Gouvernance : Une robe à un million… C’est insultant !

Comment ne pas être écœuré par cette information scandaleuse ? Les faits de gabegie se succèdent et ne se ressemblent point, attisant la haine du citoyen vis-à-vis de la chose politique ; parfois, il est juste ennuyé par un phénomène qui gangrène nos institutions et semble ne plus émouvoir personne.

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Mais, lorsque ce phénomène touche l’un des derniers remparts de notre démocratie, la Justice, cela a de quoi nous scandaliser : Une robe à un million ! Pour ne pas céder à la première réaction de rage, quoique justifiée, prenons plutôt le temps de rappeler à certaines personnalités concernées, quelles sont les valeurs qu’elles ont défendues ou qu’elles sont censées défendre : Engagement, service, probité, honneur, dévouement, intégrité, abnégation !

Des chiffres qui interpellent…

Il ne s’agit pas de nous immiscer dans une polémique qui oppose le syndicat des magistrats (Unamab) et la Ministre de la Justice, pour d’autres préoccupations qui sont les leurs, pour des questions de procédures d’attribution de marchés qui ne nous concernent pas, en tout cas pas directement. Ce qui nous interpelle, c’est un chiffre, ou plutôt une série de chiffres.

Voici les chiffres : Soixante-quatorze (74) robes d’hommes de prétoire ont été commandées pour un montant de quatre-vingts et un (81) millions de nos francs. Soit une robe à plus d’un million de francs ! Voilà ce qui nous scandalise. Car, nous savons tous que le brave peuple peine à joindre les deux bouts ; que le pays-d’en-bas peine à trouver l’euro quotidien (un billet de cinq cents francs selon le taux du change au marché noir) qui va lui permettre de se sustenter jusqu’au lendemain encore incertain !

A titre d’information pour se faire une opinion sur les chiffres, voici le coût d’une robe de magistrat, dans les meilleures étoffes, confectionnée par un artisan-couturier français, une robe de prestige de grande qualité (la plus haute qualité proposée par l’artisan choisie parmi les plus coûteux) : sept cent quarante-cinq euros (745 €), toutes charges comprises, soit environ quatre cent cinquante mille (450.000) franc CFA. Chiffres de L’Artisan-Couturier, 74, Route de Vernaison, 69540, France, www.lartisan-couturier.com.

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Rappelons que les vêtements sur mesure chez un artisan, coûtent deux à trois fois plus cher que dans le prêt-à-porter, c’est-à-dire pour les articles fabriqués de manière industrielle. Alors, jugez-en vous-mêmes. Et cela se passe dans un pays où la pauvreté ne cesse de gagner du terrain dans les couches les plus vulnérables de la population, un pays où les décideurs devraient penser à faire plus d’économies.

Quand le scandale atteint le Glaive et la Balance!

On aurait été moins interloqué,  si ce rapport de marché ahurissant, une robe pour un million, n’avait pas cours au Ministère de la Justice, notre dernier rempart contre les corrompus de tous acabits qui pullulent dans les institutions de la République, défrayant la chronique, scandale après scandale, une longue litanie de prévarications, de détournements… Quand celle-là même qui doit nous protéger de ces vils agissements, en sanctionnant corrupteurs et corrompus, est au cœur de la polémique, alors il y a lieu de se demander à quel saint encore pourra-t-on se vouer ?

Si c’est la Garde des sceaux de la République qui nous propose « une robe à un million », on est vraiment en droit d’être écœuré, quand le contribuable croule sous les impôts.

Ce chiffre aurait moins choqué dans un pays occidental où le revenu par habitant est largement au-dessus de celui du Bénin. Mais, même dans un pays comme la France, une robe à un million de francs (1.500 euros) aurait choqué, quand on sait que le « Rmiste » arrive à peine à se débrouiller avec quatre cents cinquante (450) euros mensuels. Alors, allez lui annoncer, dans sa tente de fortune sur les bords de la Seine, que ses Magistrats s’emmitouflent dans des robes à mille cinq cents euros l’unité ! Il crierait à la manifestation. A fortiori, le Béninois pour qui le revenu du Rmiste est déjà une fortune dorée, trois cent mille (300.000) de nos francs.

Trop, c’est trop!

Oui, trop c’est trop ! Car, avec des chiffres comme celui-là, c’est comme une insulte au bon sens et à la raison. Dans un proche passé, on nous a déjà proposé d’autres chiffres ahurissants : Une paire de gants de motocycliste, tout à fait ordinaire et standard, à quatre-vingts mille (80.000) francs, soit plus de cent euros… ou un coupe-vent en toile cirée, imperméable, à quatre cent mille (400.000) francs, soit plus de cinq cents (500) euros. N’est-ce pas scandaleux ?

Alors, qui pour juger les uns quand les autres, aussi empêtrés dans la vergogne que les premiers, se trouvent malheureusement être les serviteurs du Glaive et de la Balance !

Quel exemple à donner aux futures générations?

Quand ces genres de pratiques ont cours de manière récurrente dans un pays, elles ont tendance à s’imposer en normes et à rentrer dans les habitudes. A moins que la surfacturation tous azimuts soit déjà érigée en sport national dans ce pays !

Il y a de quoi être encore plus écœuré, lorsque le fait vient de certaines personnalités que la jeunesse a érigées en modèle, pour avoir lu « Le Destin du Roseau » (l’auteure se reconnaitra).

Il y a de quoi être scandalisé quand cette gabegie est signée par une haute personnalité distinguée par la Légion d’Honneur Française, dont nous connaissons tous les valeurs qu’elle défend (la Légion d’Honneur) !

Nous osons croire que, après avoir reçu certaines distinctions, on ne les gardât point comme des décorations de salon, mais qu’on les fasse transparaître à travers ses actes au quotidien… Pour rester un modèle de valeurs républicaines, un exemple à suivre. Non pour cautionner qu’une robe, fut-elle de magistrat, fut-elle d’apparat, puisse se négocier à un million de francs (1.500 euros).

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