La nouvelle est vraiment tombée comme un «Coup de Tonnerre dans un ciel serein », selon les mots du doyen des Cardinaux de Rome, Mgr. Angelo Sodano. Ce lundi 11 février 2013, le Pape Benoît XVI a annoncé sa décision de mettre fin à son ministère, lui qui hier encore, continuait de célébrer l’office.
Qu’est-ce qui aura pu pousser un pape que l’on connaît comme « très équilibré et très adroit » dans la conduite des affaires de l’Eglise, à prendre cette décision inédite, renoncer à ses propres vœux, c’est le cas de le dire. Et nos analyses suivent dans ce sens comme dans un autre, par exemple des raisons indicibles qui auraient « contraint » le Souverain Pontife à décider l’ineffable ! Précisions et explications quant à une décision que nous apprécions, à notre humble avis, comme étant dans l’air du temps.
Abdication… Pas démission !
Une première précision pour dire qu’il n’existe aucune autorité temporelle pour recevoir la démission d’un Souverain Pontife (représentant du Divin). En effet, comment pourrait-on démissionner lorsqu’il n’existe avec vous, ni au-dessus de vous, aucune autorité habilitée à recevoir votre décision ? Alors, toutes les supputations qui ont eu cours tout au long de cette journée mémorable quant à cette démission du Pape, ne sont pas fondées, déjà pour cette première raison : Le Pape a abdiqué, en tant que Premier Prince de l’Eglise romaine, mais il n’aurait pu démissionner !
Une fonction… Deux dimensions !
Sans doute est-ce le caractère exceptionnel qui a poussé nombre de commentateurs dans cet amalgame des fonctions papales. Il convient donc de distinguer les deux dimensions de la fonction avant de continuer des développements qui pourraient porter à équivocité.
En tant que Souverain Pontife, le Pape Benoît XVI est le premier dignitaire de l’Eglise catholique romaine. En tant que Pape, le Cardinal Joseph Ratzinger est le Chef de l’Etat de la Cité du Vatican, un Prince de Rome !
Donc, lorsque nous parlons d’abdication, ce n’est point le Pape Benoît XVI qui a mis fin à ses fonctions, il ne le pourrait point puisqu’il est lié pour l’éternité à ses charges (« Tu es Sacerdos In Aeternum », selon ses propres vœux), dans la dimension spirituelle de son ministère. Il continuera d’être ce « père spirituel » pour nombre de fidèles.
Alors, c’est plutôt l’autre dimension de la fonction qui est concernée par l’annonce de ce jour : Le Cardinal Ratzinger, ayant pris conscience du fait que ses forces commencent à lui manquer, que son enveloppe corporelle commence à s’affaiblir et à moins bien le porter, a décidé de renoncer à la direction de l’Etat du Vatican avec toutes ses exigences en énergie et en vigueur (voyages, célébrations, foules à saluer, discours à prononcer…), pour consacrer le peu de forces qui lui reste encore à quatre-vingt cinq (85) ans, entièrement à l’autre dimension de sa mission, celle d’édifier les foules et les amener au salut, par ses professions de Foi et ses actions de grâce !
Un seul précédent dans l’Histoire…
Jusqu’à présent, le seul Souverain Pontife ayant mis fin à ses fonctions en abdiquant reste le regretté Célestin V, en 1294, c’est dire combien cette annonce est inhabituelle, combien le fait est inédit… Un seul précédent, en plus de deux mille ans !
En général les Souverains Pontifes brillent par leur sérénité, eux qui sont censés être soutenus par une puissante Grandeur Céleste. Alors, qu’un Pape abdique, c’est donc que l’heure est très grave et que des raisons impérieuses, au-delà d’une simple insuffisance de capacités physiques, l’y poussent. Mais, hélas, nous ne sommes point dans le Secret des Dieux.
On se souvient, sans aucune volonté de comparaison, que le Pape Jean-Paul II avait poursuivi sans faille sa mission, jusqu’au bout de ses forces, malgré la maladie d’Alzheimer qui le menaçait.
Quant aux raisons avancées !
Les raisons officielles, selon les déclarations du Pape lui-même et selon ses porte-paroles, confirment cet aspect de notre analyse, même si elles sont un peu insuffisantes, compte tenu du caractère exceptionnel de la décision : « Le Pape annonce son abdication à cause de son état de santé et de la diminution de ses forces, incompatibles avec son ministère », et il se dit lui-même « conscient de la gravité de sa décision » ! Evidemment qu’il en est bien conscient, car on ne réunit pas un Consistoire (Assemblée Générale extraordinaire des Cardinaux de Rome, en langage simplifié) pour rien.
Surtout, il serait trop fastidieux pour des cardinaux éminemment occupés de prendre le temps d’expliquer à tout un chacun que le Chef d’Etat se retire, mais que le Pape lui restera jusqu’à son dernier voyage terrestre (au ciel, selon les Saintes Ecritures) !
C’est en prenant en compte cette réalité ineffable, fort complexe, que l’on comprend mieux l’abdication d’un Pape de plus en plus dépassé par les mutations du monde, lui qui est resté très conservateur dans ses positions (avortement, usage du préservatif, mariage et divorce, statut de la famille, etc.), tandis que le monde bouge, et il bouge trop vite, ce monde nouveau, pour le Cardinal Ratzinger qui ne se voit plus en mesure de continuer à diriger un Etat aussi en déphasage face aux nouvelles réalités… Surtout en ces temps de légalisation du mariage homosexuel…
Bien entendu, dans toute décision étatique, officielle, il y a toujours des raisons obscures, des motivations secrètes, comme le soutiennent certains qui parlent des nombreux scandales qui ont émaillé son court règne, depuis le 19 avril 2005 jusqu’au 28 février 2013, date à laquelle le trône papal sera officiellement vacant, ouvrant la période de transition par la gestion d’un Camerlingue et enclenchant la procédure de désignation d’un nouveau Pape : Habemus Papa… Dira, d’ici la Pâques, le porte-parole de l’Etat du Vatican. Alors à qui le tour ?
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