L’hospitalité djihadiste

La légende a souvent raconté l’hospitalité providentielle des hommes bleus du désert et le secours salutaire porté à quelque voyageur s’étant perdu sur leur terre de prédilection. Malheureusement les dernières années et le récent enfer d’In Aménas témoignent qu’à l’époque de l’hospitalité salvatrice a succédé celle d’une hospitalité forcée et sanglante.

Où sont passé alors les Touaregs hospitaliers d’entre-temps ? Ont-ils tous disparus ? Le spectacle de Tinguentourine avec 67 morts dont 30 occidentaux y compris un français, 07 japonais, 01 algérien et 29 djihadistes tend à brouiller les cartes. Ces derniers, en majorité des Touaregs, des Berabiches, Berbères et autres peuples du désert, descendant des hommes légendaires s’inscrivent apparemment à l’encontre de la tradition de leurs aïeux.

Il n’est un secret pour personne que la tradition de nos peuples africains est l’hospitalité envers l’étranger quel qu’il fut. Ils peuvent arguer que nombreux sont ceux qui ont abusé ou qui abuse encore de cette hospitalité. N’empêche, loin d’être une faiblesse de nos ancêtres, accueillir l’étranger à toujours été considéré sous les cieux africains comme une vertu bien qu’on nous chasse et nous ferme la porte au nez sous d’autres cieux.

En dehors des cultures africaines, les réligions prônent également l’hospitalité. Que ce soit l’Islam, à ma faible connaissance, religion d’amour que les livres de la Torah des judaïque ou la Bible des chrétiens. D’ailleurs, l’Islam a pénétré en Afrique, d’après les livres d’histoire, par les marchands et caravaniers, qui par leurs pratiques pures et empreintes de gentillesse ont su emporter l’adhésion des nôtres. Puis l’empereur Kankan Moussa, comme les empereurs romains avec le christianisme, à son retour de la Mecque, a fait de la religion du Prophète celle de son peuple.

Près des côtes, la plupart du temps, d’autres « étrangers » sont venus prôner aussi l’amour auprès de nos ancêtres toujours hospitaliers. Ils ont conquis leur cœur par leurs pratiques, instauré également le commerce avant de parachever le travail par la conquête militaire. L’hospitalité a donc été la valeur de nos aïeux et mieux, l’amour du prochain qu’ils accueillaient et qui le leur rendait tant bien que mal au point de les convertir à leurs religions.

Alors, il est étonnant que de nos jours, ces religions soient la pomme de discorde au point de nous faire trahir la vertu traditionnelle de nos peuples. Selon les djihadistes, au lieu de faire du trafic de cocaïne et autres produits prohibés qui serait haram, il serait mieux de percevoir une taxe de 10% sur ces denrées et de kidnapper pour financer le djihad. Les rançons sont devenues dès lors la quête première de ces groupes. Qu’importe si une telle pratique est contraire à l’honneur et à la morale ; elle est bonne pour la cause. Mieux, elle permet de lutter contre l’occupation des « mécréants ».

Comme méthode, c’en est une. Mais est-ce qu’elle respecte réellement les traditions de l’Islam et les traditions de nos peuples si tant est que nous nous réclamons africains ? Une autre méthode plus noble pour les intérêts de nos pays serait de susciter et d’élire des dirigeants qui pourront mieux défendre leur nation tout en conservant l’hospitalité sans se laisser abuser. Offrir une hospitalité de force et tachée de sang n’est que criminelle et traitre à nos vertus.

Quant aux populations du Nord Mali ou de l’Afrique de l’Ouest en général, souhaite-elle une conquête religieuse par la force ou par les pétrodollars ? Je me permets d’en douter ; encore que pour les dollars, la misère ambiante et le dénuement de nos Etats mal gouvernés poussent les populations à une vénalité compréhensible qui ébranle mes certitudes. Toutefois, la vraie conquête ne se fait pas par les armes mais par les cœurs. Ainsi, au lieu de kidnapper pour ternir l’honneur de tout un continent, il appartient aux africains de conquérir les cœurs, non seulement par leur hospitalité mais également par leur génie, le travail, la recherche de l’intérêt commun qui élèvent les peuples. Le respect se gagnera ainsi et non par une hospitalité djihadiste meurtrière.

C’est ainsi que ceux que les kidnappeurs traitent de « mécréants » ont pu nous conquérir et que bien des années après leur départ officiel, ils continuent de conserver nos cœurs par leur culture, les liens économiques, politiques et la fascination qu’ils ont toujours exercé sur nos élites. L’empreinte de la violence est éphémère comme il semble l’être au Nord Mali.

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