Par 65 voix pour, 15 contre et 1 abstention, les députés dans leur majorité ont voté pour la poursuite devant la Haute Cour de Justice, de l’ancien ministre de l’énergie, des mines et de l’hydraulique, Kamarou Fassassi.
Mais les discussions ce jour là à l’hémicycle ont été très houleuses, puisque les députés de l’Union fait la nation se sont opposés au vote de cette poursuite. Selon leurs explications, il s’agit d’un pur acharnement politique parce que le nom du mis en cause ne serait même pas cité nommément dans le dossier. Pour eux, on ne peut pas se baser sur un rapport administratif pour prétendre poursuivre un ministre de la République, c’est plutôt du ressort de la police judiciaire. Par contre, leurs collègues de la majorité parlementaire pensent le contraire.
Eric Houndeté, député de l’opposition
« Avant tout propos, je voudrais dire ma compassion à tous les Béninois qui souffrent du délestage. Après plus de 14 milliards décaissés en 2006, on subit encore les affres du délestage. En réalité, tous ceux qui souffrent ce martyr devraient s’empresser pour punir ceux qui sont impliqués dans ces scandales. Mais à la lecture de ce rapport, nulle part le nom du ministre Kamarou Fassassi n’a été cité. Si vous cherchez à égorger Kamarou Fassassi, allez chercher un autre dossier. »
Candide Azannaï, député de la majorité parlementaire
« Ce dossier ressemble au dossier de Zinzindohoué. Ce sont des dossiers de même nature. Il faut revoir le motif pour lequel le président a demandé la poursuite. L’Assemblée Nationale ne peut utiliser des méthodes sélectives pour les dossiers de poursuite. Depuis le vendredi, nous avons fait ce jeu. La méthode dépend des mis en cause. Pour le cas Zinzindohoué, on n’a pas tenu compte de son mémo, par contre pour le ministre Fassassi, cela a été fait. Les fins de règne prennent parfois les allures que nous voyons. Mais rassurez-vous, ce dossier n’a rien à voir avec le ministre Fassassi. Si le Président de la République voulait, il allait demander qu’on arrête et envoyer des documents complémentaires. Ce dossier ne vaut rien. Pourquoi on ne parle pas du député Grégoire Laourou qui, à l’époque des faits, était ministre des Finances. Le travail de l’IGE apparaît de jour en jour comme un travail qui n’est pas indépendant. Mieux, le Président Boni Yayi était à la BOAD à l’époque des faits. Est-ce qu’on a besoin de poursuivre le ministre Fassassi avant de poursuivre les anciens députés Célestine Adjanohoun et Luc da Matha Santana ? Mais que le peuple comprenne que son argent est parti définitivement. Moi je ne voterai pas pour cette poursuite. »
Saka Fikara, député de l’opposition
« L’Assemblée Nationale est une institution qui vote la loi. C’est à cette seule occasion qu’on nous demande de nous comporter comme des juges. Comment et pourquoi la présidente de la commission des lois n’a pas rejeté ce rapport. On ne peut pas tabler sur un rapport administratif pour demander une poursuite. Ce que la commission des lois doit faire est d’écrire au Président de la République pour qu’une enquête judiciaire soit faite. Je n’ai pas compris que notre commission ait abouti à cette conclusion. Pour finir, nous avons dit que d’autres documents autres que celui envoyé par le Président de la République nous parviennent. Même si on votait, c’est que les gens nous ridiculiseraient. Je vais finir en disant que l’organe qui a fait l’enquête ne décide pas d’une poursuite.»
Karimou Chabi Sika, député de la majorité parlementaire
«J’avais lu le rapport sans m’apercevoir que la commission a mis le mémo du mis en cause. Dans ce mémo, le ministre Kamarou Fassassi insinue des choses. A la page deux du mémo, on a : « Dans le rapport, nulle part mon nom n’a été cité». Le ministre Kamarou Fassassi a fait économie de vérité car, comment la BOAD peut venir signer avec une société privée ? Le ministre Fassassi nous manque de respect et c’est inadmissible. Est-ce que les groupes étaient à l’état neuf ?
Propos recueillis par Ismaël Kéko