre, car se contentant du peu!

… Sur une même avenue!

Ce qui nous a le plus interpellé et qui motive cet éclairage particulier, c’est le fait que, à moins de vingt mètres de distance, la richesse la plus insolente côtoie la misère la plus intolérable, même si bien supportée par les dizaines de «pauvres gens» qui s’adonnent au jardinage, au bricolage ou au petit commerce de subsistance, de l’autre côté. Oui, juste à côté de la grosse 4×4 «Armada» ou de la «X5» garée par la compagne d’un ministre qui vient de dépenser quatre-vingts mille francs pour ses courses de la semaine, pendant que le pauvre petit jardinier de l’autre côté de la rue, celui-là même qui la ravitaille en légumes frais, se contente de deux cents francs par jour, pour survivre ! Imaginez l’écart : deux cents par jour et quatre-vingts mille francs par semaine, sans compter le gas-oil et les autres frais qui n’en finissent pas, etc.

Un scandale qui n’émeut personne!

Le comble, c’est que ceux qui sont du bon côté de cette avenue, des «cadres», des ministres ou autres «fortunes politiques», le sont parce que ce peuple laborieux en sueur, ces braves jardiniers, leur ont confié le pouvoir de les gérer et non de les spolier, non de les lester des milliards dont il n’auraient point besoin! 

Publicité

Constatons ensemble un autre écart de revenus : Un ministre de la République gagnerait plus d’un million cinq cent mille (1.500.000) francs hors indemnités et primes chaque mois, tandis que nos braves jardiniers se contentent de moins de dix mille (10.000) francs, ou que l’agent d’entretien (planton dans le jargon administratif) est rémunéré à moins de trente mille (30.000) francs par mois ! C’est proprement scandaleux!

Il ne s’agit point pour nous de nous transformer en chantres des prolétaires pour dénoncer les affres du capital ou les abus du pouvoir politique et ses rémunérations ahurissantes! Mais, nous ne saurions tolérer que des gens quelconques à qui le peuple a confié une parcelle de pouvoir, puissent en abuser de sorte à indisposer ceux qui les ont mis à cette place : par leur salaires exorbitants, par leur arrogance, par leur mépris de toutes les valeurs citoyennes… C’est vraiment scandaleux!

Et ce qui est encore plus scandaleux, c’est le fait que, parfois, ces gens de l’autre côté, du bon côté de l’avenue, sont reconnus (de loin, cela va s’en dire) par un de leurs parents ou amis d’enfance dans la population des «gens de la misère», ceux du jardin ! Au lieu de se «racheter», par un bon comportement ou une bonne action, une œuvre de solidarité humaine, ils préfèrent carrément ignorer l’appel à grands cris et avec une grande chaleur humaine, de ceux avec qui ils ont passé d’autres moments de leur vie. Aujourd’hui, ils sont du bon côté de l’avenue et ils se permettent de leur opposer toute indifférence… C’est absolument scandaleux (3x)!

La Cité Blanche des Nobel

Un exemple, juste pour nous faire réfléchir, pour ceux qui ne connaissent pas les réalités africaines.

Vers la fin du 19ème siècle, quand on a commencé à exploiter les champs pétrolifères de l’Azerbaïdjan, deux conceptions de l’économie se sont affrontées. Les propriétaires des champs pétrolifères ne songeaient qu’à se remplir les poches. Les nouveaux riches du pétrole rivalisaient d’arrogance, de mépris, de vanité, de cruauté, d’amoralité et de veulerie. Des fortunes changeaient de main au poker. Les plus perverses des orgies se déroulaient sur des yachts démesurés. Pendant ce temps, les ouvriers tartares et géorgiens, dans la ville noire, étaient parqués dans des huttes précaires. Les salaires étaient misérables et les conditions de travail intolérables. Or, en face de la Cité noire, s’élevait la ville blanche, la cité ouvrière modèle bâtie par les frères Nobel. Ils souhaitaient, plus que le profit, améliorer les conditions de vie de leurs ouvriers, par respect pour les travailleurs sans qui leur fortune n’aurait lieu d’être.

Cet exemple n’a d’autre but que de nous rappeler que la raison est du côté de la Cité blanche des Nobel. Et c’est elle qui a perduré, contrairement à la Cité noire dont la misère a engendré des émeutes, la révolution russe et l’élimination des magnats arméniens.

Espérons que la raison finira du bon côté de l’avenue, le temps aidant. Quant aux politiques, qu’ils n’oublient plus que leur million et demi par mois est monstrueusement scandaleux dans un pays où le citoyen a du mal à survivre tout simplement, avec moins d’un dollar par jour.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité