Revers de la médaille : apprenons à regarder autour de nous

Le ridicule ne tue pas, peut-être pas ici. Et on a beau scruté l’horizon sportif béninois, on a beau se refaire le moral, on se rend compte que les patrons du sport national à divers niveaux se mettent dans un perpétuel recommencement, comme s’ils ont renoncé, et pour toujours, à changer de fusil d’épaule, à aller de l’avant sur des bases saines et solides.

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Irrémédiablement, on se surprend à recommencer les mêmes choses sans jamais faire un bilan, un retour sur soi, une rétrospective. Comme si dans nos traditions le vocable ‘’tirer les leçons du passé pour mieux construire l’avenir’’ n’a jamais figuré. Nous laisserons le soin à nos illustres historiens Pierre Mintinhoué, Félix Iroko, Sylvain Anignikin… de nous faire revisiter notre histoire pour voir si nos aînés, nos pères et nos grands pères n’ont pas eu à s’asseoir pour faire le bilan après une guerre, un évènement de taille… Mais, le chroniqueur a la certitude que par le passé la cour royale se réunissait pour constater, soit la victoire, soit l’échec, après une guerre, afin de remobiliser les troupes et définir, si nécessaire, d’autres stratégies d’attaque. Il semble que cette sagesse n’a pas survécu aux tumultes et aux vicissitudes du temps.

Et on en est là à se demander, bientôt huit mois, à quand le bilan financier, organisationnel et sportif des 18èmes championnats senior d’Afrique d’athlétisme. En effet, du 25 juin au 1er juillet 2012, Porto-Novo a accueilli ces championnats. Depuis, aucune autorité, ni du ministère de la jeunesse, des sports et des loisirs, ni de la Fédération béninoise d’athlétisme (Fba), ni du comité local d’organisation, n’a cru avoir le devoir moral de rendre compte de tout ce qui s’est passé. Mais, c’est devenu une tradition et plus personne ne s’en offusque. Comment si cela pourrait en être autrement, puisque depuis 2004, l’Etat béninois a toujours injecté beaucoup d’argent dans le football sans jamais nous dire comment les fonds ont été dépensés et ce que le pays a gagné en retour.

La chose est d’autant plus déconcertante et inconcevable que, du moment où on répète les mêmes choses, on a les mêmes résultats sans jamais s’en incommoder. Le Bénin a participé à trois Can et trois fois le même résultat. Puis une lamentable élimination de la Can qui s‘est déroulée en Afrique du Sud. Mais, personne n’a fait le compte. Ne serait-ce qu’un simulacre de conférence de presse sur le bilan, on n’en a pas eu droit. Cette politique de se muer chaque fois dans un silence béat, est improductive et participe à ne pas poser les vrais problèmes.

A force de répéter ces mauvais comportements, on n’est jamais parvenu à trouver les solutions qui conviennent, et la plupart du temps, les dirigeants sont là à faire du bricolage éhonté. Ils sont incapables de se fixer des objectifs clairs et font du plagiat. Comment une nation sérieuse peut engager un sélectionneur et lui donner trois objectifs alternatifs: il qualifie le pays pour la Can 2013 ou au mondial 2014 ou encore il gagne la coupe de l’Uemoa? On ne peut pas, dans ce cas, être surpris de les voir prendre des décisions incongrues.

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Et pourtant quand on regarde autour de nous, on peut copier ce qui se fait de bien chez autrui. Deux exemples. Après la Can 2013 et l’élimination des Black Stars du Ghana, les responsables de la Fédération ghanéenne et leur ministre de tutelle ont fait le point et se sont fixés de nouveaux objectifs. Et pour les atteindre, ils ont jugé bon de reconduire l’entraîneur Kwesi Appiah. La Tunisie (éliminée en phase de poule de la Can 2013) a fait de même pour se rendre compte que pour un avenir meilleur, il ne faut plus compter sur Samir Trabelsie.

Pourquoi a-t-on chez nous la phobie de reconnaître ce qu’il y a de mieux ailleurs et s’en approprier? Ici, le chroniqueur n’est pas en train de parler des parodies de comptes-rendus entre des copains complices. Alors il peut cesser de nous rabattre les oreilles d’avoir fait participer à telle ou telle compétition. Et sachons nous asseoir pour nous dire la vérité et tirer les vraies leçons de nos échecs. On ne dira pas qu’au temps incertain, il n’y avait personne pour montrer la voie. C’est ma pensée.

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