Ajournée plusieurs fois, la sortie médiatique tant attendue du Procureur de la République, Justin Gbènamèto, s’est enfin tenue hier.
A la place d’une conférence de presse, il a simplement lu un communiqué très concis qui est loin de combler les attentes et qui relance les multiples interrogations sur le dossier. C’était la sortie médiatique la plus attendue depuis que cette affaire d’un prétendu coup d’Etat qui a fait long feu, a ébranlé la république. A la quête de l’information officielle dans un dossier où la rumeur s’est taillée dès les premiers jours la part du lion, journalistes et même des curieux, ont guetté cette sortie du procureur. Tous s’attendaient à avoir plus d’éléments sur une affaire qui continue de susciter interrogation et stupeur. Mais hier, Justin Gbènamèto a été trop «prudent». Il n’a donné aucune précision sur cette affaire mystérieuse. Rien sur le scénario, les auteurs, le déroulement, les conditions d’arrestation des auteurs, les niveaux de complicité. Le procureur a simplement choisi de tenir la langue de bois. Seule l’intention des auteurs d’instituer après ce coup un régime militaire au Bénin, paraît un nouvel élément.
Le procureur lui-même a parlé comme un journaliste, affirmant avoir été informé par la gendarmerie de la date du coup d’Etat; et il annonce prudemment: «selon les premières informations que j’ai reçues…». Il n’a pas parlé comme s’il était vraiment, en tant que procureur, au cœur du dossier. Le procureur a certainement tiré leçon des nombreux couacs et insuffisances décelés dans sa dernière sortie médiatique sur le dossier de l’empoisonnement.
On se rappelle très bien que le scénario tel que le commissaire central, Louis Philippe Houndégnon, et lui, ont décrit, était truffé de contradictions et d’insuffisances que la défense a utilisées à merveille pour attaquer la nullité du dossier. Yayi, irrité par cette sortie médiatique mal ficelée et de l’issue incertaine de ce dossier, aurait, entre temps, sermonné le commissaire central Houndégnon et le Procureur Gbènamèto pour s’être mal pris dans cette affaire.
Le procureur a semblé tirer leçon de l’erreur de la dernière fois et surtout, pour éviter une fois encore l’ire du Chef de l’Etat. Raison pour laquelle, il ne s’est pas hasardé à entrer dans les détails et à donner des précisions. Il a pris tout son temps pour préparer cette sortie devant la presse, maintes fois ajournée, pour finalement lire un simple communiqué d’à peine deux minutes. Le ton y est mesuré, aucune extravagance ou aucun détail ne s’y sont glissés. Sauf l’utilisation terme «tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat» dénoncée par l’avocat de la défense, Me Sévérin Quenum, à la place du premier chef d’accusation présenté dans d’autres documents du même dossier, qui parlent d’«attentat à la sûreté d’Etat». Ainsi, Gbènamèto a pu sauver sa tête dans cette sortie médiatique, même s’il laisse maints béninois sur leurs faims. Contexte oblige.
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