Et si le Bénin et le Togo Organisaient la Can 2017?

Annoncée pour la Lybie en 2017, la Coupe d’Afrique des Nations de football risque de ne pas se tenir. L’instabilité politique de l’après-révolution menace, encore une fois, ce rendez-vous. Déjà cette année, l’Afrique du sud a constitué le plan B pour l’édition 2013, parce que la Libye, justement retenue pour la compétition au temps de Kadhafi, est devenue un terrain mouvant, miné par une instabilité sécuritaire endémique.

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Appelé à la rescousse, le pays de Nelson Mandela a alors mis à disposition ses infrastructures héritées de la Coupe du Monde.

Mais 2017, c’est dans quatre ans et la logique qui voudrait que l’organisation de la compétition soit géographiquement équilibrée et itinérante, exige que l’Afrique de l’Ouest qui, en 2015, en aurait été sevrée pendant  quatre éditions, puisse prétendre à nouveau à l’accueillir. Le Bénin et le Togo, pays frères, accolés l’un à l’autre comme des siamois, méritent d’abriter ce rendez-vous.

Tous les ingrédients sont réunis pour que ce projet prenne vie :

-Sur le plan de l’expérience dans l’organisation d’une CAN : aucun des deux n’a encore eu le bonheur de montrer son savoir faire : si le Bénin a accueilli la CAN junior en 2007 – très petit format de l’édition sénior – le Togo, de mémoire d’un Epervier, ne s’est jamais risqué dans ces airs-là. Pays de football, mais peu performants, ces deux nations méritent qu’une telle injustice soit réparée.

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-Sur le plan géographique : le Bénin et le Togo sont de petits pays, certes, mais ils demeurent des voisins d’une entité culturelle et géographique nichée dans un ensemble régional composé de pays majeurs de football : Nigéria, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal. En plus, les deux pays sont à quelques heures de vol de l’Afrique centrale, du Maghreb et de l’Europe et jouissent, de ce fait, d’une position géographique profitable à l’ensemble des protagonistes de l’événement.

Sur le plan des infrastructures de communication : le Bénin et le Togo sont des pays de transit, reliés, sur le littoral côtier, par une route internationale – qui part de Lagos et débouche à Abidjan, soit cinq pays traversés – . Actuellement, les deux Etats sont en train de réhabiliter cette route, ce qui, début 2014, offrira aux usagers, une très belle infrastructure. Ces deux pays, d’autre part, sont aussi connectés à leurs voisins de la bande sahélienne – Niger, Burkina Faso, Mali – par différentes voies transversales. Ce qui fait que, par la route, ces deux Etats intègrent et brassent presque toutes les nationalités de l’Afrique de l’Ouest.

C’est vrai : le Togo et le Bénin ne disposent pas d’un réseau de télécommunication performant. Les connexions internet ne sont pas fiables, télécharger un document sonore ou même envoyer un film d’une minute à un correspondant relève d’un parcours du combattant. Quant aux réseaux GSM , ils en font à leur tête et sont réticents à investir davantage pour améliorer la qualité des échanges. Les journalistes du monde entier qui commentent en direct la compétition doivent pouvoir disposer d’un confort de communication pour être en relation avec leurs rédactions. Je ne parle même pas des millions de spectateurs et de supporters qui, une fois sur place, auront besoin de communiquer. On sait que ces réseaux atteignent facilement les pics de saturation lors de certains jours fériés. C’est l’occasion pour ces opérateurs GSM d’augmenter par cinq leurs capacités. Ils en seront les premiers gagnants.

-Sur le plan des infrastructures sportives : la CAF requiert généralement au moins quatre grandes villes pour accueillir les quatre poules de la compétition. Mais ces villes doivent abriter des stades aux normes internationales. Ce qui veut dire en pratique que chaque pays proposera deux villes dotées de grands stades (pour les matchs) et d’un minimum de six pelouses (pour les entrainements). A ce sujet, les deux pays devront faire un effort : si le Bénin dispose de deux grands stades et de quatre pelouses inégalement praticables, de Cotonou à Porto-Novo, le Togo ne compte que deux stades plus ou moins aux normes. Là aussi, d’énormes investissements doivent être consentis pour ériger des infrastructures complémentaires.

-Sur le plan financier : la CAN, depuis trois éditions, est devenue une industrie lourde qui exige des investissements conséquents. Le partage des risques ou des bénéfices entre ces deux pays à économie faible, permettra à ces Etats de mutualiser leurs efforts et de mobiliser davantage les financements.

A tous ces préalables, il faut ajouter la capacité hôtelière de chaque pays, les dispositions sécuritaires, la mobilité pour les étrangers à l’intérieur des deux nations, bref, il s’agit de dispositifs complémentaires indispensables à l’organisation d’une fête aussi colorée, aussi belle, aussi passionnée que la CAN. Cela est faisable. Suffit que les deux fédérations, aux termes de leurs errements, se ressaisissent et inscrivent ce rendez-vous dans leurs agendas.

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