Turbines à gaz de Maria Gléta : la part de vérité de l’entreprise en charge des travaux

La centrale à turbines à gaz de Maria Gléta n’est pas un éléphant blanc. Il s’agit plutôt d’un investissement dans lequel l’argent du contribuable béninois est «sagement dépensé».

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C’est  l’une des conclusions d’une séance d’échanges entre le PDG de l’entreprise CAI, en charge des travaux, et un groupe de journalistes de la presse écrite. C’était ce samedi sur le site abritant l’infrastructure. Visite guidée et explications.

La centrale à turbines à gaz de Maria Gléta, commune d’Abomey-Calavi,  a ouvert ses portes, pendant quelques heures, aux chasseurs de l’information. Trop de rumeurs et trop de polémiques surtout au regard du retard considérable constaté dans la livraison des travaux et de l’explosion intervenue au sein de la centrale  il y a quelques jours. Pour permettre donc à l’opinion d’avoir les informations plus précises, les dirigeants de l’entreprise en charge des travaux, CAI, ont organisé une visite de découverte du site au profit d’un groupe de journalistes de la presse écrite dans l’après midi ensoleillé de ce samedi 26 janvier. Il a fallu plus d’une heure de séance questions-réponses avec le Pdg de CAI, Mukund Kavia, et environ une heure de visite guidée des installations, pour permettre à la vingtaine de journalistes de découvrir les infrastructures et avoir d’amples informations – de la source indiquée – sur les raisons du retard dans la livraison des travaux.

Au cœur des unités

La centrale à turbines à gaz de Maria Gléta se trouve sur un site de 20 ha, entièrement aménagé avec des espaces par endroits. C’est, selon le Pdg de CAI,  le plus grand projet financé par le budget national avec pour objectif d’augmenter la puissance énergétique du Bénin. L’infrastructure est censée produire 80 mgw d’énergie. Débutés en Avril 2007, les travaux étaient initialement prévus pour durer 18 mois. Mais hélas ! Déjà cinq ans se sont écoulés.

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La centrale se compose de huit unités. Chacune des unités comprend entre autres éléments, un générateur, un système de refroidissement, un système de lubrification, un transformateur et une salle de contrôle pour «gérer et réguler» les équipements. L’ensemble des unités est gérée depuis «une salle de commande principale». «De cette salle, les ingénieurs contrôlent tout», ont précisé nos guides ; le Pdg  Mukund Kavia et Victor Gbénou, coordonateur CAI au Bénin.

Les unités sont conçues pour fonctionner au gaz naturel ou au liquide combustible. Les essais qui ont débuté depuis un moment se font au Jet 8 (liquide combustible) à cause du manque de gaz naturel. Est-ce qu’Il y aura une équipe de maintenance locale après la livraison de la turbine à l’Etat? Le prestataire rassure: «Des techniciens de la Ceb (Communauté électrique du Bénin) et de la Sbee (Société béninoise d’énergie électrique) sont en formation sur le site. Cela est d’ailleurs prévu dans le contrat». Mais la bonne nouvelle, c’est que l’infrastructure sera livrée au gouvernement dans un délai d’un mois «si tout va bien». D’ailleurs, «dans le cadre des essais et en vue de montrer que les installations produisent de l’énergie», «nous produisons  officieusement de l’énergie que nous déversons sur le réseau de la Ceb.»

Un si long retard?

Qu’est-ce qui explique ce retard de cinq ans dans l’achèvement et la livraison des travaux? «Nous avons eu quelques difficultés. Le Gouvernement voulait que cela soit fait selon les normes internationales…», a répondu le Pdg de CAI. Qui a expliqué que toutes les unités sont venues de la Californie. Leur assemblage et installations ont pris un an et demi. Il a aussi ressorti quelques unes des difficultés majeures ayant occasionné le surpassement du délai réglementaire.

Primo, le jeu d’observation, rejet, ré-observation et acceptation à chaque niveau des travaux.  Le Pdg poursuit : «le contrat  n’a, en fait, pas prévu qu’un cabinet de supervision s’interpose entre le gouvernement et nous. Un cabinet ivoirien a été retenu à cet effet. Il faisait ses observations et donnait son accord sur tout avant mise en exécution. Cela n’est pas mauvais mais ça a retardé l’exécution du projet.» Secundo, le problème d’interconnexion à la Ceb dont la résolution a pris environ un an. Tertio, la question de l’assurance pour les essais et la mise en service de la centrale. Mukund Kavia clarifie : «les lois béninoises prévoient qu’il faut des assureurs locaux. Mais ces derniers ne s’y sont pas intéressés. Et pour cause, le manque d’expertise et le fait que les charges sont fortes.» Le règlement de cette question d’assurance a mis huit à neuf mois. Les regards sont donc tournés vers le délai d’un mois annoncé pour la livraison de la centrale.q

Un investissement sans fin?

Les unités qui composent la centrale de Maria Gléta ont été conçues pour fonctionner au gaz naturel ou au combustible liquide, notamment la Jet A1 qui coute plus cher que le gaz naturel. Le manque de gaz naturel fait que les essais sont faits avec le Jet A1. Et la centrale pourrait tourner à l’aide de ce combustible même après sa livraison à l’Etat béninois. Dans ce schéma, l’on redoute que le courant revienne plus cher au consommateur béninois dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’éroder. Le Pdg de la CAI envisage proposer au Gouvernement une solution alternative moins chère que le gaz et le jet A1. C’est le bio-carburant. Cela nécessitera un nouveau contrat et un autre investissement de la part de l’Etat béninois.

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