Relations Internationales : le Monarque, le Général et le Diplomate!

L’enseignement le plus élémentaire que l’on apprend dans une école de diplomatie est la discrétion, accompagnée toujours de ses trois piliers que sont : (1) le respect de l’étiquette (titres et qualités des acteurs), (2) le respect du formalisme (forme et contenus des échanges) et (3) la sauvegarde des intérêts majeurs du pays que l’on représente.

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Ainsi, en diplomatie, on ne se lève pas pour «dire n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment»… au risque, non seulement d’embarrasser son propre pays, mais également d’indisposer ses partenaires et de mettre en difficulté des relations qu’il a fallu parfois des siècles pour construire et affermir. La diplomatie est donc le domaine par excellence où la prudence et la précision des propos sont de mise. Mieux, seuls des acteurs bien déterminés sont habilités à prendre la parole : Le Monarque (fût-il de la République), le Général (de moins en moins) et le Diplomate (tout le temps). Nos précisions, suite aux derniers évènements dans les relations franco-béninoises…

Le Code de la Route… pour faire le parallèle.

Prenons un exemple, celui du Code de la Route, pour expliquer le communiqué du Quai d’Orsay incriminé, ainsi que la perception qu’aurait dû en avoir un «pays frère et ami»… Une autre forme de mise en garde : «Attention réduisez votre vitesse, risque d’avalanches dans les Alpes.»

Ainsi, deux options s’offrent aux automobilistes qui auraient en projet d’aller dans les Alpes. Soit ils prennent un autre itinéraire en évitant consciencieusement les zones à risque indiquées, soit ils s’en tiennent aux prescriptions de l’avertissement, en faisant preuve de vigilance.

Cela ne devrait en aucun cas susciter le courroux des autorités locales de Gap, de Grenoble et de Montgenèvre (Alpes Françaises), ou de Genève (Suisse) et Bardonecchia (Italie), quant à cette mise en garde de la Sécurité Routière française. Au contraire, elles se réjouiraient du nombre de vies humaines sauvées par cette action de prévention.

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La priorité au dialogue et à la communication entre partenaires…

Face au dernier communiqué du Quai d’Orsay concernant les mises en garde aux voyageurs, un « pays frère et ami » de la France devrait prioriser le dialogue avec son partenaire, pour comprendre le fond du problème, les tenants et les aboutissants de la mise en garde, une action de sensibilisation et de prévention qui ne répond qu’à une volonté de protéger les ressortissants français de «risques d’attentat ou d’enlèvement» sur une portion du territoire béninois.

Evidemment, il ne faudrait pas perdre de vue le fait qu’un attentat ne sélectionne pas ses victimes, et que si cette éventualité devait devenir réalité, des pertes pourraient être également enregistrées dans la population béninoise, avec des dégâts matériels non négligeables.

Compte tenu de ces préalables explicatifs, on comprend mal la réaction des autorités béninoises qui se sont empressées de laver de tout soupçon les dispositifs sécuritaires du Bénin, un pays où le contrôle des frontières reste un important défi.

Tout s’est passé comme si les autorités béninoises avaient réellement quelque chose à cacher, à l’opinion et à leur partenaire français, en se précipitant dans des communiqués tous azimuts pour démentir les «allégations du Quai d’Orsay».

…Tout en respectant les bases de la Diplomatie!

Respecter les bases de la Diplomatie… Car le monde n’a trouvé de meilleure création pour sortir de siècles de guerres, où le Général faisait crépiter ses armes pour de simples querelles de successions ou des difficultés entre couples (princiers).

C’est dire à quel point la paix entre deux nations, pas seulement le silence des armes, mais surtout le renforcement des liens d’amitié et de coopération qui existent entre les nations et les peuples, est fragile et doit toujours être sauvegardée.

L’intérêt majeur de la République, aussi bien en France qu’au Bénin, c’est de faire chômer le Général et de mieux employer le Diplomate.

En outre, il serait entièrement contre-productif, en ces temps d’évidente interaction entre les Etats, surtout ceux qui sont liés par des relations séculaires, comme c’est le cas de la France et du Bénin, de vouloir créer des problèmes dans l’entente cordiale. Ce qui pourrait déboucher, si on n’y prend garde, au gel des relations bilatérales, au rappel des Ambassadeurs, et à la mise en veilleuse de la fructueuse coopération entre deux pays «frères et amis»…

Nul ne souhaite cette option, par une malencontreuse escalade verbale, puis par des actes regrettables, par débordement d’émotion. Il est encore bien temps de revenir à la prudence et au respect des formes et de l’étiquette, pour ne pas créer des malentendus dommageables dans les relations franco-béninoises…

De la lune de miel à un jour de fiel? Place au Monarque!

Il y a des personnes bien habilitées pour parler au nom des deux Républiques, leurs présidents, les nouveaux monarques, suivis des ministres des affaires étrangères puis des diplomates accrédités.

S’il y a des craintes à avoir quant aux relations entre les deux pays, ce serait à eux de les exprimer, du genre de retirer ses lettres de créances à un Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire régulièrement accrédité auprès de leur pays. Et là, le formalisme diplomatique nous obligerait…

Alors, évitons tout excès dans la communication face à une action préventive légitime des autorités françaises qui sont bien dans leur rôle de protéger leurs ressortissants, au regard des derniers enlèvements dans la sous-région.

Ainsi, dans son rôle de « pays frère et ami », de compagnon d’arme engagé dans la même guerre contre le terrorisme international, le Bénin ne devrait pas s’offusquer autant d’un simple communiqué du même genre qu’un avertissement de Sécurité Routière.

Un proverbe béninois nous enseigne, bien à propos : «Zingindi Guenyi Mado Gbèmèho»…

Traduction : «Ce n’est point en faisant beaucoup de bruits qu’on règle les problèmes du monde»!

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