Le scandale d’ICC services et consorts a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive au Bénin et dans sa diaspora. Il y a ceux qui se sont faits spoliés et continuent d’espérer être remboursés : la majorité pauvre, laborieuse et plutôt résignée.
Il y a ceux qui croupissent en prison pour avoir pillé leurs frères ou en avoir profité. Il y a ceux qui posent des actes ou plutôt communiquent pour montrer qu’ils œuvrent dans le sens de faire rembourser. Et il y a enfin ceux qui n’ont pas été spoliés du tout mais qui compatissent avec véhémence aux douleurs de leurs frères.
La polémique la plus fructueuse est celle de l’implication du pouvoir dans cette banqueroute commune. A en croire les arrestations, disgrâces et autres mémentos, il n’est un secret pour personnes que les allées du pouvoir aient été entachées par cette manœuvre d’escroquerie fondée sur un schéma utilisé sous d’autres cieux par Bernard Madoff dans le libéralisme ambiant. Mais il semble plus truculent de supputer sur les degrés d’implication du pouvoir. D’un côté les accusateurs et de l’autre, ceux qui s’évertuent à prêcher leurs actions pour une solution.
En dehors des diatribes de prétoires sur les douleurs de victimes, appauvries, mortes sous le choc, ou encore résignées dans l’espoir du paiement de ne serait-ce qu’une partie de leurs dépôts, il est intéressant de s’interroger sur le déterminisme de ce phénomène. Certains citoyens ont proposé à d’autres sous le couvert d’institutions de placement d’argent, de déposer leurs économies dans l’espoir de gains allant à plus de 200% par an dans certains cas. Le gain escompté est plus que tentant. Alors beaucoup se sont engouffrés dans la brèche où les premiers ont pu toucher leurs mises et les derniers se sont mordus les doigts.
Pour en revenir à l’escroquerie, le mécanisme de toute manœuvre de ce genre est d’exploiter la crédulité et surtout l’appât du gain mirobolant de la victime. Je ne sais pas par quel mécanisme financier, quel délit d’initiés ces prétendus placeurs auraient pu faire autant de profits sur une si longue durée. Et pourtant, les béninois non sensibilisés se sont prêtés au jeu car cela ressemblait à de véritables gains de casinos. Quant aux pouvoirs publiques, victimes aussi ou complices, on en a eu le loisir de discuter et on ne s’en lasse pas.
Sans s’ériger en exception car devant la pression sociale on se prête bien à y jeter quelques miettes comme on jette son pain sur les eaux espérant le retrouver gonflé, la réaction immédiate a été de blâmer cette crédulité face à des escrocs eurent-ils des complices ou pas. Pour moi, nous avions eu tous tort de croire à des chimères et ne devrions nous en prendre qu’à nous mêmes en premier. Réaction, plutôt facile quand on n’a pas tout perdu comme certains dont la douleur si elle n’a pas été mortelle, est immense. Quel est leur tort d’espérer améliorer leur quotidien en s’assurant une rente sans grand effort et sans risque ? Le tort est là : « sans effort et sans risque ». Ils ignoraient surtout que le risque était de 100%.
Face à la résignation et l’autoflagellation d’avoir cru à des fables, un ami vétérinaire, promoteur du projet « la maison du paysan », rétorqua que le concept du gain de 200% ou plus était réalisable. Son raisonnement est simple – il avait même écrit un article qu’il n’a peut-être pas publié jusque là faute de moyens- : mettez un grain de maïs en terre dans les bonnes conditions, apportez y du soin et vous avez des intérêts hors normes à la récolte; prenez un ou deux poussins, nourrissez et soignez les biens, au bout de quelques mois vous gagnez largement. L’idée est simple et mise en œuvre dans les bonnes conditions pour d’autres espèces avec d’autres paramètres bien sûr, elle rapporte. La différence par rapport à ICC et consorts est qu’elle comporte des efforts ou des risques ou tous à la fois.
Non, les adhérents d’ICC n’avaient pas tout à fait tort. Ils ont juste misé sur les mauvais chevaux car les bons chevaux, c’est eux-mêmes, leurs efforts ou les risques qu’ils prennent en investissant sur eux-mêmes ou leurs prochains dans des activités qui rapportent. Alors depuis cette explication au lieu de me demander le niveau de complicité de tous les damnés de la terre, je me demande comment faire pour miser sur les bons chevaux. Les auteurs ou complices, s’ils ne le sont pas encore, seront dévoilés ou le sont déjà dans certains cercles.
Il paraît cependant plus opportun d’encourager les bonnes initiatives et de perdre moins de temps et de salive à s’apitoyer sur son sort ou accuser vainement. Je citerai encore Mme ADJAI-CICA sans intention de juger ou verser dans la polémique: « Nul ne peut s’estimer victime de sa propre turpitude ». Car au-delà des polémiques qui durent mais ne changent pas grand choses, il y a tant de destins de frère, cousins et autres qui n’ont besoin que d’un petit financement et d’aides avisées pour s’en sortir.
Quant à « la maison du paysan », elle est à Lokossa et qui disposerait d’un site internet.
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