Mali, quand tu nous tiens !

Il n’y a jamais un sans deux. Depuis le début de son engagement militaire au Mali dans le cadre de la Misma aux côtés des forces françaises, le Bénin vient d’être secouée par deux situations majeures. 

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Deux « crises » inhérentes, à n’en point douter, à la décision des autorités gouvernementales  d’impliquer militairement le pays dans la guerre, désormais internationale, contre le Jihad au Nord-Mali.

La première situation est  l’expulsion du territoire national de trois prédicateurs musulmans, Congolais, qualifiés «d’indélicats avec des prêches violents» par le ministère de l’intérieur, et la cacophonie qui s’en est suivie. Cette décision du ministre de l’Intérieur prise  une semaine après le début de l’opération Serval, avec  l’approbation  des hauts responsables de la communauté musulmane au Bénin, notamment, le Haut conseil islamique pour le Bénin, a suscité l’indignation d’une autre association représentative de la communauté musulmane dans le pays. Il s’agit du Comité de défense des droits des musulmans du Bénin (Cddmb).

La seconde situation est celle que nous vivons depuis ce lundi ; celle relative au retrait d’accréditation à l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la France au Bénin, Jean-Paul  Monchau. La France a fait passer le Bénin dans une zone orange en matière de sécurité. Conséquence, le Quai Dorsay a mis en garde ses ressortissants au Bénin contre des risques d’attentats et d’enlèvements. Les multiples réactions « d’étonnement », de « stupéfaction », de qualifications « de propos » sans fondements des autorités béninoises, ont été suivies de cette information selon laquelle le Bénin aurait décidé de retirer son accréditation à Jean Paul Monchau.  

Est-ce en représailles à ce communiqué de Paris ? Est-ce pour avoir laissé transmettre « des informations sans fondements » sur la situation sécuritaire du Bénin. Difficile de répondre.

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Mais jusque-là, l’information relative au retrait d’accréditation à l’Ambassadeur Monchau est restée à l’étape de « vraie fausse » ou « fausse vraie » rumeur. L’information n’a été officiellement démentie, ni par le ministère des Affaires Etrangères, ni par la Ministre porte-parole du Gouvernement, encore moins par le Secrétariat général du Gouvernement.

Au regard des informations glanées ça et là et de l’évolution de la situation, le chroniqueur fait trois déductions. Primo, C’est une décision prise dans les cercles restreints du Pouvoir d’où il y a eu fuite.  Secundo, c’est une intention véhiculée par le Gouvernement  et dont il y a eu fuite.

Tertio, c’est une information balancée dans l’opinion, par qui ça arrange, pour savoir la réaction qu’une information du genre pourrait susciter.

Mais, on retiendra de cette affaire de retrait d’accréditation, deux principales leçons. La première concerne la communauté nationale et la seconde la communauté internationale.

A l’endroit de la communauté nationale, on peut y voir comme une volonté du Gouvernement de montrer ses muscles. Montrer qu’il a la capacité de tenir tête à son ancienne puissance colonisatrice et de retirer l’accréditation à un ambassadeur, peu importe la puissance sur le plan international du pays dont il est le représentant. Il y a comme une volonté pour le Pouvoir de montrer son autorité. C’est un peu comme une action de démonstration de force à l’endroit de l’opinion nationale.  

A l’endroit de la communauté internationale, cette affaire de retrait d’accréditation est une action pour contrer la  mauvaise publicité sur le Bénin que pourrait provoquer à l’extérieur ce communiqué du Qai Dorsay. C’est dans ces deux ordres d’idées que s’inscrit aussi la réplique énergétique de Cotonou au communiqué du Quay Dorsay.

Mais, le Bénin aura été trop loin en retirant, ou même en ayant l’intention de retirer l’accréditation à l’Ambassadeur de France. Simplement parce que le pays a mis en garde ses ressortissants sur des risques d’attentat et d’enlèvement au Bénin.

Retirer l’accréditation à l’Ambassadeur de France dans ce contexte, revient à défier Paris. Et pour les représailles des autorités françaises dans ce cas, suivez mon regard. Le Bénin, Etat souverain a droit de retirer son accréditation à un Ambassadeur. Mais cela doit se faire avec la manière, et sur la base de raisons bien fondées.

Au Bénin, ça fait donc la deuxième situation liée à notre engagement solidaire au Mali que nous connaissons. Et comme il n’y a jamais deux sans trois, il faudra peut-être s’attendre à la troisième.

Le souhait du chroniqueur est que, si «l’affaire Monchau» n’est pas la dernière, que la troisième soit une situation heureuse… Trêve de commentaire, c’est le Mali qui nous tient ! 

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