Pourquoi Sabaï Katé et Idrissou Bako doivent baisser la tête

Le ministre de l’agriculture, de l’élévage et de la pêche, Sabaï Katé, et le Dg de la Sonapra, Idrissou Bako, ont donné une conférence de presse en fin de semaine dernière pour annoncer officiellement que la campagne cotonnière 2012-2013 a été un succès avec 204.000 tonnes de coton. 

Publicité

Le ministre Katé a même remercié le seigneur pour avoir sauvé cette campagne du chaos et s’est réjoui du succès puisqu’une augmentation de 30 tonnes a été réalisée par rapport à l’année dernière. Le nouveau référentiel serait donc devenu la campagne 2011-2012 dont le record est battu de loin. Aussitôt les chiffres sortis, les deux « nouveaux » patrons de la filière coton depuis l’éviction de Patrice Talon et de ses nombreuses structures, ont embouché comme à leurs habitudes, la trompette de la diversion, en surfant sur une hypothétique campagne de dénigrement et d’intoxication engagée par des ennemis à eux. Le succès est donc ainsi proclamé pour cette campagne et on doit juste s’en féliciter comme des marmots à qui leur maître demande d’applaudir. Seulement ici, la précipitation avec laquelle ces deux autorités ont annoncé le succès de cette campagne amène bien à s’interroger sur les vrais mobiles de leur action. On peut s’étonner ainsi de la variation subite de leur argumentaire qui vise désormais à comparer cette campagne à celle de l’année antérieure. Ce qui n’a jamais été le cas par le passé où ils péroraient une production nationale de 450.000 tonnes. A chaque instant, ils ont rassuré les producteurs de coton et le Chef de l’Etat de la réussite de cette campagne.

Un mensonge bien cousu

« Au gouvernement, nous ne nous sommes pas du tout inquiétés. C’est l’image du pays qu’on veut ternir. Or, c’est le moment de dire que notre pays a retrouvé ses performances (…) Le Chef de l’Etat avait un objectif et l’objectif est atteint. Et nos amis d’en face ne veulent pas digérer leur défaite. J’invite les braves producteurs à ne pas se laisser distraire. Nous avons innové avec le système de paiement cash…. L’année prochaine, nous irons à 450 mille voire 500 mille ha. Et c’est là que nous allons voir les bons Béninois », affirmait Marcel de Souza au cours d’une conférence de presse le 24 décembre dernier. En ce moment-là, le gouvernement revoyait déjà ses ambitions à la baisse. Les projections tournaient dèjà autour de 400 ou 350.000 tonnes. Mais aucun des ministres n’avaient eu le courage de dire la vérité au Chef de l’Etat qui glosait toujours son rêve des 500.000 tonnes qui permettra d’accroître notre taux de croissance de 1%. Combien de voyages n’a-t-il pas effectué dans les champs de coton du septentrion ? Combien de tournées nationales avec de fortes délégations n’a-t-il pas affectué ? Combien de millions ont été ainsi engloutis dans cette campagne ? Pendant des semaines, la télévision ne montrait que les champs de coton avec un président déterminé à sauver cette filière. Jamais en son temps, on a parlé de 204.000 tonnes ou juste d’améliorer le record de l’année précédente. Comment pourrait-il en être ainsi après que le gouvernement ait consenti à un prêt de près de 82 milliards auprès de la Boad et des banques locales pour financer cette campagne ? Sabaï Katé et Idrissou Bako veulent simplement camoufler le cuisant échec de cette campagne.

Et pourtant…

Depuis quelques mois, certaines institutions  internationales, fortes de quelques études qu’elles ont effectué sur la filière, avaient commencé par donner des avertissements à ce gouvernement sur le déficit auquel il peut s’attendre à la fin de la campagne. Selon une de ces études, lancée par la Fondation Friedrich Ebert et intituler : « gouvernance de la filière coton au Bénin : regards et analyses perspectives de la société civile », on peut lire à la page 16 : «  Une évaluation provisoire de ce passage du « tout privé au tout Etat » commanditée par l’Union Européenne donne un bilan de campagne 2012-2013 particulièrement déficitaire pour les finances de l’Etat. Selon le rapport, ce résultat négatif peut atteindre dans le meilleur des cas 9.1 milliards F CFA et dans le pire des cas 19.7 milliards F CFA. Si on ajoute à ce résultat les subventions intrants et les perspectives liées au gap intrants lié au remboursement partiel des insecticides, le  déficit de campagne peut être porté à 29.4 milliards dans le meilleur des cas et 39.7 milliards dans le pire des cas ». Cette étude faisait ainsi allusion à une autre de l’Union européenne qui avait essuyé une vive contestation de la part du gouvernement. Aujourd’hui, la vérité est là. En plus d’avoir englouti des milliards dans cette campagne, l’Etat va se retrouver avec des dettes à honorer. Et au lieu d’assumer cet échec, Sabaï Katé et Idrissou Katé tentent de se cacher sous leurs petits doigts en cherchant à tronquer la vérité à travers une communication maladroite.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité