La marche de protestation des chômeurs violemment réprimée

Hier, mardi 26 février 2013, entre les éléments des Forces de l’ordre et les diplômés sans emploi et chômeurs, le courant n’est pas passé. Et la marche de protestation a tourné en une course-poursuite entre les hommes en uniforme et les manifestants. Film de cette matinée. 

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Une course-poursuite. C’est ce à quoi a rapidement tourné hier, la marche de protestation et de dénonciation des irrégularités qui ont entaché le dernier concours de recrutement, par l’Association des diplômés sans emploi et chômeurs du Bénin. Il sonnait, en effet, environ 9 heures quand la centaine de jeunes diplômés sans emploi et chômeurs, regroupés sur l’esplanade de la place de l’Etoile Rouge, ont investi la chaussée. Ceci sous l’œil vigilent des éléments de la gendarmerie nationale, de la police nationale et des éléments du Corps urbain, venus pour les encadrer. Alors que les «Hélouéé! hélouéé!» tonnaient  et que les «Kora Zaki, démission!» emplissaient l’espace, un pick-up de la police dans la direction de la place de l’Etoile Rouge, en provenance du Commissariat central, vient s’immobiliser à hauteur des manifestants. Et à la grande surprise, ceux-ci sont aussitôt priés de quitter la chaussée.

La situation est confuse. Les échanges verbaux entre manifestants et Forces de l’ordre commencent. On exhibe des documents côté manifestants, tandis que chez les hommes en uniforme on reste ferme dans les gestes. Les matraques, gaz lacrymogènes et autres instruments de répression sont ajustés. La tension semble monter, car la colère et l’indignation s’emparent des manifestants. Notamment dans les visages du Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Gaston Azoua et de son adjoint, Paul Essè Iko, venus «soutenir les jeunes» diplômés sans emploi et chômeurs pour que le «concours frauduleux soit annulé».

Mais que se passe-t-il ? Qu’y a-t-il pour que la marche qui a pourtant démarré, soit interrompue aussi brusquement ? Et là, le fameux refrain «la marche n’est pas autorisée» est lancé comme réponse.

Mésentente et indignation

Les éléments des Forces de l’ordre et les manifestants ne se sont pas entendus sur le fameux refrain qui a été à l’origine, il y a une semaine, du report de cette même marche, son autorisation. Les responsables syndicaux disent ne pas comprendre pourquoi et comment la marche a-t-elle pu ne pas être autorisée.  Car, se justifient-ils, la mairie, l’autorité administrative du territoire local et  qu’«on devrait simplement informer comme le prévoit la loi» a donné son quitus, mais contre toute attente, le préfet s’y est opposé.

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Pour le Sg Gaston Azoua, «c’est (simplement) un parjure du préfet» qui est allé à l’encontre des textes fondamentaux de notre pays qui prévoient la liberté de manifestation. A en croire les manifestants, ce refus de manifester opposé par l’autorité est ahurissant  et inquiétant. «On nous dit que la marche est interdite pendant que les marches de soutien (en référence à celle organisée il y a quelques jours à Parakou pour soutenir la ministre de la Fonction Publique) continuent», s’est indigné Paul Essè Iko qui pense que les libertés publiques continuent d’être muselées au Bénin.

La marche continuera-t-elle ou non? C’est l’interrogation à laquelle une réponse était attendue à un moment donné. Subitement un responsable lance: «autorisation ou pas, nous allons continuer».

Du forcing à la course-poursuite

La phrase «Mais autorisation ou pas, nous allons continuer» étant lâchée. La tension est montée d’un cran. D’un côté des manifestants décidés à se faire entendre, crier leur ras-le-bol et surtout dénoncer ceux-là «qui ont inséré leurs enfants dans la fonction publique au détriment des enfants de pauvres» et de l’autre, des hommes en uniformes prêts à exécuter les ordres.

Il était maintenant un peu plus de 9 heures 30 minutes. Les manifestants ayant réinvesti la chaussée, mais cette fois, sur la voie menant de l’Etoile au marché international Dantokpa, scandaient toujours leurs slogans hostiles et dénonciateurs quand ils se sont retrouvés nez-à-nez avec les éléments du Corps urbain de Cotonou.

Nous sommes à une intersection des feux tricolores du carrefour ‘’Marina’’. Les deux «ennemis jurés» sont face-à-face. Ça manifeste toujours côté chômeurs et diplômés sans emploi, mais plus d’avancée. En face, on prépare les gaz lacrymogènes et on est prêt pour «attaquer». Quelques minutes d’observation comme si on attendant le coup d’envoi d’un arbitre, et «lalala». Débandade générale suivie de course-poursuite entre manifestants et éléments de Forces de l’ordre. Les manifestants ont été dispersés au bout de quelques secondes. Véritable scène théâtrale,  mais ce n’est que la première.

Les manifestants se sont retrouvés et ont pris la direction de la Mairie de Cotonou pour toujours manifester leur mécontentement, mais les hommes en uniforme étaient, une fois encore, là.

A la place de l’Etoile Rouge, au moment où notre équipe quittait les lieux, il était 10 heures. Des éléments de la Gendarmerie quadrillaient la zone et les autres, en pick-up, continuaient leurs allers et retours.

Ainsi, la marche de protestation des diplômés sans emploi et chômeurs du Bénin, après avoir été reportée mardi 19 février dernier, a été réprimée. Et peut-être qu’elle n’aura jamais lieu.

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