Gouvernance: De la difficulté de gérer une Nation!

Lorsque l’on observe de loin la fonction présidentielle, on a l’impression que c’est une «vie dorée» qui a beaucoup d’avantages : le pouvoir, les voyages, les honneurs de la République, l’argent, etc. 

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Mais, malgré tous ses attraits, il n’en demeure pas moins que c’est l’une des fonctions les plus difficiles, celle qui consiste à gérer les affaires d’Etat et à tenir dans ses mains les destinées d’une multitude de personnes. Une difficulté supplémentaire s’ajoute, quand il s’agit de diriger un Etat africain qui est encore loin de constituer une Nation, avec la cohésion nécessaire pour une convergence d’intérêts. Alors, qu’est-ce qui rend si difficile la fonction présidentielle? Pourquoi est-il plus difficile de diriger un Etat composite qu’une Nation homogène?

Un rêve de «gosse»!

Quand on pose la question aux hommes d’Etat, la plupart d’entre eux répondent qu’ils ont toujours rêvé d’être Président depuis leur enfance ou leur adolescence. C’est donc un « rêve de gosse » qui se réalise, lorsque le peuple leur accorde ses suffrages et les met à la tête de l’Etat, leur confiant du même coup la lourde responsabilité de conduire sa destinée.

Mais, ce qu’ils ne disent pas toujours, c’est que le rêve du gamin qu’ils ont été, a été très différent de la réalité vécue par le Chef d’Etat qu’ils étaient. C’est dire à quel point la fonction présidentielle est contraignante et difficile, malgré tous ses attraits.

Être Chef d’Etat… Un métier peu commun!

Dans les pays qui se respectent, ils n’élisent pas leur Premier Magistrat pour une question d’image, ni pour la quantité de billets de banque qu’il aura distribuée pendant sa campagne. Diriger un Etat étant devenu comme un métier dont les bases sont apprises dans les grandes écoles ou entreprises : Communication, Leadership et Management.

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Les Chefs d’Etat sont élus pour leurs capacités exceptionnelles et pour leurs qualités :

1)     capacité à tenir un débat cohérent,

2)     maîtrise des problèmes de la République,

3)     programme pour y apporter des solutions idoines (projets concrets et actions précises) et non de vagues idées, ni des vœux-pieux.

En somme, n’est pas Président de la République qui veut. Il est nécessaire donc d’avoir fait des études supérieures, avec en pôle-position les écoles et universités prestigieuses de Sciences PO, Sorbonne, ENA, HEC, Polytech, Harvard, MIT…

Il est donc vraiment nécessaire d’avoir de bonnes connaissances en stratégie, en management des organisations et en Leadership, avec la touche de développement personnel qui permet de partager les valeurs positives ambiantes dans la Cité, tout en ayant la volonté de se mettre à son service (Servir la communauté, une noble tâche pour développer le pays tout en s’accomplissant soi-même).

Cependant, cette description du Chef d’Etat idéal ne cadre pas avec les constats faits dans les pays africains néo-démocratiques. Une nouvelle race de dirigeants est venue au monde en Afrique. Appelés couramment technocrates, les nouveaux Chefs d’Etat africains sortent désormais des banques et des institutions de Bretton-Woods.

Cela est dû aux réalités de l’Etat en Afrique, car dans la plupart des Etats concernés, la Nation est encore à un stade embryonnaire, et on parle à peine d’Etat.

Le Chef d’Etat, doit donc savoir gérer les maigres ressources du pays, tout en ayant la capacité de contenter des exigences différentes.

C’est pourquoi, les banquiers représentent un bon profil, qui s’ajoute aux précédents, notamment pour réussir la gestion des Programmes d’Ajustement Structurel du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale.

La mission du chef d’Etat moderne se résume désormais ainsi : Gérer rationnellement des ressources rares en situations de crises rémanentes!

Conduire un Etat africain… Un jeu d’équilibriste!

Une difficulté supplémentaire qui complique la fonction présidentielle en Afrique réside dans le fait que les Nations sont encore à leurs balbutiements. La plupart des Etats étant des « Nations en devenir », mélanges hétéroclites de diverses ethnies et aires culturelles qu’on a presqu’obligées à se mettre ensemble pour demeurer dans un même Etat artificiel. La plupart des frontières africaines ayant été dessinées par une conférence de puissances étrangères guidées par leurs propres intérêts. Tout ceci, il y a à peine deux siècles.

La difficulté à conduire un Etat africain est le suivant : Chaque ethnie a ses exigences propres de rayonnement culturel, lorsqu’elle n’aspire pas à sortir du cadre étatique commun pour s’autodéterminer. Il y a tellement d’intérêts à prendre en considération, les uns excluant les autres, que la direction de l’Etat africain moderne devient un vrai calvaire pour le Président.

Ainsi, un autre point s’ajoute, de facto, au cahier des charges précédemment énoncé : Savoir trouver un équilibre entre des intérêts mutuellement exclusifs, sans prendre parti pour un clan ou pour une ethnie donnée, au risque d’être taxé de régionaliste.

Alors, à défaut, certains Chefs d’Etat préfèrent plutôt s’afficher comme «l’Homme des métropoles occidentales», n’appartenant donc à aucun des clans et ethnies rivales. Ce qui a l’avantage de les mettre au-dessus de la mêlée.

Et pour se maintenir… Faire les jeux!

Un grand homme d’Etat romain a affirmé que pour réussir à conserver le pouvoir à Rome, il faut donner du pain au peuple et organiser des jeux pour distraire la bourgeoisie et les aristocrates. Cela est encore plus vrai en Afrique, compte tenu de toutes les difficultés inhérentes à la fonction présidentielle : Du Pain et des Distractions.

Mais ici, il ne s’agit plus d’organiser les jeux, mais d’y jouer soi-même :

1)    les échecs pour savoir déjouer les nombreux pièges,

2)    le Poker pour dérouler ses stratégies et faire passer ses décisions, avec la touche d’imprévisibilité nécessaire pour étonner et surprendre,

3)    le tarot (vision), afin d’avoir dès aujourd’hui, les réponses pour les problèmes de demain, pour avoir une longueur d’avance.

Alors, faites vos jeux, Monsieur le Président… Sinon c’est Tchatounranga! 

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