Mali : Serval, et après?!

Après les évènements survenus à Gao, c’est le lieu et l’occasion de nous interroger sur l’après-Serval, tout en constatant, selon les dernières déclarations du Ministre Français des Affaires Etrangères, que les troupes françaises vont mettre fin à leur intervention au Mali, en retirant les troupes en place, dans moins d’un mois.

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Alors, que deviendra la guerre au Mali, qui est désormais une véritable guerre, surtout avec les récentes initiatives terroristes, notamment du Mujao? S’achemine-t-on vers un bourbier africain, dès que la force française de l’opération Serval aura quitté les lieux, laissant les Africains face à leurs responsabilités, même si timidement soutenus par l’Organisation des Nations Unies? Nos analyses.

La «Blitzkrieg» à la Française!

Pour avoir bien retenu les leçons hitlériennes lors de l’attaque en Europe occidentale par les forces du Führer en 1939, les Français ont vraiment mené une «Guerre-Eclair» au Mali, avec l’Opération Serval.

Oui, une «Guerre-Eclair» à la Française! Trois semaines d’une avancée déconcertante, une progression époustouflante, fulgurante, au cœur de territoires censés être occupés depuis des mois par des rebelles «armés jusqu’aux dents », inattaquables jusque là par des forces armées maliennes, transformées en impavides spectateurs, pendant que toutes les villes du Nord étaient laissées à la désolation et aux exactions de toutes sortes.

Il a fallu la marche des rebelles vers Bamako, pour que la France, appelée à la rescousse par un président apeuré, se dispose à agir… Et avec quelle célérité? Comme si à Paris, les choses avaient déjà été préparées de longue date, la logistique, les troupes, bref, tout Serval prêt à être déployé au Mali.

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La Guerre Eclair à la Française, avec ses réussites et ses couacs, par exemple lors de la prise d’otages d’In Amenas, rapidement matée dans un bain de sang par les Algériens, où les malentendus lors de la prise de Kidal!

Pendant ce temps, une «Guerre Normale» suit son cours…

Une guerre à l’image du débonnaire Président Hollande, un « Président normal » qui, tel un éléphant d’Afrique, se trouve bien dans son élément au cœur du Sahel Malien, lui qui est accueilli en héros par toute une population soulagée. Rien à voir avec les tensions, les incertitudes et les polémiques, lors de l’opération Aube de l’Odyssée en Lybie, avec son prédécesseur.

Les Dieux de la guerre auraient-ils béni le Président Hollande, tout en maudissant Sarkozy en Lybie? Cela en a tout l’air. Il n’y a qu’à voir les images du front, comme en parle si bien l’éditorialiste de Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed : «Les images de la télévision nous montrent le corps expéditionnaire français ; des militaires détendus et souriants, et des blindés rutilants qui avancent sans rencontrer aucune résistance, des avions qui sillonnent le ciel, des grappes de parachutistes qui en descendent comme à la manœuvre… Une armée en promenade militaire»… Bref, c’est une «Guerre Normale»!

…Et la «Guerre Tranquille» commença par se réchauffer!

Avec la prise de Gao et Kidal, les derniers bastions des rebelles terroristes, la guerre était quasiment pliée et les Français envisageaient déjà de se désengager et de laisser «la gestion des affaires courantes» aux forces africaines de la Misma.

C’était sans compter avec les rebelles du Mujao qui se sont illustrés, jeudi 7 février, par une action d’éclat, à la sauce terroriste : poser des mines, juste pour rappeler que la guerre n’était pas encore terminée et qu’il ferait tout pour aller aux prolongations. Rien n’est donc encore joué, même si la France semble déjà avoir trouvé sa porte de sortie, en témoigne la déclaration du Quai d’Orsay quant au retrait des troupes françaises pour le mois de Mars prochain.

Et après Serval, la Misma?

Lorsque les Français de l’opération se seront retirés en Mars prochain,  qu’adviendra-t-il du Nord-Mali ? Les rebelles du Mujao ont déjà donné un avant-goût de ce qui se passerait en cas de retrait de la France : Toutes sortes d’actions terroristes, transformant le Nord-Mali libéré en no man’s land, où les rebelles auront tôt fait de reprendre position, eux qui sont quasiment introuvables, s’étant réfugiés dans les grottes et les cavernes désertiques autour de Kidal et de Gao, des régions qu’ils connaissent bien.

Et pourtant, la France n’a pas vocation à s’éterniser au Mali, attendant que Serval et son commandant, le Président Hollande, ne soient confrontés à un bourbier salissant ! Et l’éditorialiste de Jeune Afrique s’interroge encore : «Ayant réussi leur entrée et atteint en moins d’un mois les principaux objectifs qu’ils ont publiquement fixés, (…) la France et son Président doivent maintenant trouver la bonne porte de sortie.»

Après Serval, qui prendra la relève? La Misma, incapable déjà de se mettre correctement en place, logistiquement, financièrement, juridiquement, militairement? Nous en doutons!

Et pourtant, il reste tant à faire!

Oui, il faudra restaurer la légitimité territoriale du Mali sur le Nord, remettre en place un Etat de droit, une administration… Ce ne sera pas chose facile, surtout quand on apprend que le Président malien a annoncé des élections pour cette année 2013

Certes, la dynamique gagnante dans laquelle s’inscrivent les forces françaises est prometteuse et laisser augurer que ce nouvel objectif, restaurer l’Etat, pourra être atteint avant le retrait de Serval, en Mars prochain. Cependant, il faudra compter avec la vélocité de l’ennemi, des terroristes insaisissables jusque là, qui ont pris la poudre d’escampette devant les missiles français, mais qui vont refaire surface de leurs nombreux repaires secrets, dès que les Français seraient partis.

Alors, voici un nouveau défi pour Serval, peut-être pour après : «Chasser les terroristes de leurs repaires, notamment du massif de Tigharghar, dans l’Adrar des Ifoghas, un sanctuaire réputé imprenable»! A suivre donc…

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