Intervention au Mali : la France en super gendarme du continent

Qui a dit que  Françafrique était morte ?L’intervention en cours de la France en Afrique prouve s’il en est encore besoin , que la France plus que n’importe quelle autre puissance est le super gendarme de l’Afrique, ceci, par la faute de nos dirigeants.

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L’histoire de  ce qu’on appelle  pudiquement « la crise malienne » a connu un sérieux coup d’accélérateur ces trois derniers jours.Le temps d’un weekend , alors que les commentateurs de  tous les journaux- papier et en ligne du continent, observaient la trêve du repos de fin de semaine, c’est  une petite localité du Mali, totalement inconnue jusque là qui a fait l’actualité .Konna écrit avec deux « n  et un a  , sans le n » à la fin qui aurait pu faire croire au nom akan Konan de Côte d’Ivoire a ravi la vedette à Bamako, propulsant du coup au premier plan le président jusque –là terne de la transition malienne Dioncounda Traoré célébré comme un  chef de guerre, en même temps qu’il jetait aux oubliettes le truculent putschiste, et capitaine d’opérette Amadou Sanogo et son quarteron de fidèles du fameux camp de Kati.Le temps d’un weekend ce sont les radios  relayant les dépêches d’agences qui ont tenu le haut du pavé distillant les nouvelles du front , konna tantôt envahie par les Djihadistes repoussant soldats maliens les mal entraînés, tantôt  reprise par les mêmes soldats maliens appuyés , dit-on,  par l’artillerie lourde , les hélicoptères de combat et les mirages de l’armée française déployée avec une facilité et une célérité  déconcertantes de ses bases africaines du Gabon du Tchad , de la Côte d’Ivoireet du Burkina faso etc….

Ce qui frappe dans cette guerre éclair disproportionnée infligée à une armée sans Etat de Djihadistes  moyennâgeux , c’est d’abord l’amnésie enrobée de mensonges et de contre-vérités  imposée par les chaînes de radio et télévision du monde entier  qui diffusaient en boucle des images, toujours les mêmes  du théâtre des opérations .Le temps d’un weekend en effet,  l’opération de reconquête des villes occupées du nord du Mali naguère jugée impossible, avant plusieurs mois par les stratèges américains, le haut représentant de l’Ue , Romano Prodi,, et surtout le secrétaire général  Ban ki Moon en personne est devenue subitement une réalité. Un temps , on a parlé  de la présence de soldats nigérians et sénégalais, information  rapidement démentie par les pays intéressés..On a parlé de l’application de la résolution 85…. de l’Onu.Alors que cette résolution était des plus vagues  quant à la date de la contre offensive onusienne et aux  forces devant composer le futur contingent. Un autre temps, on a simplement reconnu qu’il s’agissait d’une opération bilatérale entre un pays,  le Mali et la France. L’autre réalité frappante de « l’expédition punitive » française c’est le concert d’approbations  entonnées au Mali  , en Afrique  et dans le monde, ce qui nous a amené à parler de « guerre sans polémiques ».Des acteurs de premier plan  de la scène politique malienne comme l’ancien premier ministre d’Alpha  Oumar Konaré, Ibrahim Boubakar Keita (IBK, pour les Maliens), et l’ancien Ministre des Affaires étrangères Tiébilé Dramé ont salué l’intervention française. Quant au président en exercice de l’Union africaine interrogé de retour de son périple canadien, il  s’est déclaré  tout simplement « aux anges »(sic), parce que la France a compris la gravité de la situation au Mali. Même le président Compaoré, jusque là empêtré  dans une sorte de médiation avec les islamistes d’Ansare Dine et du Mlna  à qui il a donné un ultime rendez-vous le 19 janvier prochain, s’est déclaré totalement favorable à l’intervention et  prêt à envoyer des forces  au Mali. Dans la foulée, on a commencé à citer pêle mêle les contingents des pays de la cedeao déjà miraculeusement prêts à  intervenir au Mali. :un bataillon de cinq cents soldats du Niger , du Sénégal du Burkina, du Togo, et six cents du Nigéria. Et plus tard dans la journée d’un contingent de 300 soldats du Bénin,notre pays. Si la prise de la petite localité de Konna a  été le casus belli, pourquoi avoir laissé les islamistes  fondamentalistes détruire sans broncher les monuments multi séculaires –crime abominable s’il en est-de l’ancien empire mandingue et commettre les exactions ignobles qu’on leur prête? .

Tout se passe comme si l’Afrique , surtout l’Afrique francophone continuait d’être la « chasse gardée de la France. Il est à regretter que plus de cinquante ans après nos indépendances, les solutions aux problèmes de l’Afrique continuent d’être décidées ailleurs qu’en Afrique. Ceci par la faute de ses dirigeants plus préoccupés par leur maintien au pouvoir que par les intérêts des populations.  Aujourd’hui comme hier , c’est du palais de l’Elysée que se décident les interventions françaises en  Afrique,  profitant du flou artistique qui entoure les résolutions de l’Onu .Pas d’Abuja, siège de la Cedeao encore moins d’Addis Abeba siège de l’Union Africaine. On l’a vu hier à Abidjan et à Tripoli pour chasser Gbagbo et Khaddafi  du pouvoir.  Or,  depuis l’époque de Mitterand,tous les dirigeants français de droite et de gauche disent la main sur le cœur avoir  tiré un trait sur la «  colonisation de papa » et une certaine françafrique faite de connivences avec certains régimes dictatoriaux. Mais la connivence avec les pouvoirs despotiques africains  n’est que la partie visible de l’iceberg de la Françafrique .La partie immergée que sont les intérêts économiques et financiers avoués ou non et les troupes françaises stationnées ça  et là en Afrique en constitue  l’héritage le plus solide  qu’aucun dirigeant de droite et de gauche ne peut ignorer. De ce point de vue, la  françafrique , la vraie, ne mourra pas  et surtout n’est pas prête de mourir .La France comme puissance moyenne  se fait octroyer de facto , au nez et à la barbe des puissances africaines que sont le le Nigeria et l’Afrique du sud , le statut de  gendarme tutélaire de l’Afrique au détriment des forces afro- africaines de la Cedeao et de l’Union Africaine. La meilleure preuve a été donnée par la récente crise centrafricaine. Les pays de l’Afrique centrale regroupés au sein de la communauté économique de Etats de l’Afrique centrale  n’ont pas hésité à demander le retrait  de la Centrafrique des armées étrangères à la sous région. Allusion à peine voilée aux  troupes ougandaises et sud africaines appelées  maladroitement à la rescousse par Bozizé. L’armée française présente en Centrafrique depuis près d’un demi siècle, n’est, visiblement  pas concernée.

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