Monsieur le Procureur de la République, Il m'a paru nécessaire, en ma double qualité de conseil de Monsieur Johannes DAGNON et de citoyen de ce pays sur lequel nul n'a ni un droit exclusif, individuel, perpétuel, ni un titre de propriété, de vous écrire à la suite de l'inadmissible
privation de liberté dont est victime le susnommé depuis le 22 février 2013 dans les locaux de la brigade de recherches de Cotonou du fait de vos officiers de police judiciaire et manifestement sur vos instructions mais aussi à I'initiative des services de renseignement de la Présidence de la République. Je me serai abstenu d'entreprendre cette démarche, tant les violations des droits individuels sont banalisées sous votre administration, si les justifications de celles-ci n'étaient pas tout aussi étonnantes que ridicules : atteinte à la sûreté de I'Etat du fait de contacts ou rencontres supposés fréquents avec le dénommé Patrice TALON. Il ne pouvait cependant pas vous échapper qu'en plus d'assurer le commissariat aux comptes de plusieurs sociétés de droit béninois et étranger en tant qu'expert-comptable et contre lequel aucun manquement professionnel n'est relevé, l'intéressé est membre de la famille de Monsieur TALON Patrice. Ainsi, le lien de proximité professionnelle à l'égard d'une personne poursuivie, non pour le crime d'atteinte à la sûreté de l'Etat, mais pour une sordide et supposée affaire dite de << tentative d'assassinat et d'association de malfaiteurs » est élevé au rang d'infraction. Ainsi, le lien de proximité familiale à l'égard d'une personne maladroitement poursuivie pour une infraction d'une grossièreté jamais égalée, mais qui, somme toute, est touiours présumée innocente est également élevé au rang d'infraction. Je veux bien croire qu'un peu de zèle mâtiné d'arbitraire flatte l'égo de quelque pouvoir en cours de raidissement. Mais il est totalement inadmissible que la liberté des citoyens soit tout aussi constamment et aisément foulée aux pieds. Je m'interroge malheureusement sur le point de savoir si le salut réside encore dans la justice, tout aussi affadie, dépouillée, sonnée par tant d'excès nocifs, résolument passive et dans un état d'esprit d'abdication prononcée des prérogatives qui, jadis, en firent la forteresse contre les atteintes irrationnelles à la liberté. Je reste néanmoins persuadé qu'en votre personne, il y a encore la petite lumière de la conscience de I'homme libre. C'est à elle que je fais appel pour faire cesser l'innommable sur la personne de notre concitoyen Johannes DAGNON. En attendant, j'en appelle au sursaut de nos compatriotes, à toutes les représentations diplomatiques, aux ordres professionnels ainsi qu'aux associations nationales et internationales de protection des droits humains. Par-delà, j'ai la faveur et autant d'honneur, de solliciter la rencontre partout oir besoin sera, de tous les béninois, où qu'ils se trouvent, et cela, quelle que soit la perception que les tenants de l'inquisition ont de leur personne. Je les rencontrerai tous ! Heureusement, j'ai encore quelque ressource pour vous assurer, Monsieur le Procureur de la République, de mes sentiments, quoique profondément refroidis, mais encore parfaitement distingués.
AMPLIATION : – Ambassade de France près le Bénin – Ambassade des Etats-Unis près le Bénin – Ambassade d'Allemagne près le Bénin – Cour Constitutionnelle du Bénin – Organisation Internationale de la Francophonie – Droits de l'Homme, Paix et Développement (DHPD-ONG) – Centre Afrika Obota – Nouvelle Ethique – WANEP-Bénin – Amnesty International Bénin – Avocats Sans Frontières – Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (RADDHO)
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