Décentralisation : en avant toute !

Il sonne dix coups à l'horloge des soixante-dix-sept communes du Bénin. Dix coups pour marquer le dixième anniversaire de l'expérience de décentralisation que nous conduisons depuis 2003 sous le renouveau démocratique. Nombre de ceux qui sont intéressés par cette expérience, ont l'esprit ailleurs.

Publicité

Un anniversaire, d'accord. Les élections locales prochaines d'abord. Les uns tiennent à rempiler. De nouveaux venus piaffent d'impatience. Ils se bousculent au portillon. Quant à nous, nous restons accrochés ferme à l'événement. Pourquoi ?

Parce qu'elle n'est pas banale l'expérience de décentralisation que nous poursuivons depuis une décennie. Malgré d'inévitables ratés et retards. Le Bénin centralisé c'était Cotonou et le désert béninois. Le Bénin décentralisé c'est l'opportunité offerte à chacun de donner des gages d'une citoyenneté sans défaut. Car il s'agit pour chacun d'apporter sa pierre à la construction d'une oasis sur une portion de la terre des ancêtres. Car il s'agit pour chacun de s'investir, corps et âme, à construire sa localité. C'est le moyen quasi unique d'acquérir le titre foncier par lequel on peut légitimement prétendre être un citoyen béninois plein et à part entière. La décentralisation, de ce point de vue, reste, à nos yeux une formidable chance pour le Bénin et pour les Béninois. Avons-nous de bonnes raisons pour poursuivre cette belle expérience de développement ?

Le sage Confucius, nous fournit la toute première raison.  "L'expérience, écrivait-il, est comme une lampe attachée au dos de quelqu'un. Elle éclaire le chemin parcouru, mais laisse dans l'obscurité le chemin à parcourir". (Fin de citation). Appliquée à l'objet de notre réflexion, cette pensée   voudrait dire que, admis à l'école de la décentralisation, nous bouclons un premier cycle d'expérience de dix ans. Nous avons appris le b/a ba du métier. Nous nous sommes initiés, vaille que vaille, à la gestion des affaires locales. Nous sommes, tant bien que mal, des hommes et des femmes de l'emploi.

Bien sûr, tout n'a pas été pour le mieux dans le meilleur des mondes. La décentralisation a pris les allures d'une simple délocalisation des querelles politiciennes de la capitale sur les terrains encore en friche des nouvelles entités décentralisées. Le carnaval sans fin des maires démis, déposés ou démissionnés a fait craindre que l'espace communal ne se transforme en une arène de vendettas et de règlements de comptes. L'Etat central, par ailleurs, n'a pas su tenir la promesse de transférer à ses démembrements les compétences et les ressources matérielles et financières nécessaires. C'est à croire qu'on a lâché quelqu'un dans les airs sans parachute. C'est à croire qu'on a laissé quelqu'un plonger dans une piscine vide, sans eau.

Publicité

Dix ans pour connaître les grandes douleurs d'un accouchement difficile. Mais l'enfant est né. Dix ans pour affronter les maladies de la petite enfance. Mais l'enfant a survécu.  Pourquoi nous viendrait-il à l'esprit, à présent, de l'abandonner ?  L'épreuve nous a fortifiés. Nos erreurs nous ont édifiés. "Ce n'est pas un drame, nous assure l'Américain Robert Kiyosaki, de commettre des erreurs. Mais c'en est un de ne rien apprendre de nos propres erreurs" (Fin de citation). Ce qui veut dire que pour nos dix ans de décentralisation, les discours de circonstances, les flonflons d'une fête d'anniversaire, c'est bien. Mais le mieux, c'est un examen de conscience profond. Ce sont des résolutions fortes. C'est un engagement à aller de l'avant.

Nous osons affirmer que sur l'expérience de la décentralisation, nous avons atteint le point de non retour. A moins d'être démenti, nous disons qu'aucun Béninois, sain de corps et d'esprit, n'est prêt à en changer. Il n'y a pas, nous semble-t-il, une alternative à la décentralisation. C'est à prendre ou à laisser. Ou ça passe ou ça casse.

Que reste-t-il à faire quand il n'y a plus un autre choix que d'avancer ? Paulo Coelho répond : " Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant". (Fin de citation). Nous voici admis pour le second cycle de notre expérience de décentralisation. Notre mission est claire. En avant toute !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité